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Hausses de salaires pour profs: la CAQ renonce

Mélanie Marquis - La Presse Canadienne

MIRABEL, Qc – La Coalition avenir Québec (CAQ) abandonne deux des promesses formulées lors de la dernière campagne: le salaire des enseignants ne sera pas majoré — mais ceux-ci devront malgré tout être évalués —, et «l’idéal de l’école de 9 à 5» est désormais écarté.

La hausse des salaires des profs du primaire et du secondaire et l’idée de permettre aux écoles d’instaurer un horaire de 9 heures à 17 heures étaient deux des pièces maîtresses de la formation politique à l’époque où l’éducation était identifiée comme la priorité des priorités.

«Malheureusement, dans les quatre prochaines années, on n’a pas de marge de manoeuvre pour augmenter les salaires des enseignants», a laissé tomber M. Legault en point de presse lorsque le sujet a été amené sur le tapis par un journaliste.

«Je voudrais le faire, là, mais on n’a pas cette marge de manoeuvre-là. Il faut se dire la vérité: avec le déficit que nous laisse le Parti québécois, deux milliards et demi, on n’a plus cette marge de manoeuvre», a-t-il poursuivi.

Dans sa plateforme électorale de 2012, la CAQ s’engageait à augmenter «la rémunération moyenne des enseignants et des directeurs d’école du primaire et du secondaire».

«Chaque enseignant verra son salaire augmenter de façon significative, mais les augmentations varieront en fonction de certains paramètres, incluant le profil socioéconomique de l’école, le nombre d’années de scolarité de l’enseignant, son implication dans les activités parascolaires et s’il fait du mentorat auprès d’enseignants plus jeunes», peut-on lire dans le programme électoral élaboré en prévision du dernier scrutin.

L’engagement ne tient donc plus, du moins pas dans un éventuel premier mandat caquiste; par contre, il est toujours dans les plans de contraindre les profs à se soumettre à des évaluations. Les enseignants seraient cependant évalués une fois par année au lieu de deux comme le souhaitait la CAQ en 2012.

François Legault ne croit pas que l’absence de ce qui aurait représenté une certaine forme de prime au rendement puisse amener les enseignants du primaire et du secondaire à se braquer contre l’instauration des évaluations obligatoires.

«Je suis convaincu que tous les enseignants au Québec souhaitent être les meilleurs (…) donc que des gens qui ont un peu plus d’expérience les évaluent, leur donnent des pistes où ils peuvent s’améliorer, je pense qu’ils peuvent juste être d’accord avec ça», a-t-il avancé.

L’autre engagement qui est passé à la trappe est celui de «tendre vers un idéal, celui de l’école du 9 à 5».

En entrevue avec la Presse Canadienne, mercredi, au jour un de la campagne, François Legault a expliqué que le gouvernement n’en avait tout simplement plus les moyens en raison de la précarité des finances publiques.

L’abandon de ces deux mesures ne signifie en aucun cas que la formation politique relègue l’éducation à un échelon inférieur de ses listes de priorité, a assuré le chef.

«C’est encore la priorité, a-t-il déclaré. Et je dirais que la priorité des priorités, à l’intérieur de l’éducation, c’est la lutte au décrochage.»

La CAQ maintient cependant ce qu’elle avait préconisé en 2012, soit que les enseignants devraient s’engager à passer de trois à cinq ans au sein du même établissement scolaire en signant un contrat, et ce, afin d’«assurer une continuité».

«On ne touche pas du tout, du tout, du tout à la sécurité d’emploi. Ce qu’on dit, c’est que pour les enfants, pour le bien des enfants (…) quand un enseignant choisit une école, est-ce qu’il pourrait s’engager à rester à cette école-là pour trois ans?»

La suggestion risque de faire ruer dans les brancards du côté des syndicats de l’enseignement, tout comme celle concernant l’ancienneté que François Legault a formulée samedi.

«L’ancienneté va être à la grandeur du Québec. Donc, ça va être une amélioration pour les enseignants, qui vont pouvoir passer d’une région à l’autre tout en gardant leur ancienneté», a-t-il exposé.

L’ancienneté est actuellement cumulée par commission scolaire et non à l’échelle de la province.

Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, s’est dit «surpris» de voir son adversaire reculer et opter pour un gel salarial. «Il va falloir qu’il explique aux enseignants et aux enseignantes», a-t-il dit en point de presse à Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie.

«Je me souviens que sa position là-dessus était totalement différente il y a quelque temps, mais M. Legault aime bien être sur la clôture; c’est sa position traditionnelle. Ça pique des fois quand on est assis sur une clôture», a raillé M. Couillard.

Le rythme s’accélère

Après trois journées peu chargées, la caravane caquiste semble avoir appuyé sur l’accélérateur. À l’issue d’un point de presse qui s’est tenu tôt en matinée, samedi, à Montréal, le chef est monté à bord de son autocar et sillonné quatre circonscriptions situées dans la couronne nord de Montréal.

Accompagné d’environ une douzaine de candidates et députées sortantes, dans le cadre de la Journée internationale de la femme, il a pris un bain de foule dans un restaurant de la circonscription de Joliette, puis fait un arrêt dans le vignoble de sa candidate de la circonscription de Mirabel, Sylvie D’Amours.

Il a ensuite pris part à un souper de l’âge d’or dans la circonscription de Repentigny, où il a eu droit à des applaudissements polis et a ensuite pris un autre bain de foule dans la circonscription qu’il représente, L’Assomption.

Pour cette dernière activité, il devait être accompagné par les journalistes qui suivent sa campagne, mais selon l’organisation, les conditions routières étaient trop périlleuses pour que les autocars ne s’y aventurent.

Il s’agira pour lui d’une première visite depuis le déclenchement de la campagne électorale, mercredi.

La lutte avait été extrêmement serrée dans L’Assomption en 2012. François Legault l’avait emporté à l’arraché par une majorité d’un peu plus de 1000 voix devant la péquiste Lizabel Nitoi.

Elle risque de l’être encore plus cette année, puisque son adversaire est une figure politique bien connue: l’ancien leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, se présente sous la bannière du Parti québécois.

François Legault se dit toutefois confiant que les électeurs lui confieront un second mandat le 7 avril.

«Je pense que cette fois, le choix est très clair entre un homme d’affaires et un homme issu du mouvement syndical, Pierre Paquette. C’est clair.»

M. Paquette a été président du Conseil central de Montréal de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) entre 1986 et 1990 avant d’être élu secrétaire général de 1990 à 1998.

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