Peu de temps après le dépôt du premier budget Leitao, les opinions divergent. Certains se réjouissent. D’autres se désolent ou s’inquiètent. Toutefois, personne ne peut nier que ce n’est ni la créativité, ni l’audace qui a animé le gouvernement dans cet exercice.
Au-delà des chiffres, un budget est l’occasion pour les gouvernements d’illustrer la philosophie qui les anime. Dans cette perspective, on peut dire que les mesures présentées mercredi pavent la voie à une gouvernance traditionnelle. Que ce soit pour augmenter ses revenus, pour développer l’économie ou pour assainir les finances publiques, on constate que les options choisies sont plutôt habituelles.
Taxation de l’alcool et des cigarettes, investissements dans les ressources naturelles, objectif de réduction des dépenses – outre la revue systématique des programmes, déjà inscrite dans le dernier budget de Nicolas Marceau, aucune nouvelle approche ne nous permet d’espérer que le Québec se positionne comme un modèle de relance.
Tous s’entendent pour dire que les finances publiques du Québec sont aux prises avec un déficit structurel. Cela signifie que le solde négatif ou le déficit n’est pas dû à la conjoncture économique ambiante, mais bien à la structure de l’organisation de l’État et, disons-le, de notre démographie. On peut voir cette situation comme une condamnation à la décroissance ou comme une occasion de se réinventer.
À l’époque de la Révolution tranquille, le Québec a fait preuve d’audace et d’innovation pour se doter d’une vision et d’un plan d’action répondant à la réalité et aux besoins de l’époque. Le Québec est aujourd’hui à une nouvelle croisée des chemins. Le contexte impose que nous nous inspirions des bâtisseurs du Québec moderne pour adapter le modèle québécois au XXIe siècle.
On doit déterminer les nouveaux créneaux économiques porteurs pour bâtir une économie du savoir et du savoir-faire. Il est crucial d’assurer la responsabilisation et l’imputabilité des acteurs des réseaux et de la fonction publique en leur donnant des objectifs à atteindre et une marge de manœuvre pour le faire. On doit se mettre au défi de retrouver notre culture d’innovation collective. Faire moins avec moins ne peut être la motivation qui nous habite.
Il faut stimuler la créativité des tous, éviter le mur à mur et s’assurer de se décloisonner pour maximiser les contributions. Il est vrai que nous avions été prévenus, le premier budget du nouveau gouvernement se veut un budget de transition. Mais le temps presse, l’audace doit à nouveau être au rendez-vous pour que nous réinventions nos façons de faire tout en respectant les valeurs qui nous ont animés dans le passé.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.