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Les trois évadés d'Orsainville ont été capturés

Rédaction - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Les trois évadés du Centre de détention de Québec ont été capturés dans la nuit de samedi à dimanche à Montréal.

Les trois hommes, qui s’étaient enfuis en hélicoptère le 7 juin, ont été arrêtés vers 1 h 30 dans un édifice d’appartements en copropriété du Vieux-Montréal par les enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ), appuyés par le Groupe tactique d’intervention.

Des fouilles ont été menées dans l’immeuble, à l’aide notamment d’un maître-chien.

La SQ a donné peu de précisions sur l’opération, se contentant d’indiquer que d’autres arrestations pourraient survenir, possiblement des complices des trois individus.

Yves Denis, 35 ans, Denis Lefebvre, 53 ans, et Serge Pomerleau, 49 ans, comparaîtront lundi au palais de justice de Québec. On ignore s’ils étaient armés au moment de leur arrestation.

Les trois hommes étaient détenus depuis l’opération Écrevisse en 2010, qui avait démantelé un réseau de trafiquants de drogue. Ils étaient notamment en attente de procès relativement à des meurtres.

Après leur évasion, un mandat de recherche avait été émis autant au Canada qu’à l’international.

Maintenant que les trois fugitifs ont été capturés, les autorités ne les lâcheront plus d’une semelle, selon le réputé criminaliste Jean-Pierre Rancourt.

En entrevue à La Presse Canadienne, Me Rancourt a détaillé les mesures de surveillance dont ils feront sans doute l’objet à l’avenir.

«Ils vont avoir les menottes et les chaînes aux pieds dans tous leurs déplacements. […] Ça va être une sécurité de tous les instants. C’est évident. Les seules interactions qu’ils vont avoir, ça va être avec leur famille — ça ne sera pas des visites avec contacts mais bien avec les vitres devant eux — et avec leurs avocats», a-t-il expliqué.

Le président de l’Office des droits des détenu(e)s, le criminologue Jean-Claude Bernheim, ne s’inquiète guère du sort qui leur sera réservé derrière les barreaux.

«Ils feront l’objet d’un regard permanent et ça va durer probablement encore un bon bout de temps donc, pour eux, il n’y a aucune crainte. Ils ne pourront pas arriver les yeux tuméfiés et les côtes cassées. Puis, s’ils sont condamnés, ils vont retomber dans un certain anonymat», a-t-il avancé.

Pour l’instant, Yves Denis, Denis Lefebvre et Serge Pomerleau sont appelés à reprendre le chemin du Centre de détention de Québec, selon la ministre provinciale de la Sécurité publique, Lise Thériault.

Elle n’a pas voulu se prononcer sur les mesures qui devront être appliquées au sein de cet établissement pour assurer la surveillance des trois individus, en précisant que ce sera du ressort des autorités carcérales de les déterminer.

Mme Thériault n’a pas caché son soulagement après l’arrestation des trois fugitifs.

La ministre avait rapidement hérité de ce dossier chaud après son assermentation, le 23 avril. Elle a mentionné qu’elle n’avait pas été prise au dépourvu par cette histoire car elle s’attendait à en voir de toutes les couleurs lorsqu’elle est arrivée en poste.

«Le ministère de la Sécurité publique n’a jamais été très tranquille. Il y a des évasions. Si vous regardez tout ce qui s’est passé aussi avec Lac-Mégantic et L’Isle-Verte, c’est un ministère qui est névralgique. Il faut s’attendre à ce que le téléphone sonne au beau milieu de la nuit. Il faut s’attendre à ce que ce soit un ministère qui ne sera pas de tout repos, mais c’est correct», a-t-elle affirmé à La Presse Canadienne.

Malgré la pression à laquelle elle a été soumise depuis la spectaculaire évasion, la ministre a soutenu qu’elle n’avait jamais envisagé de quitter son poste comme le réclamait à grands cris l’opposition officielle à l’Assemblée nationale.

Elle a estimé ne pas avoir perdu trop de plumes durant cet épisode tumultueux. Mme Thériault, qui est également vice-première ministre du Québec, juge s’en être bien sortie.

Elle a enchaîné en insistant sur le fait que «dans ce cas, il y a plein de choses qui n’étaient pas sous [son] contrôle et que c’était correct ainsi».

«Les trois fugitifs ont été arrêtés [et] c’était la priorité numéro un», a-t-elle martelé.

Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique, le péquiste Pascal Bérubé, a tenu à saluer le travail des policiers.

«Il faut offrir nos félicitations à la Sûreté du Québec. On a empêché une potentielle fuite du Québec», a-t-il lancé.

Interviewé par La Presse Canadienne, le député de la circonscription de Matane-Matapédia a ajouté que «l’arrestation a eu lieu dans un secteur densément peuplé et qu’il y avait certainement un facteur de risque».

«Pour la SQ, c’est [donc une] opération réussie», a-t-il jugé.

De manière générale, le caquiste Marc Picard, qui représente la circonscription des Chutes-de-la-Chaudière à l’Assemblée nationale, a abondé dans le sens de son adversaire.

«La plupart des gens pensaient qu’ils étaient rendus à l’extérieur du pays. Ce n’est pas évident de trouver ces personnes-là. Moi, je salue le travail des enquêteurs», a-t-il souligné.

Il a admis qu’il ignorait comment les «policiers avaient fait pour les retrouver». Par la suite, il a émis une hypothèse. «Ils avaient peut-être une piste depuis le début», a-t-il dit.

Le porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de sécurité publique a poursuivi en apportant un petit bémol à son commentaire élogieux initial.

«C’est certain que si ça avait été au bout d’une semaine, ça aurait été mieux». Puis, il s’est empressé de préciser qu’il était tout de même «satisfait».

Le gouvernement du Québec a créé une commission d’enquête administrative pour déterminer les circonstances entourant cette triple évasion.

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