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Deux coroners recommandent un cours de natation

Pierre Saint-Arnaud - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Deux coroners tentent de sortir le ministère de l’Éducation de sa torpeur face à l’instauration d’un cours de natation de survie à l’école primaire.

Le bureau du coroner du Québec a présenté lundi de façon conjointe les rapports des coroners Luc Malouin et Frédéric Boily sur les décès par noyade de trois jeunes, et ils en viennent tous deux à la même conclusion: le ministère de l’Éducation devrait intégrer la formation «Nager pour survivre», de la Société de sauvetage, au deuxième cycle du primaire, possiblement en troisième année.

Cette formation, qui ne nécessite que deux ou trois sessions, donne aux enfants trois habiletés de base leur permettant de réagir s’ils se retrouvent à l’eau accidentellement — soit d’entrer en eau profonde par roulade, nager sur place durant une minute, et se déplacer en eau profonde sur 50 mètres.

«Dans le fond, c’est d’apprendre à nos jeunes comment réagir quand tu tombes dans l’eau et, après ça, d’être capable de nager 50 pieds (15 mètres) pour te ramener sur le bord», explique le coroner Malouin. «Juste de savoir ça, on vient de sauver je ne sais combien de noyades… c’est incroyable.»

Le coroner rappelle qu’en l’absence d’une formation minimale, les enfants sont laissés à eux-mêmes sur les plans d’eau.

«Les enfants qui tombent à l’eau et qui se noient ne savent pas comment réagir. On n’apprend pas tout seul à nager. On apprend quand on est formé. Et ça, c’est la base; savoir réagir quand on tombe à l’eau.»

Le ministère de l’Éducation et la Société de sauvetage ont procédé dès 2010 à des expériences pilotes en ce sens avec des résultats probants; près de 80 pour cent des enfants avaient réussi à atteindre la norme, d’où l’impatience des coroners.

«Les projets pilotes ont été faits, c’est rendu au ministère (de l’Éducation) et là, on attend après le ministère», peste Me Malouin. «Je comprends que ça puisse prendre un certain temps. Mais les projets pilotes sont faits. Les résultats sont là. Il n’y a plus de raison d’attendre.»

Il s’agit de la cinquième fois qu’un coroner fait une recommandation similaire depuis 2007.

Selon la Société de sauvetage, la grande majorité des noyades ont lieu à moins de 15 mètres du bord de l’eau, d’une embarcation ou d’un quai, et, la plupart du temps, les victimes tombent à l’eau accidentellement et paniquent avant de sombrer.

Le coroner Luc Malouin s’était penché sur la noyade d’Andrew Selby, âgé de 16 ans, à la jonction des rivières Rouge et Nominingue, dans la municipalité de Rivière-Rouge, dans les Hautes-Laurentides.

Son collègue Frédéric Boily, lui, a enquêté sur la double noyade des frères Louis Villeneuve et Mathieu Villeneuve-Cantin, âgés de cinq et huit ans, le 22 juillet 2011 dans la rivière Ashuapmushuan à Normandin, au Lac-Saint-Jean.

Dans les trois cas, les noyades sont survenues lorsque les jeunes marchaient en eau peu profonde, près du bord, et qu’ils ont perdu pied lorsqu’ils sont arrivés sans le savoir dans une section beaucoup plus profonde. Dans le cas des deux frères, le père, qui les accompagnait, avait aussi perdu pied et avait également failli se noyer.

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