National

Les directeurs d’école craignent eux aussi pour leur régime de retraite

Les directions d’école anticipent elles aussi des coupes sévères dans leur régime de retraite et souhaitent dissuader le gouvernement d’agir de la sorte. Une situation qui choque les professeurs.

La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), qui représente un peu plus de 2000 directeurs d’école, a en effet mandaté en septembre dernier le lobbyiste Alain Lemieux pour faire des représentations auprès du gouvernement, notamment «pour ne pas affecter [leurs] acquis financiers et sociaux (…) quant à l’amélioration des conditions d’emploi ainsi que l’administration des régimes de retraite».

En effet, autant les professeurs, par l’intermédiaire de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), que la FQDE reconnaissent qu’un adage dans le milieu de l’éducation veut que «ce que le gouvernement impose ou accorde aux enseignants au cours de la négociation de leur convention collective, les directions d’écoles l’auront également».

Or, dans l’offre patronale remise aux employés de l’État en décembre dernier, que la FAE a vertement dénoncée, le gouvernement a notamment proposé de faire passer l’âge de la retraite de 60 à 62 ans et de faire passer la pénalité actuarielle de 4% à 7,2%.

«Ça pourrait même être pire, mais on aura certainement pas mieux que les enseignants, a reconnu à Métro Lorraine Normand-Charbonneau, présidente de la FQDE. Notre régime de retraite est en déficit, puisque nous n’avons pas beaucoup de cotisants», ajoute-t-elle.

Elle croit que d’ici 2016 ses membres pourraient devoir composer avec ces coupes. Dans le dernier mois et demi, ajoute-t-elle, les représentants de tous les regroupements qui font partie de la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurance (CARRA) – l’organisme qui administre le régime de retraite des directions d’école – ont rencontré les représentants du Conseil du trésor pour leur faire part de leurs inquiétudes.

Les directions d’école ne sont pas soumises à la loi sur le régime de négociation des conventions collectives dans le secteur public. Leurs conditions salariales sont plutôt dictées par un règlement. «Et nous, on ne le négocie même pas. On peut donner notre opinion au ministre, mais c’est tout», s’inquiète Mme Normand-Charbonneau.

La présidente espère plutôt trouver une solution avec Québec pour mettre fin au déficit de leur régime de retraite. Les directeurs d’école retraités, soit près de 5000 au sein de la FQDE, craignent d’ailleurs de perdre éventuellement leurs acquis, soutient Mme Normand-Charbonneau.

Mais le président de la FAE, Sylvain Mallette, se dit «choqué» à la vue du mandat donné par la FQDE au lobbyiste.

«Les directions d’école ont non seulement été consultées, mais ont également proposé un certain nombre de mesures qu’on retrouve dans ce dépôt qui a pour effet d’alourdir notre tâche, de modifier nos conditions de travail. Mais de l’autre côté, ils mandatent un lobbyiste pour défendre notamment leur régime de retraite. C’est «fait ce que je dis, pas ce que je fais»», s’est indigné M. Mallette.

Il rappelle notamment que le ministre de l’Éducation, François Blais, a soutenu que la proposition d’augmenter le nombre d’élèves par classe a été faite notamment par les directions d’école et les gestionnaires des commissions scolaires.

La FQDE nie toutefois ces allégations. La présidente soutient que lors des consultations, les directeurs d’école ont plutôt demandé davantage de flexibilité dans l’organisation de l’horaire des professeurs pour leur permettre d’accorder plus de temps aux élèves. Elle dit avoir dénoncé l’augmentation du nombre d’élèves par classe.

«C’est vrai que Québec nous a consultés, mais nous n’avons jamais dit qu’il fallait augmenter le nombre d’élèves par classe. Si on augmente le nombre d’élèves par classe et que le professeur a plus de difficulté avec les élèves, c’est les directions d’école qui auront à régler le problème», soulève Mme Normand-Charbonneau.

Mandat au lobbyiste
La FAE déplore également que la FQDE fasse ses représentations «à visage couvert» en embauchant un lobbyiste.

Selon la présidente de la FQDE, son organisme n’a eu d’autre choix que d’embaucher le lobbyiste puisqu’il était impossible pour eux de rencontrer l’ancien ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, à la suite de son élection.

«On avait fait une demande pour rencontrer le ministre pour lui dire ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas dans le milieu. Au mois de septembre, nous n’avions pas reçu de réponse. C’est malheureux, pour la principale organisation de directions d’école, d’être obligé d’avoir quelqu’un pour s’assurer que son message se rende au ministre», remarque Mme Normand-Charbonneau.

Elle estime que si les syndicats d’enseignants ont eu réussi à rencontrer le ministre, c’est en raison d’un nombre plus important de membres qui leur donne plus de poids.

Par ce mandat accordé au lobbyiste, la FQDE souhaitait également dissuader le gouvernement d’éliminer le brevet d’enseignement obligatoire actuellement pour devenir directeur d’école. Une rumeur qui persiste depuis de nombreuses années, soutient la présidente.

La FQDE souhaite également sensibiliser Québec aux conditions salariales défavorables aux directeurs d’école. Elle rappelle que, contrairement aux professeurs, les directions d’école n’ont jamais obtenu l’équité salariale. «Il y a des enseignants qui font 13 000$ de plus qu’un directeur débutant», déplore Mme Normand-Charbonneau, qui estime que cette situation peut expliquer que peu d’enseignants souhaitent devenir directeurs d’école, actuellement.

Mais lorsqu’elle a finalement pu rencontrer le ministre Bolduc au mois d’octobre, soit un mois après l’embauche du lobbyiste, les discussions ont plutôt porté sur les changements que Québec envisageait de faire à la structure du système d’éducation, à l’approche des élections scolaires du mois de novembre.

La FQDE tente actuellement de rencontrer le nouveau ministre de l’Éducation, François Blais.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version