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Austérité: la grogne gagne le milieu communautaire

Rédaction - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Ce sera bientôt au tour du milieu communautaire de laisser sortir son trop-plein de frustration à l’égard du gouvernement provincial.

Les travailleurs de plus de 1200 organismes d’un peu partout dans la province participeront, en effet, à une vaste mobilisation lundi et mardi.

Pendant ces deux journées, ils se promettent de garder leurs portes closes, d’interrompre leurs activités régulières ou encore de débrayer.

Ce mouvement sera orchestré par les responsables de deux campagnes qui ont été baptisées «Je tiens à ma communauté, je soutiens le communautaire» et «Les droits, ça se défend».

Hugo Valiquette est l’un des porte-parole de la première de ces offensives de sensibilisation alors que Caroline Toupin joue le même rôle pour la seconde.

Ils s’accordent pour dire que lorsque Québec impose des mesures d’austérité, la tranche la plus pauvre de la société ne tarde généralement pas à s’en ressentir.

«Lorsqu’on coupe dans les services publics et dans les programmes […], c’est certain que c’est la population la plus démunie qui en souffre», souligne Mme Toupin.

M. Valiquette précise que cette clientèle cherche alors tout naturellement àse raccrocher à des bouées de sauvetage.

«Quand on diminue, par exemple, les chèques d’aide sociale pour certaines personnes, elles ont évidemment moins de revenus. Leurs besoins de base sont plus difficiles à combler. On verra donc de plus en plus de gens qui vont se tourner vers les groupes de lutte contre la pauvreté», observe-t-il.

Hugo Valiquette ajoute que cette situation menace l’équilibre précaire de nombreux organismes communautaires.

«Nous avons déjà de la misère à arriver par manque de financement. Le flot de nouvelles personnes qui débarquent, ça commence à vraiment nous ébranler», remarque-t-il.

Dans ce contexte, la rétention de la main-d’oeuvre devient rapidement un casse-tête.

«On n’a pas l’argent nécessaire pour offrir des salaires décents […]. Les gens viennent dans le milieu communautaire souvent parce que ça correspond à leurs valeurs mais, à un moment donné, il faut aussi qu’ils paient leurs comptes. [Par conséquent], il y a beaucoup, beaucoup de personnes qui vont finir par chercher un emploi qui est mieux rémunéré», déplore M. Valiquette.

Selon Caroline Toupin, ce personnel part souvent en quête d’un environnement professionnel où l’atmosphère est moins lourde car les «sentiments dominants présentement dans le milieu communautaire sont la colère et l’inquiétude».

Avec les départs à la chaîne des employés, le filet social finit par s’étioler, selon Hugo Valiquette.

«Pour des travailleurs de rue, ça peut prendre facilement une année et même plus pour créer un réseau et pour que les gens aient confiance. Quand les intervenants à bout de souffle finissent par s’en aller, tout est à recommencer», dénonce-t-il.

Malgré les grands défis auxquels le milieu communautaire est confronté, Mme Toupin parvient à faire preuve d’optimisme lorsqu’elle songe au mouvement de contestation qui se mettra en branle à partir de lundi.

«Avec une mobilisation comme celle qu’on s’apprête à vivre, l’impuissance fera place à la reprise du pouvoir collectif», conclut-elle.

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