Premier d’une série de trois textes sur la COP21 de Paris que nous rédigerons, Catherine Éthier et moi.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé que près de 7 millions de personnes sont décédées prématurément en 2012 à la suite d’une exposition prolongée à la pollution de l’air. Un rapport de l’ONU nous dit que les catastrophes climatiques (inondations, sécheresses) auraient tué plus de 600 000 personnes en 20 ans. Et, toujours selon les Nations unies, les bouleversements climatiques menaceraient 700 millions d’enfants. Ce ne sont pas des fatalités, mais bien des crimes climatiques assumés par nos politiques.
Le terrorisme tue; la pollution, encore plus. Les dirigeants vont-ils déclarer l’état d’urgence? Vont-ils attendre que Gaïa se convertisse à l’islam? Le genre de phrase qui agit comme du Viagra sur mononcle Richard Martineau. Pourquoi ne sommes-nous pas aussi radicaux envers la pollution que nous le sommes envers le terrorisme? Et si, pour le fun, on appliquait la rhétorique guerrière des mâles alphas bandés du gun à la lutte contre la pollution? Paraphrasons Philippe Couillard au lendemain du carnage à Paris: «Le Canada doit s’engager militairement contre les barbares qui polluent.» Faque, on bombarde qui avec nos CF-18? Hein, Phil? La coalition les pointe vers où, ses gros missiles, pour abattre les terroristes écologiques? Les États-Unis sont un des plus gros pollueurs du monde. Alors, attaquons le fief des décisions: bombardons la Maison-Blanche! La croissance de la production des sables bitumineux albertains est responsable de 73% de la hausse des émissions canadiennes de gaz à effet de serre depuis 1990. Bombardons l’Alberta! C’est peut-être pas mon idée la plus populaire.
Dans un futur immédiat, les ressources d’eau potable risquent aussi d’être réduites, et des populations entières seront forcées de migrer. Et dire que certains s’inquiètent de l’arrivée de 25 000 Syriens. Que ferons-nous quand des millions de réfugiés climatiques devront être accueillis? Aucune barrière ne pourra les contenir. En plus, ce sont eux qui fabriquent nos souliers de course. Ils vont être équipés pour sauter les frontières sur un esti d’temps. L’envoyé spécial du président François Hollande pour le climat, Nicolas Hulot, le dit: «Il faut comprendre que la question du réchauffement climatique n’est pas uniquement un problème environnemental: elle est très directement associée aux questions de la sécurité internationale et du terrorisme. Quand des millions d’habitants doivent fuir leurs terres, cela aggrave les inégalités et les exclusions dans les pays où le terrorisme fait son miel.» Pas certain que je mangerais du miel du groupe armé État islamique, mais bon, il le dit quand même.
C’est lundi que commencera à Paris la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. Après le tragique carnage du 13 novembre, souhaitons que nos dirigeants ne sévissent pas eux aussi. Par leurs timides décisions environnementales, ils cautionnent tous ces doux attentats écologiques au quotidien. N’oublions pas une chose: les grosses balles à dame Nature sont plus meurtrières que celles d’une kalachnikov.