Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), qui a pour mission de défendre les droits des personnes en situation de handicap, a interpellé la compagnie Uber jeudi et lui demande d’assurer l’accessibilité de ses voitures.
Linda Gauthier, présidente du RAPLIQ, déplore que les voitures Uber, qui offre des services de covoiturage par l’intermédiaire d’une application pour téléphone intelligent, ne soient pas équipées du matériel adéquat pour transporter des personnes en chaise roulante, puisque la plupart des chauffeurs Uber sont des particuliers qui conduisent leur voiture personnelle. Elle ajoute que ces particuliers, appelés «partenaires-chauffeurs» par Uber, n’ont pas non plus la formation nécessaire pour transporter des personnes à mobilité réduite.
La présidente affirme que cette sortie de son organisme est faite dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées, qui a lieu jeudi, et «parce que Uber est beaucoup sur la sellette ces temps-ci».
«On est des personnes à part entière. Quand on reçoit nos comptes, on paie les mêmes factures que vous, on paie autant d’impôt. On a les mêmes droits. Mais en matière de services, nous sommes discriminés», dit Mme Gauthier.
«Je suis pour le libre marché, mais un libre marché dans lequel nos droits sont protégés» –Laurent Morissette, vice-président responsable du dossier transport volet transport collectif du RAPLIQ
La présidente du RAPLIQ souhaite qu’Uber «se structure», en d’autres mots que la compagnie respecte toutes les normes – permis, formation, assurances – que les taxis «traditionnels» doivent respecter selon la loi. Elle espère également qu’au moins 25% de leur flotte de taxis soient équipée de matériel adéquat pour transporter des personnes à mobilité réduite, comme notamment une rampe d’accès.
«Un handicap, ça peut nous arriver n’importe quand. Avant d’être en chaise roulante, j’ai eu une vie active. Il y a des endroits où j’allais, mais où maintenant je ne peux plus aller. Des services que j’utilisais, mais auxquels je n’ai plus accès. On veut être capable de faire exactement la même chose que vous», a-t-elle expliqué en conférence de presse.
Linda Gauthier ajoute que si la compagnie Uber ne modifie pas ses services et ne lui transmet pas un engagement écrit à cet effet, elle n’hésitera pas à «déposer ses doléances devant la Commission des droits de la personne».
La présidente a reçu un appel des représentants d’Uber, peu avant sa conférence de presse jeudi matin. Ils ont convenu de se rencontrer d’ici la fin de l’année 2015.
Uber confirme qu’à l’heure actuelle, à Montréal, il n’est pas possible de commander une voiture adaptée pour des personnes à mobilité réduite par l’intermédiaire de l’application Uber. Il y a des voitures adaptées qui font partie de leur flotte dans l’application UberXL, mais il n’est pas assuré qu’on puisse en obtenir une au moment de notre commande.
Les dirigeants de la compagnie Uber à Montréal disent toutefois avoir le désir d’offrir éventuellement un service adapté et personnalisé aux personnes à mobilité réduite.
«On est conscient que les personnes à mobilité réduite ont besoin de plus d’options dans leur transport, ils sont très limités, en ce moment, fait valoir Jean-Nicolas Guillemette, directeur général d’Uber pour le Québec. Ça démontre le besoin d’avoir des options comme Uber. Ça nous donne le «push» auprès du gouvernement et on va travailler pour offrir ce service.»
Uber a lancé il y a quelques mois, à Toronto, le service UberACCESS, qui permet aux personnes en situation de handicap de commander via l’application une voiture adaptée à leurs besoins et d’obtenir un transport personnalisé et privé. Les voitures sont disponibles dans un délai identique et au même prix que pour toutes les autres voitures de Uber.
Les dirigeants de la compagnie à Montréal veulent offrir éventuellement ce service dans la métropole, mais il n’est pas possible actuellement de dire à quel moment il sera disponible. Jean-Nicolas Guillemette affirme qu’ils doivent d’abord «faire leur devoir» et comprendre comment bien offrir le service. M. Guillemette fait valoir qu’ils doivent comprendre au préalable comment adapter leur technologie, quel type de formation offrir au chauffeur, comment offrir une disponibilité des chauffeurs.
«Le but n’est pas de le lancer le plus vite possible, mais de la bonne manière», illustre le directeur général qui souhaite rencontrer les associations pour en discuter.
Le transport adapté à Montréal
Le règlement provincial sur les services de transport par taxi stipule que les compagnies de taxi ayant au moins 20 propriétaires d’un permis de taxi doivent avoir au moins un véhicule adapté au transport des personnes à mobilité réduite dans leur flotte de taxis.
À Montréal, c’est principalement la Société de transport de Montréal (STM) qui offre le transport adapté aux personnes en situation de handicap. Près de 90% de leurs services sont offerts par des chauffeurs de taxi qui ont un contrat avec la STM.
Le transport doit par contre se faire à des heures fixes, être commandé à l’avance et les chauffeurs vont chercher plusieurs personnes dans le même trajet (moyennant un prix fixe). Les transports «imprévus» et rapides ne sont donc pas possibles avec ce service de transport adapté.
Selon le Bureau du taxi, un comité se penche actuellement sur l’élaboration de recommandations pour rendre le transport adapté à Montréal plus privé, plus rapide et d’offrir une plus grande offre de voitures.