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David Bowie et mes amis

David Bowie est mort et j’ai le cœur en miettes. J’ai été tiré du lit à 3 h 36 du matin par ma chum Mylène de la radio, qui voulait recueillir mes commentaires pour son prochain bulletin de nouvelles. Bang! La dernière fois que j’avais été réveillé par un pareil coup de masse, c’était pour apprendre le décès de John Lennon. J’avais 19 ans. Mon rêve de voir un jour les Beatles réunis venait de se transformer en cauchemar. Après, pour combler le vide, je m’étais jeté sur The Police, The Clash, Costello et quelques autres énergiques new-wavers du moment. Et, bien entendu, sur David Bowie. Parce qu’on ne choisissait pas Bowie. Il était là, au-dessus de tout.

Plus ou moins 35 ans plus tard, les souvenirs me rattrapent et les images s’entrechoquent dans ma tête. Avec mes chums Sauvé et Brossard, les amies de fille Caroline, Monique et France, on se tenait au 5116, sur l’avenue du Parc, au coin de Laurier. On avait l’habitude d’y arriver beaucoup trop tôt et, plus d’une fois, on a été pris pour aider le staff du bar à descendre les chaises des tables. Chaque soir, le DJ – que j’avais surnommé par jalousie Beau Bonhomme – commençait sa soirée avec Young Americans. La batterie nous fessait dans le plexus, les cuivres nous pétaient les tympans et, go, sur la piste de danse, on partait pour une nouvelle aventure nocturne. L’expédition durait quelques heures et se terminait invariablement avec Space Oddity. Entre Bowie et Bowie, un bout de notre vie s’était débobiné trop vite.

Un autre flash me revient : le film Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… Vraisemblablement vu en compagnie de la même gang de chums. Avec la chanson Heroes qui, depuis – incapable de l’expliquer – ne m’a plus jamais quitté. «We can be heroes, just for one day…» qu’il chantait. Un défi tout aussi stimulant qu’angoissant pour le jeune homme que j’étais. Encore aujourd’hui, j’ignore si cette chanson célébrait la vie ou narguait la mort en pleine face. C’est peut-être aussi bien de ne jamais l’avoir su…

Ma gang de l’époque s’est disloquée depuis longtemps et, en cours de route, j’ai perdu de vue mes amis. La nuit passée, on m’a appelé pour m’annoncer que, là, c’est David Bowie qui n’y serait plus. Je crains bien de ne jamais m’y faire.

***
Vu : PARENTS INC, présenté à Canal D dimanche soir. Un documentaire qu’on aurait très bien pu classer dans la catégorie des films de monstres. Je plains les pauvres enfants qui sont pris pour être élevés par de pareils zoufs.

Très jeune, je me suis essayé au hockey organisé. J’étais pourri. Pendant les matches, mon père roupillonnait, bien tranquille dans son coin. Eût-il été éveillé et gueulard que j’aurais quand même été minable. Aujourd’hui, je remercie le ciel d’avoir eu un papa somnolent à l’aréna à 6 h du matin plutôt qu’un fou furax de crétin qui m’aurait traumatisé pour le reste de mes jours.

Programmez vos enregistreurs, c’est en reprise vendredi matin à 10 h.

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