OTTAWA – La tendance continuera à être à la hausse pour l’endettement des ménages canadiens qui deviendront, selon le directeur parlementaire du budget (DPB), les Canadiens les plus vulnérables financièrement depuis plusieurs dizaines d’années.
C’est ce que constate le DPB dans un rapport publié mardi matin, qui prédit que le ratio des paiements de la dette des ménages, qui comprend les paiements principaux et d’intérêt, par rapport au revenu disponible grimpera sur les cinq prochaines années. Il prévient que la capacité de s’acquitter de ces dettes s’affaiblira lorsque les taux d’intérêt reviendront à un niveau plus «normal» d’ici 2020. Il estime que le ratio du service de la dette totale passera alors de 14,1 pour cent du revenu disponible à 15,9 pour cent.
«Selon les prévisions du DPB, la vulnérabilité financière des ménages atteindra des niveaux supérieurs aux données des années antérieures», soutient le rapport.
Au troisième trimestre de 2015, pour chaque 100 $ de revenu disponible, la dette des ménages s’élevait à 171 $. Le rapport prévoit que d’ici la fin de cette année, la dette continuera de croître pour atteindre les 174 $.
L’augmentation signifie que les ménages deviendront plus vulnérables aux secousses négatives de leurs salaires ou des taux d’intérêt, ce qui pourrait également avoir un effet négatif sur les institutions financières.
Le plus haut niveau de ce ratio depuis les 25 dernières années était de 14,9 pour cent, taux atteint à la fin 2007.
Depuis 1991, les obligations financières totales des ménages se partageaient en moyenne ainsi: les prêts hypothécaires constituaient environ 63 pour cent, le crédit à la consommation, 29 pour cent, et les prêts non hypothécaires et comptes fournisseurs, huit pour cent.
Au cours de cette même période, la dette des ménages a augmenté à chaque trimestre, et en moyenne de près de sept pour cent année après année.
En plus d’atteindre un niveau qui n’a pas été vu depuis 1990, l’endettement des ménages canadiens par rapport à leur revenu a connu la plus forte hausse depuis 2000 parmi les pays du G7.
La dette des ménages a grimpé dans une période où les taux d’intérêt très bas ont attiré les Canadiens vers l’achat d’une maison, dont les prix augmentaient. Le taux d’emprunt effectif des ménages, que la Banque du Canada présente comme une moyenne pondérée des taux d’intérêt sur divers prêts à la consommation et hypothèques, est passé de 6,7 pour cent en janvier 1999 à 3,1 pour cent en décembre 2015.
Depuis la crise financière de 2008, a indiqué la Banque du Canada, la proportion de ménages ayant une dette plus élevée que 350 pour cent de leur revenu brut — une catégorie hautement vulnérable — a doublé pour passer à environ huit pour cent. Ces gens tendent à être des Canadiens âgés de moins de 45 ans, qui gagnent habituellement moins d’argent. Le gouverneur de la banque, Stephen Poloz, a affirmé qu’ils faisaient partie d’«inquiétantes poches émergentes».