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Les réfugiés arrivant en sol canadien ne logent pas tous à la même enseigne

Solomon, an Ethiopian refugee who requested that his real name not be used, poses for a photo in Toronto on Thursday, February 11, 2016. THE CANADIAN PRESS/Cole Burston

Michelle McQuigge - La Presse Canadienne

TORONTO — De toute évidence, le tapis rouge n’est pas déroulé pour tous les réfugiés voulant s’installer au Canada.

La directrice du Conseil canadien pour les réfugiés, Janet Dench, craint que les récents efforts déployés par Ottawa pour recevoir de nombreux Syriens ne finissent par entraîner la création d’un système à deux vitesses.

Mme Dench, a rappelé que l’obtention du statut de réfugié au pays est normalement un processus bureaucratique complexe comportant des règles, des quotas et des restrictions de toutes sortes. Or, plusieurs de ces barrières ont été retirées pour faciliter l’arrivée des Syriens.

Selon elle, cette disparité peut nuire aux réfugiés venant d’autres pays. “Le système a été établi pour décourager les gens. Il est difficile, sinon impossible, de parrainer des réfugiés (de d’autres nationalités).”

Une communauté mennonite de Montréal l’a découvert à ses dépens après avoir décidé de parrainer un réfugié. Le pasteur John Docherty raconte que sa communauté était déchirée entre le choix qui se posait à elle: parrainer une famille syrienne ou une famille d’un autre pays. Or, elle a constaté que le délai pour faire approuver la candidature d’un réfugié non-syrien est beaucoup plus long que pour un Syrien.

Pour sa part, le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum assure que même si beaucoup d’attention est portée aux réfugiés syriens, les migrants provenant d’autres pays ne sont pas négligés pour autant.

Il reconnaît, toutefois, que ces derniers doivent malheureusement s’armer de patience puisque son équipe et lui-même doivent composer avec d’interminables listes d’attente.

“Un de nos principaux défis est de les réduire et de diminuer les délais de traitement. C’est que nous nous efforçons de faire mais ça ne se réglera pas du jour au lendemain”, précise-t-il.

Selon lui, la faute en incombe au gouvernement précédent. “Les gens attendent tant de choses depuis de si nombreuses années”, a-t-il déclaré.

Selon des données de Citoyenneté et Immigration Canada, le temps moyen d’attente pour un réfugié africain ou venant du Proche-Orient et bénéficiant d’un parrainage privé était de 45 mois en 2015. Dans certains cas, l’attente pour obtenir le visa d’entrée peut même atteindre 69 mois, soit un peu moins de six ans.

Ce délai est si long que le pasteur Docherty reconnaît que son groupe pourrait jeter son dévolu sur une famille syrienne. “Les gens qui ont l’énergie aujourd’hui n’en auront peut-être pas autant dans cinq ans, dit-il. En raison de cet enthousiasme, de cette motivation, de cette volonté et de la facilité avec laquelle nous pouvoins trouver l’argent, la tentation est forte de se lancer dans ce processus. Dans cinq ans, tout ça aura assurément disparu.”

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