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Élèves en difficulté: des enseignants mal formés

Alors qu’une enquête dévoilée mardi par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) démontre que le nombre d’élèves en difficulté ne cesse d’augmenter au Québec, les enseignants demeurent mal formés à l’intégration de ces jeunes, selon des experts en éducation.

«La formation n’a pas amélioré avec le temps», a dénoncé, en marge d’un point de presse à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le chercheur Gérald Boutin.

La recherche indépendante, réalisée par des chercheurs de l’UQAM en collaboration avec la FAE, est basée sur des statistiques et des témoignages d’enseignants provenant de neuf commissions scolaires réparties un peu partout dans la province.

Dans ce document, on peut lire que «les enseignants se sentent souvent démunis en situation d’intégration» parce qu’ils «manquent d’expertise et d’information pour faire face aux cas complexes et difficiles». L’enquête démontre en outre qu’un élève en difficulté sur cinq «ne reçoit pas les services adéquats».

«Les étudiants [en enseignement] ont seulement deux formations de base», qui leur permettront d’assurer l’intégration des élèves ayant des troubles d’apprentissage. Cependant, aucune formation n’est offerte dans la formation universitaire en ce qui a trait à l’intégration des élèves ayant «des troubles profonds», a précisé à Métro le principal auteur de l’enquête.

Pourtant, le nombre d’élèves en difficulté au Québec a bondi de 50% entre 2001 et 2011, passant de 117 000 à 176 000, relate l’étude indépendante. «On apprend sur le tas. Je veux que mes élèves réussissent, mais c’est difficile. Déjà, en septembre, j’étais épuisée», a déploré Stéphanie Dubois, enseignante à l’école primaire Saint-Joseph, à Montréal. «On devrait mieux former les enseignants et mieux les accompagner», ajoute-t-elle.

Depuis plusieurs années, le gouvernement provincial valorise l’inclusion des élèves dans des classes mixtes, tandis que le nombre de classes spécialisées est en diminution. «On ne peut pas aider les élèves en difficulté, car on doit s’occuper de tous les élèves. Il faut tenir compte des vrais besoins des élèves», a indiqué M. Boutin.

Échecs

Dans l’école secondaire Honoré-Mercier, près du tiers des 90 élèves qui ont fait leur entrée dans l’établissement scolaire cette année sont en difficulté, a affirmé l’enseignant Daniel Chartrand.

Selon lui, la réussite scolaire des élèves en difficulté, qui ont été intégrés de manière aléatoire dans les groupes réguliers, serait mise en péril. «C’est catastrophique. Ces élèves-là sont en échec», a-t-il déclaré.

Appelé à commenter, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a affirmé qu’il se penchera sur l’étude aux cours des prochains jours.

Quelques chiffres

La recherche, réalisée par des chercheurs de l’UQAM, se base sur le témoignage d’environ 275 enseignants québécois.

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