Alors que le salaire minimum au Québec sera haussé à 10,75 $ le 1er mai, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) soutient qu’en moyenne, un travailleur à temps plein devrait gagner 15,10 $ l’heure pour vivre dignement, selon un rapport rendu public aujourd’hui.
Dans la métropole, une personne seule devrait recevoir 15,78 $ l’heure et le revenu annuel minimum d’un ménage de quatre personnes devrait être de 53 000 $, indique l’institut progressiste.
«Quand on gagne juste l’essentiel, on doit toujours compter ses sous», a affirmé le chercheur et co-auteur de cette étude, Philippe Hurteau. Selon lui, cette bonification du salaire minimum serait «juste assez pour que les gens puissent penser à leur avenir» en s’inscrivant à des études supérieures, entre autres. Il a aussi précisé que plus d’un quart des Québécois tireraient profit d’une telle bonification.
Par ailleurs, le rapport soutient que «l’atteinte d’un salaire viable semble plus difficile en l’absence d’un système de transport en commun», ce qui expliquerait en partie pourquoi un salaire horaire d’environ 19 $ l’heure est proposé pour la région de Sept-Îles. En effet, si les Montréalais peuvent profiter des transports en commun pour leurs déplacements quotidiens, la possession d’une voiture devient inévitable lorsqu’on habite en région éloignée, selon l’IRIS.
«Avoir un transport collectif qui soit abordable, ça augmente les possibilités d’emploi», a clamé à Métro le cofondateur de l’organisme Revenu de base Québec, Jonathan Brun, qui a réclamé une diminution des coûts pour l’ensemble des usagers montréalais. «Il y a certaines villes qui offrent un rabais aux personnes plus pauvres», a-t-il ajouté.
«On devrait abolir le salaire minimum», a pour sa part soutenu au bout du fil le maître d’enseignement au département d’économie appliquée à HEC Montréal, Germain Belzile.
Contrairement à l’IRIS, qui affirme qu’une hausse importante du salaire minimum stimulerait l’ensemble de l’économie, l’expert craint qu’une telle décision gouvernementale n’entraîne une explosion des coûts des produits et du taux de chômage. Il soutient d’ailleurs que les employés au salaire minimum sont généralement «peu formés» et peuvent donc «être remplacés facilement» par des machines.
«Si on augmente le salaire [minimum] à 15 $ l’heure au McDonald’s, on va commander avec des écrans tactiles.» -Germain Belzile, maître d’enseignement à HEC Montréal.
«Si c’était une recette si simple que ça, on l’aurait choisie avant», a-t-il soutenu.