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Brad Wall au N.-B. pour «vendre» Énergie Est

Kevin Bissett - La Presse Canadienne

SAINT-JEAN, N.-B. – Après Toronto et avant Montréal, le premier ministre de la Saskatchewan s’est rendu à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, mercredi, afin de consolider les appuis au projet d’oléoduc Énergie Est.

Brad Wall a eu un entretien privé en matinée avec son homologue, Brian Gallant, et il a par la suite porté son message aux gens d’affaires dans une allocution au cours d’une conférence sur l’énergie organisée par la Chambre de commerce régionale de Saint-Jean.

M. Wall effectue cette semaine une petite tournée dans l’Est pour faire la promotion de ce projet de 15,7 milliards $ de la société albertaine TransCanada. L’oléoduc Énergie Est acheminerait sur 4600 kilomètres plus d’un million de barils de pétrole brut de l’Alberta et de la Saskatchewan vers des raffineries de l’est du pays et jusqu’à un terminal portuaire à Saint-Jean, pour exportation. Le projet est d’ailleurs beaucoup moins impopulaire au Nouveau-Brunswick qu’au Québec et qu’en Ontario.

À l’issue de la rencontre, mercredi, le premier ministre Gallant a indiqué que les deux hommes avaient convenu que l’oléoduc permettrait au Nouveau-Brunswick, au Québec et à tout le pays de réduire leur dépendance au pétrole étranger. Les deux premiers ministres sont aussi d’accord pour dire que l’oléoduc constitue le moyen le plus sûr afin d’acheminer le pétrole de l’Ouest vers les ports de mer, alors que des centaines de milliers de wagons-citernes traversent déjà chaque année des grandes villes du pays.

Les deux hommes conviennent enfin qu’Énergie Est stimulerait la croissance économique et qu’ils doivent tous les deux continuer à promouvoir le projet, chacun de leur côté. Lors de son allocution aux gens d’affaires, M. Wall a d’ailleurs admis que «si nous avons commis une erreur, c’est peut-être de ne pas avoir suffisamment livré à nos voisins et nos amis la véritable histoire».

M. Wall doit ainsi rencontrer le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, jeudi à Montréal. Le projet d’oléoduc est davantage contesté au Québec, où les opposants — élus, citoyens et environnementalistes — estiment que les retombées économiques ne valent pas les risques écologiques. Au Québec, 625 kilomètres de canalisation traverseraient d’importants cours d’eau et plusieurs municipalités.

M. Wall dit comprendre ces inquiétudes. «Même si une partie importante du projet se résumera à une conversion (d’un oléoduc existant), un nouveau tronçon traversera effectivement le Québec. Alors, il est normal que les Québécois s’interrogent: il s’agit d’une construction majeure dans des régions sensibles. Mais on doit s’assurer que ce sera fait de façon sécuritaire, que nous répondrons à toutes les inquiétudes des Québécois.»

L’APN se joint aux opposants

Or, hasard du calendrier, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) a décidé mercredi de joindre sa voix à celle des opposants au projet. L’APNQL — qui regroupe 43 communautés autochtones — joint ainsi sa voix à l’Union des producteurs agricoles et aux 82 municipalités représentées par la Communauté métropolitaine de Montréal.

Le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, affirme que son regroupement compte exiger que le Québec et le Canada respectent leurs obligations constitutionnelles et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, entérinée la semaine dernière par Ottawa.

Le premier ministre de la Saskatchewan avait été très irrité, en janvier, du refus catégorique opposé par les maires de la région de Montréal. Sur Twitter, M. Wall avait suggéré aux élus de «rembourser leur part des 10 milliards $ de paiements de péréquation auxquels l’ouest du pays a contribué».

Le Conseil des Canadiens estimait de son côté, mardi, que le premier ministre Wall avait entrepris cette tournée en Ontario, au Nouveau-Brunswick et au Québec «avec l’énergie du désespoir pour tenter de sauver un projet à l’agonie».

«M. Wall se comporte comme un lobbyiste pour un pipeline appelé à devenir non seulement une énorme charge économique pour la Saskatchewan et pour le Canada au complet, mais un désastre sur le plan de l’environnement et de la santé publique», a écrit Daniel Cayley-Daoust, responsable de campagne pour l’énergie et le climat au Conseil des Canadiens.

La plus récente proposition de l’oléoduc Énergie Est a été déposée le mois dernier à l’Office national de l’énergie, mais c’est le cabinet de Justin Trudeau qui aura le dernier mot dans ce délicat dossier.

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