NEW YORK — Les débats présidentiels de cet automne ont été difficiles pour les modérateurs.
Chris Wallace a dû gérer les interruptions constantes du président Donald Trump au premier débat, ce qui a coûté des appuis au candidat républicain dans les sondages. Et Susan Page a eu du mal à faire respecter les temps de parole auprès des candidats à la vice-présidence.
La prochaine à relever le défi est Kristen Welker.
La correspondante à la Maison-Blanche du réseau NBC modérera le deuxième et dernier débat présidentiel, jeudi, entre Donald Trump et le démocrate Joe Biden. Il est difficile de ne pas ressentir de l’appréhension pour elle.
Ses deux prédécesseurs se sont attelés à la tâche en ayant plus d’expérience qu’elle. Bien que Mme Welker ait participé à l’un des débats des primaires démocrates l’automne passé, c’est de loin le plus gros contrat de la journaliste de 44 ans. Donald Trump et ses partisans ont déjà tenté de l’intimider en l’attaquant en avance.
La prestation remarquée de sa collègue Savannah Guthrie lui a probablement donné des indices pour mener à bien sa soirée, mais elle a peut-être aussi augmenté la pression sur elle.
«Kristen représente le meilleur de NBC News et du journalisme en général», a déclaré son patron, le président de NBC News, Noah Oppenheim.
«Elle est juste, elle est profondément préparée, elle connaît bien les enjeux et elle va faire un excellent travail.»
Mme Welker, une native de Philadelphie, a atterri à NBC News en 2010, après avoir travaillé dans les médias locaux de Redding, en Californie, de Providence, au Rhode Island et de sa ville natale. Cette ancienne stagiaire de l’émission «Today» anime désormais son édition du weekend.
Elle est la première femme noire à animer un débat présidentiel depuis Carole Simpson en 1992.
Attaques de Donald Trump
Plus tôt ce mois-ci, un employé de Donald Trump, Jason Miller, a déclaré sur Fox News qu’il avait «une très haute opinion» de Mme Welker et a suggéré qu’elle ferait un excellent travail en tant que modératrice. Elle est «très juste dans son approche», a-t-il indiqué.
Pourtant, la fin de semaine dernière, le président a écrit sur Twitter que la journaliste «avait été toujours terrible et injuste, tout comme la plupart des journalistes des « Fake News »».
Difficile de savoir pourquoi elle a été la cible d’insultes de la part du président. M. Trump a demandé pourquoi Mme Welker avait désactivé son compte Twitter dans la foulée de la controverse de l’animateur de C-SPAN, Steve Scully. Ce dernier avait dit — à tort — que son compte Twitter avait été piraté après avoir envoyé un message controversé sur le réseau social. M. Scully devait modérer un débat antérieur qui a été annulé.
NBC a affirmé que l’arrêt temporaire du compte Twitter de Mme Welker avait été effectué pour des raisons de sécurité, et non pour cacher quoi que ce soit qu’elle aurait pu écrire par le passé.
Certains des partisans du président Trump ont également trouvé des preuves selon lesquelles les parents de Mme Welker avaient contribué à des campagnes démocrates dans le passé afin de remettre en question son objectivité.
Un défi «difficile»
Andrea Mitchell, la correspondante de NBC News qui a animé le débat démocrate de l’automne dernier avec Mme Welker, Rachel Maddow et Ashley Parker, doute que sa collègue soit intimidée par ces démarches.
«Elle a un œil sur l’objectif», a soutenu Mme Mitchell, qui a aidé sa collègue à se préparer pour le débat. Mme Welker n’était pas disponible pour une entrevue.
La meilleure défense contre de telles critiques d’avant-match «est de savoir de quoi elle parle», a ajouté Mme Mitchell.
Toutefois, après avoir regardé les débats précédents, Andrea Mitchell ne se fait aucune illusion sur ce qui arrivera jeudi.
«C’est un défi difficile, souligne-t-elle. Chris (Wallace) et Susan (Page) sont des journalistes vraiment expérimentés. J’ai travaillé avec les deux. C’est devenu impossible. Je ne sais pas si quelqu’un aurait pu gérer ça.»
M. Oppenheim, qui était à Nashville, au Tennessee, cette semaine pour aider à la session de préparation de Kristin Welker et aux débats simulés, croit que personne n’est mieux préparé pour la tâche.
«Elle se concentre pour offrir au peuple américain une conversation de fond sur les questions qui intéressent les électeurs et elle va faire tout ce qui est en son pouvoir pour y parvenir», a-t-il indiqué.
David Bauder, The Associated Press