Politique

VÉRIFICATION: Les faits ont été malmenés lors du débat jeudi soir

President Donald Trump gestures to supporters before boarding Air Force One at Nashville International Airport after participating in the presidential debate, Thursday, Oct. 22, 2020, in Nashville, Tenn., as first lady Melania Trump watches. (AP Photo/Evan Vucci)

WASHINGTON — La vérité en a pris pour son rhume jeudi soir, lors du deuxième et dernier débat entre Donald Trump et Joe Biden.

Le président Trump a lancé la soirée en mentant au sujet du bilan de la pandémie de COVID-19. Il a ensuite répété pour la millième fois que la crise tire à sa fin. Un peu plus tard, il s’est vanté de la «propreté» des installations où étaient hébergés les enfants de migrants le long de la frontière, faisant fi des conditions insalubres dans lesquelles ils étaient détenus en 2018.

M. Biden, de son côté, y est parfois allé de demi-vérités, notamment au sujet du coronavirus.

Voici comment quelques-uns de leurs propos se comparent aux faits.

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CORONAVIRUS

TRUMP: «Nous avons tourné le coin. Il s’en va.»

LES FAITS: Non, le coronavirus ne s’en va pas. Il revient. Le nombre de nouveaux cas augmente et s’approche du sommet vu cet été. Le nombre de décès est aussi en hausse.

Selon les données compilées en date du 21 octobre par l’université Johns Hopkins, la moyenne mobile de nouveaux cas sur sept jours est en hausse aux États-Unis depuis deux semaines. Elle est passée de plus de 42 300 le 7 octobre à près de 60 000 le 21 octobre.

Pendant cette même période, la moyenne mobile de nouveaux décès quotidiens sur sept jours est passée de 695 à 757.

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TRUMP: «Il (Biden) ne fait que parler de confinement. Regardez la Pennsylvanie, la Caroline du Nord. Ce sont tous des gouverneurs démocrates. Ils sont tellement confinés qu’ils sont en train de mourir.»

BIDEN: «Regardez les États où le coronavirus est en pleine progression. Ce sont des États rouges. C’est là qu’il y a les pires augmentations.»

LES FAITS: Les deux se trompent. Le coronavirus n’est pas le problème des États républicains ou des États démocrates. C’est un problème de santé publique qui touche toute la population, peu importe son lieu de résidence ou son allégeance politique.

Certains États républicains qui se sont empressés de déconfiner ont vu le virus revenir en force cet été et peinent maintenant à l’endiguer. Environ 12 % des tests de dépistage sont positifs en Floride, ce qui témoigne d’une transmission répandue. Dans le Dakota du Sud, c’est 35 %.

Des États démocrates comme New York ont été frappés de plein fouet par la première vague. Le confinement leur a permis de prendre le contrôle de la situation. Ils voient maintenant des flambées locales et doivent imposer de nouvelles restrictions.

Deux États démocrates, le Nevada et la Pennsylvanie, affichent des taux de transmission de 20 % et 10 %, respectivement.

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TRUMP, au sujet du bilan de la COVID-19 aux États-Unis: «Comme vous le savez, on s’attendait à ce que 2,2 millions de personnes meurent.»

LES FAITS: Ça a été sa première phrase de la soirée, et c’est faux. On n’a jamais pensé que le bilan de la pandémie atteindrait de tels sommets aux États-Unis.

Une projection aussi catastrophique évoquait simplement, à des fins de comparaison, ce qui pourrait se produire si rien n’était fait. Mais ne rien faire n’a jamais été une option et les responsables de la santé publique n’ont jamais craint deux millions de morts.

M. Trump cite souvent ce chiffre pour mieux faire paraître le bilan actuel de 220 000 morts et donner l’impression qu’il a réduit le nombre de victimes.

Lors d’un point de presse le 1er avril, M. Trump avait dit espérer que le virus ferait moins de 100 000 morts aux États-Unis.

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MIGRANTS

TRUMP, au sujet des enfants séparés de leurs parents à la frontière entre le Mexique et les États-Unis: «On prend tellement bien soin d’eux. Ils sont dans des installations tellement propres.»

LES FAITS: Du tout.

Au plus fort de la crise des séparations familiales en 2018, les installations des services frontaliers débordaient de migrants détenus dans des conditions insalubres, selon des observateurs indépendants.

Les installations à long terme destinées aux adultes et aux enfants étant remplies à pleine capacité, des migrants ont été envoyés vers des installations plus petites où ils sont restés bien plus longtemps que les 72 heures permises par la loi.

Ces installations ne sont pas conçues pour le long terme. Les enfants n’ont pas reçu de repas chauds et des familles couchaient sur des couvertures, sur le sol. La grippe et la maladie couraient. Des centaines de petits enfants ont été détenus ensemble, sans soins appropriés.

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CHANGEMENTS CLIMATIQUES

TRUMP: Selon l’Accord de Paris, «nous allions devoir dépenser des trillions de dollars… Ils ne nous rendaient pas service. Ils allaient nous enlever nos affaires.»

LES FAITS: L’Accord de Paris est une entente internationale qui vise à freiner le réchauffement du climat. Il s’appuie sur des réductions volontaires des émissions. Aucun pays n’est obligé de faire quoi que ce soit.

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EXTRÉMISTES

BIDEN: «Au sujet des Poor Boys, la dernière fois que nous étions sur scène, il leur a dit de se tenir prêts. Soyons sérieux.»

LES FAITS: Ce n’est pas exactement ce que M. Trump a dit et ce n’est pas le nom du groupe néo-fasciste.

Lors du dernier débat, on a demandé M. Trump s’il condamnait les groupes et les milices suprémacistes blancs qui se présentent à certaines manifestations. Il a dit, «Donnez-moi un nom» et M. Biden a lancé, «Proud Boys». Il s’agit d’un groupe extrémiste de droite qui a participé à des manifestations dans le Pacific Northwest.

«Proud Boys, tenez-vous en retrait et attendez», a répondu M. Trump. Il ne leur a pas dit «tenez-vous prêts», mais la différence réelle entre les deux est discutable.

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LES IMPÔTS DE M. TRUMP

TRUMP au sujet des ses impôts: «Ils n’arrêtent pas de parler des 750 $ US, qui d’après moi sont des frais de dépôt. J’ai prépayé des dizaines de millions de dollars en impôts sur le revenu.» Puis, au sujet de son compte bancaire en Chine: «J’étais un homme d’affaires en 2013 et j’ai fermé ce compte en 2015.»

LES FAITS: M. Trump n’est pas honnête au sujet de ses impôts.

Le New York Times, qui a obtenu ses déclarations de revenus, contredit ses affirmations.

Les contribuables américains ne doivent pas payer de frais pour présenter leurs déclarations. M. Trump a payé 750 $ US en impôt sur le revenu au gouvernement fédéral en 2016 et 2017.

On ne sait pas de quoi M. Trump parle quand il évoque un «pré-paiement» de ses impôts. Selon le New York Times, M. Trump, à compter de 2010, a réclamé et obtenu un remboursement de son impôt sur le revenu totalisant 72,9 millions $ US. Cela est maintenant contesté par l’Internal Revenue Service des États-Unis. Si M. Trump perd, il pourrait devoir payer 100 millions $ US ou plus, selon le Times.

Un avocat de la compagnie Trump, Alan Garten, a dit au New York Times que le compte bancaire chinois demeure ouvert, même si la compagnie est inactive en Chine depuis 2015.

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HUNTER BIDEN

TRUMP: «Joe a reçu (3,5 millions $ US) de la Russie. Et c’est passé par Poutine parce qu’il était très proche de l’ancien maire de Moscou, et c’était la femme du maire de Moscou. Ta famille a reçu 3,5 millions $ US, et un jour tu devras expliquer pourquoi.»

LES FAITS: Il n’y a aucune preuve de tout ça. M. Trump déforme un rapport récent du sénateur républicain Ron Johnson, qui a enquêté sur le fils de M. Biden, Hunter, et ses activités d’affaires en Ukraine.

Le rapport ne prétend pas que Joe Biden lui-même a reçu 3,5 millions $ US ou que le président russe Vladimir Poutie a joué un rôle. Le rapport ne prétend pas non plus que Hunter Biden a empoché l’argent. Le rapport dit que l’argent est allé à une firme d’investissement qu’il avait cofondée. L’avocat de Hunter Biden a répondu par voie de communiqué que son client n’avait pas de participation dans cette firme et qu’il ne l’avait pas fondée.

Calvin Woodward, Hope Yen et Ricardo Alonso-Zaldivar, The Associated Press





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