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EXPLICATION: Le résultat du scrutin tardera peut-être, et ce n’est pas grave

Andie Grossman fills out her ballot before delivering it to a San Francisco Department of Elections voting center in San Francisco, Sunday, Nov. 1, 2020. (AP Photo/Jeff Chiu)

Nicholas Riccardi - The Associated Press

Un peu de patience s’il vous plaît.

On ne saura peut-être pas dès mardi soir qui aura remporté l’élection présidentielle. Et si ça se produit, ça ne voudra pas automatiquement dire que le système est défectueux, corrompu ou frauduleux.

Le président Donald Trump aime marteler qu’un résultat plus lent que d’habitude est synonyme de problèmes.

«Je pense que c’est terrible que nous ne connaissions pas le résultat d’une élection le soir de l’élection, a-t-il dit dimanche. Je pense que c’est terrible qu’on permette aux États de compter les votes longtemps après la fin de l’élection.»

On ne sait pas exactement ce que le président entend par «longtemps». Mais il est habituel de continuer à compter les votes après le jour du scrutin.

Voici pourquoi le dépouillement pourrait être plus long que prévu, et pourquoi vous pourriez aller au lit mardi soir sans savoir qui a gagné.

QU’EST-CE QUI EST NOUVEAU CETTE ANNÉE?

Le principal facteur qui pourrait ralentir le dépouillement cette année n’a rien de mystérieux: des millions d’Américains ont décidé de voter par anticipation par crainte du coronavirus. Et en général, ces bulletins prennent plus de temps à compter.

Les travailleurs électoraux doivent retirer les bulletins des enveloppes, vérifier s’il y a des erreurs, les trier et les défroisser — tout ça pour qu’ils puissent être lus par des machines et comptabilisés dès la fermeture des bureaux de scrutin. Dans les États où le vote par correspondance est bien établi, ça se produit plusieurs semaines avant le jour du scrutin et les résultats sont annoncés rapidement.

Mais plusieurs États utilisent le vote par correspondance pour la première fois cette année et des lois interdisent de compter ces votes avant le jour du scrutin. Si on ne s’y prend pas d’avance, il est virtuellement impossible de traiter et de compter tous les votes le jour du scrutin, en plus de compter les votes en personne.

Trois États chaudement disputés — le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin — imposent des restrictions au dépouillement du vote par correspondance. Dans ces trois États, les assemblées législatives contrôlées par les républicains ont fait la sourde oreille aux responsables électoraux qui réclamaient des règles pour accélérer le décompte.

MAIS… LES MÉDIAS ANNONCENT LE GAGNANT AVANT QUE LE DÉPOUILLEMENT SOIT FINI, NON?

Il n’est jamais arrivé, lors d’une élection présidentielle, que tous les votes soient comptés le soir du scrutin. Il serait physiquement impossible de compter jusqu’à 150 millions de votes le 3 novembre.

Des médias, dont l’Associated Press, annoncent les gagnants de milliers de courses le soir du vote en se basant sur les résultats annoncés, les sondages à la sortie des urnes et d’autres données.

Mais si une course est serrée, il est possible qu’on doive compter plus de votes avant d’annoncer un gagnant.

PEUT-ON ESPÉRER CONNAÎTRE LE GAGNANT LE SOIR DU VOTE?

Absolument. Ce ne sont pas tous les États chaudement disputés qui compteront leurs votes lentement. Donc si plusieurs États annoncent leurs résultats rapidement, un candidat pourrait obtenir la majorité au collège électoral — même si on ne sait pas qui a gagné au Wisconsin, en Pennsylvanie ou au Michigan.

Ça devient plus probable si la course dans ces États n’est pas serrée.

Dans un tel scénario, tous les yeux se tournent vers la Floride. Dans cet État, les responsables électoraux peuvent comptabiliser le vote par correspondance 22 jours avant le jour du scrutin. C’est aussi l’État pivot le plus lourd. Si la course n’y est pas serrée — et c’est un gros ‘si’ dans un État connu pour ses courses serrées — on pourrait avoir pratiquement complété le dépouillement avant minuit. Et si M. Trump est battu en Floride, ça devient très compliqué d’obtenir les 270 grands électeurs dont il a besoin pour être réélu.

Deux autres États chaudement disputés — la Caroline du Nord et la Géorgie — peuvent aussi commencer à compter le vote par correspondance avant le scrutin. M. Trump a absolument besoin de ces deux États. Mais contrairement à la Floride, ils ne sont pas habitués à dépouiller une grande quantité de votes par correspondance. On ne sait pas avec quelle rapidité ils procéderont.

L’Iowa et l’Ohio permettent aussi un dépouillement anticipé du vote par correspondance. M. Trump les a facilement remportés en 2016. Si la course y est serrée, ou si M. Biden les récolte, ça pourrait nous donner une idée de la tournure que prendra la soirée dans cette région du pays.

QUEL EST LE ‘MIRAGE ROUGE’? QUELLE EST LA ‘REMONTÉE BLEUE’?

L’annonce des résultats pourrait être un peu étourdissante cette année, principalement parce que les partisans des deux partis ne votent pas de la même façon: les démocrates ont adopté le vote par correspondance, et M. Trump a encouragé les républicains à voter en personne en mardi.

Dépendant du type de vote qu’on annonce — le vote par correspondance ou le vote en personne — le scrutin pourrait favoriser un candidat ou un autre.

Dans des États comme la Floride, la Géorgie, l’Ohio et la Caroline du Nord, où les votes sont dépouillés d’avance, les premiers résultats pourraient avantager les démocrates. Les votes en personne pourraient ensuite rééquilibrer la balance, voire la faire pencher pour les républicains.

L’inverse pourrait se produire au Michigan, en Pennsylvanie et au Wisconsin, où le vote en personne (fortement républicain) pourra créer un «mirage rouge». La «remontée bleue» pourrait survenir plus tard, quand le vote par correspondance (fortement démocrate) sera compté.

DONC, COMMENT JE SAIS QUI GAGNE?

En faisant preuve de patience.

Nicholas Riccardi, The Associated Press



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