Les trois partis d’opposition principaux accusent le premier ministre François Legault d’avoir franchi la ligne dans sa gestion du dossier des médecins de famille et l’existence d’une «liste noire» de médecins qui ne prenaient pas assez de patients en charge.
«Ce qui est inquiétant, c’est de constater que la méthode de François Legault pour régler les problèmes, c’est une méthode qui est bulldozer», commente la chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade. Elle qualifie l’approche du premier ministre d’«inquiétante».
L’inaction de la CAQ justifie la longueur de la liste d’attente pour voir un médecin de famille, estime-t-elle. «Ils se sont traînés les pieds pendant les trois dernières années, ils ont refusé de voir le problème, ils ont refusé de reconnaître cet enjeu, ce qui fait en sorte qu’aujourd’hui on se retrouve dans une situation où on est», dit Mme Anglade.
Trouver une solution
Le chef parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois déplore pour sa part que François Legault «s’est vanté d’avoir obtenu la liste avec tous les méchants paresseux qu’il va discipliner avec le fouet que lui a légué Gaétan Barrette». «On reconnaît ici le style caquiste dans sa plus pure expression, c’est-à-dire pointer du doigt, trouver des coupables, bref, faire beaucoup de communication, faire un show de boucane pour éviter de prendre ses responsabilités», a-t-il analysé.
La liste noire demeure une manière «superficielle» de s’attaquer au problème, estime QS. «Le problème de fond, c’est que notre modèle de première ligne est brisé», considère M. Nadeau Dubois. Le parti propose que cette première ligne soit composée d’une équipe interdisciplinaire, donc de divers experts de santé, autant des infirmiers que des physiothérapeute que des psychologues.
«Il y a une forme d’ingérence de la part du premier ministre dans le système de santé qui est troublante», a commenté le responsable du Parti Québécois en matière de Santé, Joel Arseneau.
Justification
Mercredi, François Legault a convié les médias à une mêlée de presse pour justifier son approche. À son avis, l’approche adoptée par les gouvernements précédents, qui consiste à s’entendre le syndicat des omnipraticiens, ne fonctionne pas.
«Il y a une minorité, quelques milliers de médecins de famille qui ne prennent pas en charge suffisamment de patients, il y en a même qui n’en prennent pas du tout, il y en a même qui ont refusé d’être en GMF», rappelle-t-il.
Des accomodements seront toutefois prévus pour les médecins disposant de condition de santé spéciale, qui ne peuvent prendre en charge un nombre élevé de patients.
Pour l’heure, la CAQ ignore toujours si l’acquisition d’information sur les médecins de familles via la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) constitue une pratique légale.