Culture

Zoofest: Les sages confessions d’Anne-Marie Losique

Après avoir été animatrice, productrice, propriétaire de chaînes de télé pour adultes, chanteuse, mannequin de charme, vedette de téléréalité et crush de Ben Affleck à temps partiel, Anne-Marie Losique peut maintenant dire qu’elle est humoriste.

La reine du divertissement pour adultes s’est produite avec succès sur la scène du Monument-National mercredi soir, dans le cadre de la série Ben voyons donc du ZooFest, qui invite des non-humoristes à venir tenter leur chance au micro.

À l’aise dans ce contre-emploi, même si elle manquait parfois de naturel (insérez ici la blague de chirurgie plastique de votre choix) dans son jeu, Anne-Marie Losique a fait preuve d’une belle autodérision pendant les 60 minutes tapantes qu’a duré la seule et unique représentation du spectacle qui portait sur sa vie et sa carrière.

Un exploit lorsqu’on considère que la femme d’affaires a toujours été très discrète sur sa vie privée.

«Parler de moi, c’est la chose que je déteste le plus dans la vie», a-t-elle rappelé à plusieurs reprises, ajoutant «qu’elle préférait faire parler les autres et faire parler d’elle» que de se livrer.

Elle a tenu parole, effleurant à peine sa vie sentimentale et familiale, pour revenir plutôt sur sa carrière et son image publique. (On aura tout de même appris qu’une partie de sa famille est d’origine croate, qu’un de ses grands-pères était dans la résistance serbe durant la Deuxième Guerre, que sa grand-mère s’est fait arracher les dents par les oustachis plutôt que de le dénoncer («pas étonnant qu’on ne parle pas de soi dans la famille») et que la fratrie vient du même village que Gavrilo Princip, celui qui a déclenché la Première Guerre mondiale en assassinant l’archiduc d’Autriche François-Ferdinand.)

«Une conne heureuse»
D’entrée de jeu, l’humoriste d’un soir s’est empressée d’abaisser les attentes en jouant la carte de celle qui ne voulait pas être là et qui n’a pas eu le temps d’apprendre son texte.

«On m’a dit que je devais me mettre le texte en bouche. Comme j’ai eu une vie sexuelle très active au cours du dernier mois, j’ai demandé un téléprompteur.» Le ton était donné.

Se décrivant comme une «cérébrale introvertie», elle est revenue à plusieurs reprises sur son personnage de nunuche délurée qu’elle s’est forgé au fil des années.

«J’ai accepté de jouer le jeu, a-t-elle déclaré. On est tellement plus heureux quand on est imbécile. C’est relaxant de fermer les lumières et de prétendre qu’on ne connaît pas les accords du participe passé.»

«J’étais une conne heureuse. C’était une période très prospère de ma vie. Dans une réunion, les gens étaient impressionnés que je sois capable d’aligner trois mots. Les deals se closaient assez vite.»

Si AML a démontré qu’elle était capable de livrer plusieurs punchs avec efficacité, les moments plus comiques de la soirée sont survenus lorsqu’elle a reçu un peu d’aide de ses amis : Bruno Blanchet, qui a ressorti sa célèbre imitation pour servir de «doublure émotionnelle» à la vedette de la soirée dans une vidéo envoyée de Bangkok, et Antoine Vézina, qui a joué les sidekicks lorsqu’est venu le temps d’illustrer les difficultés de dater que peut avoir «un personnage public hypersexualisé».

À son tour, le distingué Philippe-Audrey Larrue-Saint-Jacques est venu évoquer la très courte carrière de chanteuse de l’hôte de la soirée.

«C’est un plaisir incommensurable de mettre en voix la poésie d’AML… Anne-Marie Losique, pas les croisières à Tadoussac. Une tragédie existentialiste d’une jeunesse importune»… a-t-il lancé avant d’entonner avec gravité les paroles un peu (beaucoup) légères de Tu veux ou tu veux pas? Contraste réussi et l’un des plus gros fous rires de la soirée.

Moins réussies par contre, les visites impromptues de Carolane, l’une des «vedettes» de la série Barmaids, qu’on voulait nous présenter comme son héritière spirituelle. «On a les mêmes atouts et on aime les pénis», a-t-elle lancé, parée de body tape pour l’occasion. Même AML ne semblait pas convaincue.

Au final, Les dessous d’Anne-Marie, (c’est le titre du spectacle) n’aura pas résolu le paradoxe en talons hauts qu’est Anne-Marie Losique, mélange de pudeur et d’exhibitionnisme, mais aura prouvé de nouveau qu’elle possède un sens de l’humour à toute épreuve.

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