Culture

Le Noël rassembleur de Rita Baga

Jean-François Guevremont AKA Rita Baga, se maquille dans sa loge au Cabaret Mado. Il prépare un spectacle des fêtes: Les reines de Noël

La drag queen montréalaise Rita Baga reçoit sa famille quasi fonctionnelle dans Les reines de Noël, une pièce musicale signée par l’héritière de Mado Lamotte, où tous les rôles sont interprétés par des artistes québécois drag. Et tout le monde est invité.

Il y a quelque chose de presque blasphématoire à entrer au Cabaret Mado en début d’avant-midi. Peut-être parce que les performances endiablées qui animent les soirées de l’établissement de la rue Sainte-Catherine laissent croire que ses projecteurs ne s’éteignent jamais et que ses tables hautes ne sont jamais vides.

Mais Jean-François Guevremont y est déjà, puisque son emploi du temps est plein à craquer. Dans une heure, son alter ego, Rita Baga, doit aller métamorphoser l’humoriste Peter MacLeod et, plus tard, elle doit assister à la pratique générale de son spectacle de Noël. Métro l’a rencontré dans sa loge, le temps que Rita prenne forme.

«J’ai passé l’aspirateur avant que vous arriviez, il y avait une couche de brillants par terre», avertit l’artiste avant de s’asseoir à sa vanité. Au menu aujourd’hui, une palette festive: ombre à paupières verte, brillants verts et rouge à lèvres rouge. C’est Noël avant l’heure dans la loge de Rita Baga.

Nerveux avant sa dernière répétition, l’homme derrière une des drag queens les plus populaires de Montréal (pour les amateurs de généalogie drag queen: Rita est la petite-fille de Mado Lamotte) fait d’ailleurs remarquer que son concept est une première au Québec.

«C’est une pièce de théâtre, pas des sketchs ou des numéros de lip sync individuels», indique le metteur en scène. Centrée autour d’un réveillon de Noël, la pièce met en vedette sept autres drag queens (en alternance: Michel Dorion, Barbada, Franky Dee, Gisèle Lullaby, Kitana, LaDrag OnFly, Marla Deer, Peach, Peggy Sue, Phœnix, Rainbow, Sasha Baga et Tracy Trash), le groupe de musique les Wildwood et plusieurs danseurs.

Les Reines de Noël sera présenté demain et jeudi au National.

Ode aux matantes
Rita y joue… Rita. Une femme dans la trentaine un peu control freak qui invite ses sœurs et des amies à veiller. Une histoire de famille (et de bonnes femmes en âge quelque peu avancé) bien moderne, perruques et blagues croquantes en plus. Une ode aux matantes, si on veut. «J’ai misé sur des images fortes de tantes qu’on a tous dans nos familles», commente l’auteur.

Et puisqu’on ne veut pas tuer les traditions (des drag queens), des numéros de lip sync et de musique en direct, ponctueront la pièce humoristique. «C’est 50-50, on fait des tounes de Noël et des tounes extrêmement quétaines, explique le créateur de la pièce. Et puis on rit, c’est surtout ça que je veux que les gens retiennent.»

Ce spectacle, Jean-François Guevremont le veut rassembleur, bon vivant et léger. «C’est une bonne première approche pour les gens qui n’ont jamais vu de drag queens. Nos costumes ne sont pas trop courts, on a des belles perruques. Ça ne commence pas trop rough… Personne ne fait une toune de Britney Spears en brassière-bobette», dépeint-il. D’ailleurs, Les reines de Noël s’adresse à toute la famille, enfants compris.

Direction régions
Son esprit des Fêtes, Rita veut le répandre dans tout le Québec. Après Montréal, la distribution des Reines de Noël part en tournée à Gatineau, Québec, Sherbrooke et Rouyn-Noranda.

«Je fais une tournée pour rejoindre les gens qui n’ont pas accès à des shows de drag normalement, commente le metteur en scène, qui fait remarquer qu’il n’y a pas de bar LGBTQ+ dans la ville abitibienne. Je pense qu’avoir accès à un peu de représentativité, ça peut faire du bien.»

Et il faut le dire: amener un spectacle de drag queens en région peut être perçu comme un grand défi. «Chaque fois que j’ai pris un petit guess… bon là, c’était un gros guess, ça a toujours bien été. Je ne peux pas attendre qu’un projet comme ça arrive. Je vais le faire, moi», continue la drag queen.

De toute manière, un «non» n’aurait pas été très efficace. «Je suis du genre à kicker des portes quand elles sont fermées», lance Rita Baga.

La famille recomposée de la drag queen prendra donc la route après ses deux représentations à Montréal. À Rouyn, les billets se sont envolés plus vite qu’ailleurs et, partout, la vente de billets va bon train. Jean-François a gagné son pari.

«Et puis, partir en tournée, c’est le fun, fait remarquer la reine montréalaise en collant ses faux cils. On a un autobus voyageur de 24 places et on est 22 dedans. Ça va donner mal à la tête au chauffeur, ça, c’est sûr.»

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