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Culture

Les amours imaginaires: Règle de trois

Marc-André Lemieux - Métro

Ce n’est pas un triangle, mais bien un duel amoureux qui se trouve au cÅ“ur du film Les amours imaginaires. Le cinéaste, scénariste et acteur Xavier Dolan tient la vedette de cette comédie dramatique aux côtés de Monia Chokri et de Niels Schneider. Gagnant du prix Regard jeune au dernier Festival de Cannes, le long métrage prend l’affiche le 11 juin.

L’amour aveugle

C’est au retour d’un road trip avec Monia Chokri et Niels Schneider que Xavier Dolan a écrit le scénario du film Les amours imaginaires. Mais attention, nous avertit le cinéaste, les élans du cÅ“ur dépeints à l’écran ne sont en aucun cas représentatifs du lien qui unit le trio dans la vraie vie. «Ce n’est absolument pas inspiré de nos vies, précise-t-il. On s’était juste dit que ça serait bien de se retrouver sur le plan professionnel.»

Dans son deuxième long métrage, Xavier Dolan joue le rôle de Francis, un jeune gai dans la vingtaine qui, à l’instar de sa meilleure amie Marie, cultive une obsession grandissante pour Nicolas, un nouveau venu dans leurs vies. Aveuglé par la beauté de ce dernier, le tandem se livrera un duel sans merci qui mettra en péril une amitié qui, contrairement aux intentions qu’ils prêtent à l’objet de leurs fantasmes, est bien réelle.

«En amour, on n’apprend jamais sa leçon, observe Xavier Dolan. Même si on peut voir les problèmes, les conflits, les tensions et la douleur qui se profilent à l’horizon, on préfère de loin les quelques instants de bonheur et de légèreté que l’amour aveugle peut nous procurer.»

L’ascension

En entrevue, Xavier Dolan ne semble pas dépassé outre mesure par son ascension fulgurante au zénith du cinéma international. Dire qu’il y a un an à peine, son nom, sa chevelure et ses lunettes à grosse monture ne faisaient pas partie du paysage culturel… S’il affirme avoir grandi sur le plan professionnel (les voyages et les rencontres lui en ont beaucoup appris sur le métier de promoteur, souligne-t-il), Xavier Dolan ne peut en dire autant sur le plan personnel.

La nouvelle coqueluche du cinéma d’auteur soutient que c’est le regard qu’on porte sur lui qui a changé au cours des 12 derniers mois, et non l’inverse. «Je suis toujours le même, insiste-t-il. Mon agenda se remplit plus vite et je mange moins bien, mais c’est à peu près tout!» Parlant d’horaire, en  janvier 2011, le bourreau de travail devrait entamer le tournage de son troisième film, Laurence Anyways, une coproduction Québec-France mettant en vedette Karine Vanasse, Suzanne Clément et Yves Jacques. Le long métrage, qui sera doté d’un budget avoisinant les 7 M$, traitera notamment de transsexualité et, bien entendu, d’amour.

Âme romantique
Monia Chokri pèse bien ses mots quand vient le temps de parler de son personnage dans Les amours imaginaires. De l’avis de l’actrice, Marie est une grande romantique, et ce, même si elle se montre parfois caustique et incisive. «Elle dit parfois les choses un peu sèchement, mais elle plonge, souligne-t-elle. Même si elle se doute que son amour est impossible, elle est remplie d’espoir.»

La comédienne éprouve beaucoup d’empathie pour celle dont elle a habité le corps et l’esprit l’automne dernier. Elle comprend l’étrange fascination que peuvent exercer un corps de rêve, un sourire ravageur et une étoile dans les yeux. «La beauté, ça tétanise. C’est quelque chose qui peut rendre fou», observe-t-elle.

Finissante du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2005, Monia Chokri tient dans le second film de Xavier Dolan son premier grand rôle au grand écran. Issue du milieu du théâtre, la comédienne croit que les réalisateurs et les producteurs auraient avantage à diversifier les têtes d’affiche, histoire de permettre à la relève de briller, elle aussi, sous les feux de la rampe.

«Ça pourrait éviter des situations du genre : un acteur est propulsé dans 10 films en 3 ans et tombe ensuite dans l’oubli parce que le public n’est juste plus capable de le voir», indique-t-elle.

Pouvoir de séduction
Quand on lui demande si le personnage qu’il interprète dans Les amours imaginaires joue avec les sentiments de ses proches, Niels Schneider hoche la tête. «Nicolas n’est pas un manipulateur. En fait, il ne se pose pas beaucoup de questions, explique le comédien. Ce qui le rend dangereux, c’est qu’il n’est pas conscient de son pouvoir de séduction.»

Pour Niels Schneider, accepter d’incarner le bellâtre inaccessible qui chamboule l’univers de ses deux amis, c’était aussi accepter de camper un rôle plutôt flou, dont les contours n’avaient pas été clairement tracés. «Il ne fallait pas que ce soit un personnage trop défini, observe l’acteur de 22 ans. Ce qui est intéressant, c’est le regard que les autres portent sur Nicolas, et non l’inverse. À la limite, on s’en fout, de son regard!»

Schneider, qui figurait aussi dans le premier film de Xavier Dolan, J’ai tué ma mère, ne tarit pas d’éloges envers son ami cinéaste. «Il est à l’écoute, souligne-t-il. Il sait ce qu’il veut et il s’exprime très bien, donc on comprend toujours ce qu’il essaie de nous expliquer.» Sur le plateau des  Amours imaginaires, les indications claires et précises du réalisateur ont été fort utiles au comédien, particulièrement pendant le tournage des nombreuses séquences ralenties qu’on peut voir dans le film.

«C’est drôle, parce que le premier réflexe, en tant qu’acteur, c’est de jouer au ralenti! Mais ça ne fonctionne pas comme ça! s’exclame Niels Schneider. Xavier nous répétait : « C’est la caméra qui va faire le ralenti… pas vous! »»

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