Culture

’77 Montréal: le punk n’a pas d’âge

Le chanteur de Bad Religion, Greg Graffin. / Josie Desmarais

Non seulement le punk n’est pas mort, mais il n’a pas d’âge. Le festival ’77 Montréal n’en est qu’à sa troisième édition, mais déjà, il a atteint une belle vitesse de croisière. La preuve, il a rassemblé deux groupes vétérans du punk comme têtes d’affiche: Bad Religion et Pennywise. Retour sur quelques moments marquants de cette journée qui a fait bouger petits et grands.

Bad Religion 

Oui, on peut être punk avec les cheveux blancs ou le crâne dégarni. Bad Religion en a fait la preuve en fin de soirée vendredi sur la scène principale de ’77 Montréal avec ses chansons à la fois rythmées et mélodieuses, qui se distinguent par leurs harmonies vocales.

En plus de jouer quelques morceaux de Age of Unreason, leur 17e album paru en mai dernier, les rockeurs quinquagénaires ont enchaîné les succès, dont Los Angeles Is On Fire, 21st Century Digital Boy, Sorrow et Sanity. Ce dernier a été introduit en mentionnant la folie du monde actuel. «The world has gone mad», a ensuite entonné le leader de la formation, Greg Graffin.

Tout comme Pennywise avant eux, Bad Religion a salué le public de la terrasse VIP. «Vous avez une meilleure vue, mais c’est ici en avant que ça se passe!» a lancé le chanteur, avec raison.

Les vétérans du punk, qui roulent leur bosse depuis 1982, n’en étaient pas à leur première visite à Montréal. «Nous sommes venus ici si souvent, nous voyons des visages familiers dans la foule. Il y a aussi de nouveaux visages, ceux d’enfants. On s’excuse si vos parents vous ont traîné de force ici, car ce sera fort, mais ce sera le fun», a promis Greg Graffin.

Et pour être fun, ce fut fun, malgré des transitions plus ou moins réussies entre les chansons.

«La prochaine est dédiée à tous ceux qui dorment dans le gazon à l’arrière. Un jour, ils se lèveront et conquerront le monde», a blagué le chanteur, poursuivant le spectacle avec la chanson I Want To Conquer The World.

Le groupe de Los Angeles, reconnu pour aborder des thèmes sociaux comme la politique et la religion dans ses chansons, ne pouvait pas terminer la soirée sans son plus grand hit: American Jesus, au plus grand plaisir des fans.

Crédit: Josie Desmarais / Métro

Pennywise

Ça chantait déjà «Oooh oh oh oooh» dans la foule avant que le spectacle commence. C’est dire si la performance de Pennywise était attendue. «Montréal, faites du bruit!» a d’emblée lancé le chanteur Jim Lindberg en français avant de demander, cette fois en anglais: «Êtes vous fucking prêts?»

L’extraterrestre mauve gonflable, le gars habillé en hot-dog (baptisé «Hot-Dog Man» par les musiciens) et les milliers d’autres fans du groupe californien l’étaient. «Nous sommes vos voisins du sud. Cette chanson parle d’un fils de pute (motherfucker) qui s’appelle Donald Trump», ont ensuite scandé les musiciens sous les applaudissements nourris de leurs fans.

Si leurs chansons rythmées ont été livrées avec énergie, les gars ont un peu trop bavardé à notre goût. On ne compte plus la quantité de «Make some noise» entendus. Heureusement, après avoir demandé de faire du bruit aux gens qui ont des tatouages, à ceux qui ont un mohawk et à tant d’autres, Jim Lindberg a crié : «Faites du bruit si vous voulez que je me la ferme et qu’on fasse d’autres tounes».

Entre les dites autres tounes, les musiciens ont aussi commandé du champagne aux gens dans la section VIP et lancé le gâteau de fête du chanteur dans la foule (il a eu 53 ans). Suivant l’adage «c’est ma fête, je fais ce que je veux», ce dernier s’est ensuite fait plaisir en jouant quelques reprises, dont TNT de AC/DC et Fight For Your Right des Beastie Boys.

Le meilleur a été gardé pour la fin. En plus de la nouvelle chanson Never Gonna Die, le groupe a sorti ses succès souvenirs Society et No Reason Why. Le tout s’est conclu par les hymnes punk Fuck Authority – le majeur bien tendu, bien sûr – et Bro Hymn, celui-là même que la foule chantait une heure plus tôt. Le tout devant un superbe coucher de soleil.

Crédit: Josie Desmarais / Métro

Streetlight Manifesto

Le cœur était à la fête pour la performance de Streetlight Manifesto, qui a livré son ska festif sur la Scène de l’est, juste avant le clou de la soirée, Bad Religion. L’heureux mélange de punk-rock et de ska aux cuivres endiablés a fait danser la foule tout au long de leurs 50 minutes de performance.

«Vous êtes trop gentils!» a lancé en français leur chanteur à l’énergie contagieuse. Seul bémol de leur performance, mais non le moindre: le «Comment ça va Toronto?» lancé avec beaucoup trop de conviction à mi-parcours. Heureusement, les fans leur ont pardonné assez vite cette bévue.

Crédit: Josie Desmarais / Métro

Charly Bliss

Les femmes sont malheureusement trop peu représentées dans la programmation de ’77 Montréal. Une des rares formations avec une chanteuse à sa tête à jouer vendredi était Charly Bliss.

Le groupe power pop de Brooklyn a livré une performance hyper énergique. Sautillant, dansant et tournant sur scène toujours avec le sourire, sa chanteuse Eva Hendricks en a mis plein la vue avec sa fougue et sa robe à paillette flamboyante.

«Est-ce qu’il y en a entre vous qui vivent une rupture en ce moment? a lancé la pétillante leader. Moi j’en vis une. Voici la meilleure chanson de rupture qu’on a écrite.» De sa voix haut perché, elle et ses musiciens tout de blanc vêtus ont enchaîné les chansons accrocheuses, dont la dynamite Capacity.

Enfin, la palme du moment inattendu de la journée revient au groupe The Exploited, qui a invité ses fans à les rejoindre sur scène pour leur dernière chanson. On a eu droit non seulement à un mosh pit géant, mais aussi à un spectateur costumé en pape et à un moon digne de ce nom.

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