Jusqu’au 2 septembre, Mutek présente l’installation Hexadome en collaboration avec le Musée d’art contemporain (MAC). Cette expérience sensorielle présente 10 œuvres audiovisuelles, dont une spécialement créée par le Montréalais Herman Kolgen pour la 20e édition du festival.
Pendant trois semaines, Hexadome, du Institute for Sound and Music (ISM) de Berlin, donne à voir au public une dizaine d’œuvres audiovisuelles. Assis au milieu d’une pièce plongée dans le noir, chacun est invité à s’immerger au cœur d’un dispositif unique de projection sur six écrans et d’une cinquantaine d’enceintes.
Présentée une semaine avant le début du festival international de créativité numérique et de musiques électroniques, l’expérience se veut marquante pour les festivaliers. Selon Alain Mongeau, fondateur et directeur artistique de Mutek, Hexadome est une des pièces maîtresses des célébrations du 20e anniversaire du festival, un peu comme «un cadeau fait aux Montréalais puisqu’il s’agit du projet le plus important depuis le début».
Hexadome est une installation pensée comme une plateforme pour les artistes. Elle a déjà été programmée l’an dernier dans la capitale allemande et, plus récemment, à San Francisco. Les vidéos, qui ont toutes ont été conçues par des artistes du son et de l’image spécifiquement pour ce dispositif immersif, se succèdent sur les écrans pendant près de trois heures et demie. Et pour la première canadienne, Herman Kolgen a été invité par Mutek et l’ISM à participer au projet.
L’artiste montréalais plusieurs fois récompensé pour ses travaux salue la qualité technique «phénoménale» d’Hexadome. «On est dans une bulle et la qualité sonore est incroyable. Les images et les écrans sont également fantastiques. Pour un artiste comme moi, c’est inespéré de travailler là-dessus», s’enthousiasme-t-il.
Une vision unique
Retina (23 minutes) a donc été envisagée par Herman Kolgen pour le dispositif d’Hexadome, qu’il a tout de suite vu «comme un instrument qui aurait presque quelque chose de biologique». Avec tous ces écrans circulaires, l’artiste n’a d’ailleurs pu s’empêcher de penser à l’œil d’une mouche. «Comment, grâce aux multiples facettes de notre rétine, réussissons-nous à nous connecter avec le monde extérieur?» s’interroge-t-il lors de la présentation de l’exposition à la presse.
L’artiste confesse même être subjugué par la vision du monde propre à chaque individu: «Nous pensons voir la même chose, mais la réalité est traduite de façon différente par chacun de nous, cela pourrait s’appliquer aux couleurs par exemple. Tout cela me fascine.»
Il raconte avoir «travaillé à partir de l’impression de la réalité sur notre œil et comment celle-ci se grave dans notre mémoire. Cette image-là se déforme avec le temps, on a des souvenirs d’enfance et ils évoluent avec nous. Notre rapport avec l’extérieur passe par notre biologie, mais aussi par émotivité. Ce mélange magique de ces deux aspects est propre à chacun».
Herman Kolgen s’est aussi intéressé à la surcharge d’image à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. «Ç’a beaucoup changé depuis les 50 dernières années. Nous sommes hyper sollicités, et ça rentre tellement vite dans notre cerveau que c’est difficile de se souvenir de tout. Cela rajoute un côté très éphémère à l’image.»
«Comment les images les plus importantes s’imprègnent-elles dans notre cerveau?» poursuit-il.
L’esprit Mutek
Alain Mongeau qualifie toutes les créations d’Hexadome de «très mutekiennes». Certains artistes ont d’ailleurs déjà participé aux éditions précédentes et, pour ceux qui n’avaient pas eu cette occasion jusqu’à présent, «ils ont toute leur place au festival» insiste son fondateur.
Pour les 20 ans de Mutek, la volonté était de rallier le plus grand nombre. «Beaucoup de personnes trouvent que Mutek est un festival de niche, et Hexadome nous permet d’être grand public. C’est parfait que le projet se retrouve au musée pour interpeller des néophytes», conclut Alain Mongeau.
Afin de rendre l’expérience encore plus intense, plusieurs performances sont aussi organisées au MAC d’ici le 2 septembre. Herman Kolgen réalisera Retina en live le 25 août à 18 h et 20 h. Les 24 et 31 août à 16 h, c’est une projection adaptée du film Mother! de Darren Aronofsky par le collectif new-yorkais Little Cinema qui se tiendra dans l’Hexadome.
Ce n’est pas tout, trois installations gratuites sont organisées pour la 20e édition de Mutek :
- Du 17 au 28 août à la salle d’exposition de l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts
- Du 20 au 24 août à la Société des arts technologiques
- Les 23 et 24 août aux studios des 7 Doigts