Culture

Cette semaine, Métro craque pour Ad Astra, Shuni, L’État…

Ad Astra

Ad Astra

Ad Astra

Si on mélangeait au malaxeur 2001: L’odyssée de l’espace et un livre de Sigmund Freud, il y a de bonnes chances que le résultat ressemblerait à Ad Astra, dernier film du réalisateur américain James Gray (The Immigrant, The Lost City of Z). Il y a en effet un peu du classique de Kubrick dans ce space opera introspectif, qui s’intéresse en arrière-plan à l’attachement et à la relation père-fils. La quête, elle, évoque Apocalypse Now, ou Au cœur des ténèbres, le roman qui l’a inspiré. Dans un futur proche, l’astronaute Roy McBride (Brad Pitt, à la fois imperturbable et touchant de sensibilité) doit partir à la recherche de son père, qui a disparu depuis longtemps dans le coin de Neptune (Tommy Lee Jones) et qui est possiblement responsable d’un mal mystérieux qui menace la Terre… On est loin de Star Trek ou de Star Wars (même si les scènes d’action ne manquent pas), et c’est tant mieux.

Benoit Valois-Nadeau


L’État

À la veille des élections, l’éditorialiste du journal L’État reçoit un colis qui révèle un secret intime bien gardé. S’ensuit un duel entre elle (Louise Laprade) et le rédacteur en chef (Robert Lalonde), son ancien mari, qui refuse de publier son éditorial explosif dans lequel elle ambitionne de révéler au grand jour des informations qui pourraient avoir des répercussions majeures sur l’issue du scrutin. La tension monte: un texte doit être envoyé rapidement à l’imprimerie. Entre rires et larmes, le passé refait surface dans un débat dont l’issue est incertaine. Existe-t-il un terrorisme nécessaire, celui de la vérité?

Au Théâtre Denise-Pelletier

Zacharie Goudreault


Fleabag

Phoebe Waller-Bridge a récolté quatre Emmy la fin de semaine dernière pour la deuxième saison de Fleabag, et si vous devez rattraper un truc qui vous a échappé durant les vacances estivales, c’est ça. N’ayons pas peur d’exagérer, les deux saisons de six épisodes sont presque parfaites. C’est de loin ma comédie préférée des dernières années, et la plume sensible de l’auteure, qui tient aussi le rôle-titre, vous renversera. Rares sont les séries qui osent autant, sans faire fausse route. Une révélation.

Sur Amazon Prime Video

Stéphane Morneau


World Press Photo

Les lauréats du World Press Photo 2019 sont exposés pendant un mois à Montréal. On y va pour les impressionnantes photos d’actualité qui nous rappellent tous les événements importants de l’année passée, dont Fillette en pleurs à la frontière de John Moore, lauréate de cette édition (ci-haut). Des images prenantes et très émouvantes à voir au moins une fois. Dépêchez-vous, l’exposition se termine dimanche!

Au Marché Bonsecours

Claire Aboudarham


Knock

Près de 100 ans après sa création, ce classique signé Jules Romain est toujours aussi pertinent. Confiance aveugle envers les médecins, surdiagnostics, intérêt des patients relégué au second plan… Voilà quelques pratiques douteuses du Dr Knock. Dans le rôle-titre, Alexis Martin brille, tout comme le reste de la distribution. Si on a adoré l’humour et les clins d’œil au cinéma expressionniste des années 1920 (maquillages appuyés, gestuelle excessive, trame sonore dramatique), on se serait passé de la finale moralisatrice.

Au TNM

Marie-Lise Rousseau


Shuni

Shuni, c’est Julie prononcé en innu, les sons J et L n’existant pas dans cette langue. Julie, c’est cette amie d’enfance de la narratrice, de retour dans la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam pour aider les Innus. Shuni, c’est une longue lettre, un souffle de beauté et de vérité, dans laquelle Naomi Fontaine déconstruit les nombreux préjugés qui collent encore à la peau des Autochtones. Colonisation, statistiques, langue, traditions, modernité, souffrance, résistance, fierté… Tous ces concepts et bien d’autres sont mis en lumière pour rappeler, tout simplement, à quel point les réalités des Innus sont complexes et multiples. Shuni, c’est un magnifique geste d’amour sans fard ni artifice de l’auteure pour sa communauté.

Aux éditions Mémoire d’encrier

Marie-Lise Rousseau


Jusqu’ici, tout va bien de Julien Lacroix

Jusqu’ici, tout va très bien pour Julien Lacroix. Trois prix Olivier, un film (Mon ami Walid), des capsules web regardées des centaines de milliers de fois et un premier spectacle solo qui touche la cible. Arrogant, baveux et grand spécialiste du malaise, l’humoriste se fait un plaisir d’aller là où ça grince: famille dysfonctionnelle, alcool au volant, sexualité adolescente, tout y passe… Le public aussi: «T’es enceinte? T’as quel âge? 24 ans? T’as pas peur de gâcher ta vie?» On aurait pris un peu moins de jokes d’étrons oubliés et plus de substance, mais le voyage en vaut la peine.

En tournée partout au Québec

Benoit Valois-Nadeau


Et on se désole pour…

Mononcle Pivot

On peut être à la fois érudit et profondément abruti. L’écrivain français et président de l’Académie Goncourt Bernard Pivot en a fait la preuve cette semaine en ajoutant sa voix au déluge de critiques inappropriées ciblant la militante environnementaliste suédoise Greta Thunberg, qu’il compare aux Suédoises «moins coincées» que «les petites Françaises» de son époque. Coincée, la jeune Thunberg? C’est plutôt M. Dictée Bernard Pivot qui est coincé: dans une autre époque.

Marie-Lise Rousseau

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