Le metteur en scène québécois Robert Lepage plaide pour une meilleure exportation de la culture québécoise à l’étranger. Se basant sur son propre répertoire, il croit que les histoires de la Belle Province ont la capacité d’intéresser les gens provenant de l’extérieur.
«La culture du Québec est reconnue comme une culture très jeune qui est encore en train de s’inventer. En même temps, on a la liberté de s’inventer, d’avoir une culture qui ressemble à nos valeurs», a souligné l’homme de théâtre lundi, lors d’une conférence du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
La réputation de Robert Lepage à l’étranger n’est plus à faire. Le metteur en scène et réalisateur a vu plusieurs de ses productions théâtrales, comme La Trilogie des dragons et 887, être encensées hors-Québec. Le secret, selon lui, consiste à parler des Québécois et de leur histoire.
«Tu amènes ça en France ou au Japon et les gens se reconnaissent. Parce que, chez eux, ils ont vécu quelque chose de proche», soutient M. Lepage.
«On est très colonisés encore aujourd’hui, les Québécois, parce qu’on pense que notre histoire n’intéresse personne. Mais pas du tout», poursuit-il.
Des atouts financiers
L’artiste de 61 ans voit des intérêts financiers importants à ouvrir la culture québécoise au monde. Lui-même l’a vécu avec sa compagnie de production Ex Machina, avance-t-il.
«Habituellement, une compagnie de création comme la nôtre va aller chercher une bonne partie de son financement par des subventions provinciales, fédérales, municipales. Souvent, ça forme 80-90% du financement. Nous, bon an, mal an, c’est 12%. Tout le reste, c’est de l’argent qui vient d’Australie, d’Allemagne.»
Son projet de théâtre à Québec, Le Diamant, a d’ailleurs récolté une somme de 1 M$ d’un investisseur japonais en 2016.
«C’est la culture qui est la vitrine. C’est très, très important d’exporter la culture.» – Robert Lepage
Lutte aux GAFA
Dimanche soir, au Gala de l’ADISQ, l’auteur-compositeur-interprète Pierre Lapointe a fait un discours-choc sur la survie de l’industrie culturelle locale. Robert Lepage l’entend et fait part de sa «solidarité» avec le milieu, malgré l’influence moindre des géants du web sur son milieu.
Son conseil aux artistes du Québec prend toutefois appui dans sa philosophie culturelle. «Ça dépend comment on se place dans cela. On a fait de Netflix un gros monstre qui va nous avaler, mais je pense qu’il faut aller voir notre place là-dedans», suggère-t-il.
Lepage invite les jeunes artistes Québécois «à se projeter à l’extérieur». «Il faut peut-être aller au coeur de la bête pour voir comment on pourrait en tirer profit», affirme-t-il.