Voici ce qui fait craquer la rédaction de Métro cette semaine…et ce qui la désole!
1- Frontera
Plus de 24 heures après avoir assisté à cette déstabilisante performance, on est encore sous le choc. Frontera, de la chorégraphe canadienne Dana Gingras, réfléchit avec un puissant symbolisme aux conditions des réfugiés et à la notion de frontière. Les mouvements des 10 danseurs, souvent impétueux et effrénés, parfois marqués par des ralentis déroutants, sont toujours parfaitement agencés à la musique rock alternative prenante et hypnotisante des Montréalais de Fly Pan Am – qui jouent sur scène – et aux éclairages frénétiques du collectif United Visual Artists. Le résultat est si percutant, si confrontant, si remuant qu’on est ressortie de ces 75 minutes complètement saisie, essoufflée et renversée. Un spectacle qu’on gardera longtemps en mémoire. Frontera, de la troupe Animals of Distinction, est présentée jusqu’à samedi au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Marie-Lise Rousseau
2- Robert en CharleboisScope
Robert Charlebois est un monument de la culture québécoise. Et à 75 ans, ce monument est toujours en pleine forme. Il suffit de le voir chanter à tue-tête sans aucune fausse note, jouer avec fougue des solos de guitare, sauter du piano à la batterie avec aisance, bref, rocker la scène comme s’il n’y avait pas de lendemain, pour le constater. Ce spectacle-événement impeccable, haut en couleur et empreint d’humour – bref, à son image –, dans lequel le chanteur revisite ses grands succès, est à voir absolument. Ce faisant, on assiste à l’Histoire avec un grand H, surtout lorsque sa complice Louise Forestier se joint à lui pour les éternelles California et Lindberg. Jusqu’à samedi, puis du 16 au 18 avril à la Salle Wilfrid-Pelletier. Marie-Lise Rousseau
3- Imagine Van Gogh
Imaginez flâner dans un champ de tournesols, sous une nuit étoilée ou parmi les bouquets d’iris. C’est ce que propose l’expo immersive Imagine Van Gogh. Près de 200 toiles de l’artiste sont projetées sur les murs de cette installation où les visiteurs peuvent déambuler en musique, s’allonger sur le sol et se laisser aller à rêver. Un beau mariage d’art et de technologie, qui nous en fait voir de toutes les couleurs! À Arsenal art contemporain jusqu’au 2 février. Chloé Machillot
4- Sainte-Foy
Akena Okoko, mieux connu sous le nom de KNLO par les fans d’Alaclair ensemble, aurait-il tous les talents? Rappeur émérite, il se révèle être aussi un poète novateur dans Sainte-Foy, son premier recueil. Sa poésie narrative nous ramène dans les années 1990, alors que le jeune métis afro-québécois détonnait dans la très blanche ville de Québec. Dans un style qui rappelle parfois le haïku par sa simplicité, il évoque successivement son amour du basket, le racisme ordinaire, sa famille éclatée et sa découverte du hip-hop. À lire d’un trait ou à petites doses. Aux éditions de Ta Mère. Benoit Valois-Nadeau
5- Comment être drôle
Dans ce très chouette balado, l’humoriste et ex-Appendice Julien Corriveau décortique et déconstruit les codes de l’humour… avec beaucoup d’humour. Chacun des huit épisodes d’une trentaine de minutes, réalisés par le tout aussi drôle Mathieu Charlebois, approfondit un type d’humour, par exemple le sketch, le jeu de mots ou encore l’absurde. En plus de rire un bon coup grâce aux anecdotes et explications de l’animateur et de ses invités, on en apprend énormément sur les dessous du métier. Marie-Lise Rousseau
6- Léo, saison 2
Fabien Cloutier récidive avec une deuxième saison de sa version télévisuelle et franchement comique de son «chum à Chabot» du théâtre. La comédie Léo, c’est la meilleure production originale du Club illico avec son amour contagieux pour le «vrai» monde et ses textes d’une rare humanité. On retrouve la belle brochette de personnages de la première saison ainsi que de nouvelles situations problématiques pour notre Léo, maintenant en amour et sur le point de devenir, enfin, un adulte. Ça se dévore comme des chocolats de Noël. Sur Club illico. Stéphane Morneau
7- Varda par Agnès
Voilà l’ultime regard qu’Agnès Varda, disparue en mars, pose sur son œuvre. Ce documentaire s’écoute comme une leçon de cinéma, se vit comme un héritage. Face à la caméra, elle raconte des histoires, son histoire, celle de ses films, avec cet œil qui n’a jamais rien perdu de son éclat. Le féminisme, Jacques Demy, les États-Unis, la plage… la cinéaste française nous transmet son amour du 7e art et, surtout, celui des autres. Au moyen de la poésie et de son immense affection, Agnès Varda nous murmure ici, en quelque sorte, «adieu». En salle aujourd’hui. Amélie Revert
Et on se désole pour…
Renaud et les enfants
On apprenait récemment que le vénérable chanteur pour enfants Henri Dès éprouvait des ennuis de santé. Renaud veut-il prendre sa place? À l’écoute de son nouvel album sur l’enfance Les mômes et les enfants d’abord, souhaitons que non. Ce 18e effort solo est lourdement handicapé par la voix de plus en plus rocailleuse, voire inaudible, de «Mister Renard» et par ses textes bancals. Un album qui nous laisse béton, bref. Benoit Valois-Nadeau