Il donna le rythme à un groupe de légende, dirige son propre groupe depuis 30 ans et a son nom inscrit deux fois au Rock and Roll Hall of Fame: à 80 ans, Ringo Starr a plus que jamais la pêche.
La pandémie a vidé son emploi du temps habituellement chargé de concerts, mais l’ancien Beatle s’apprête à sortir un EP (un mini-album) et ce mercredi, un livre de photos commémorant son groupe, le All Starr Band, via la maison d’enchères Julien’s.
C’est peu après une cure de désintoxication pour alcoolisme que Ringo fonda, en 1989, le All Starr Band, accompagné, au départ, de la star du blues Dr. John, Joe Walsh des Eagles et Nils Lofgren et Clarence Clemons, du E Street Band de Bruce Springsteen.
«J’avais récemment arrêté (de boire), mais j’avais besoin de trouver un moyen de revenir dans le circuit», a confié le batteur et chanteur dans une récente interview à l’AFP en ligne, depuis son domicile de Los Angeles.
«À l’époque, on avait ces annuaires téléphoniques si modernes, et j’ai commencé à appeler des gens», raconte-t-il. «Ça a très bien marché.»
Le livre de photos, Ringo Rocks: 30 Years of the All Stars, revient sur trois décennies d’aventures de son groupe, riche de nombreux clichés et d’anecdotes de Ringo.
«30 ans…Je n’ai jamais pensé, “Oh, mec, je pourrais faire ça pendant 30 ans (…) Et ç’aurait été 31 ans si on n’avait pas eu cette pandémie!”»
Il a annulé deux tournées depuis le début de la Covid, et la grande fête qu’il organise habituellement pour son anniversaire — il est né le 7 juillet 1940 — a dû se faire en ligne.
«Au début j’étais vraiment déprimé. Je me disais, “Je veux partir en tournée, je veux jouer” (…) Je restais à l’intérieur en pensant, “Je veux sortir, je veux enlacer des gens” — sauf que le résultat, c’est que je pourrais en mourir. Donc je l’ai pas fait non plus», raconte l’octogénaire.
«Trois frères»
À la place, il a concocté un EP — «J’adorais les EP quand j’étais jeune», dit-il — enregistré dans le studio de sa maison, d’avril à octobre.
Ce mini-album de quatre titres, intitulé Zoom In — un titre «qui colle bien avec l’époque, (les appels sur Zoom) on ne fait que ça», dit-il — en collaboration avec une série de vedettes.
La chanson-phare, Here’s To The Nights — qui sort ce mercredi, en même temps que l’album photo – a été écrite par Diane Warren, et fait intervenir Joe Walsh, Sheryl Crow, Lenny Kravitz…et même Paul McCartney.
«S’il est dans le coin et que je fais un disque, je mets toujours un titre de côté si je sais qu’il va venir», dit Ringo de son ex-compère des Beatles. «C’est un joueur de basse incroyable et un être humain magnifique.»
Le 40e anniversaire de la mort de John Lennon, le 8 décembre dernier, a été pour Ringo «un moment de réflexion».
Enfant unique, «j’avais trois frères très proches», dit-il au sujet de son groupe.
«Marquer le tempo»
Après plus de 50 ans comme musicien, une chose a toujours été claire pour le natif de Liverpool: il adore être dans un groupe.
«Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec d’autres musiciens», dit-il. «Quand j’ai débuté, beaucoup de gens débutaient aussi, alors on a appris ensemble, on a répété ensemble, on a fait des erreurs ensemble.»
Les solos virtuoses à la batterie, très peu pour lui: Starr dit préférer battre la mesure pour ses camarades.
«Certains ont fait vraiment des solos formidables, mais c’est quelque chose qui moi ne m’a jamais attiré — même quand j’ai commencé, lorsqu’on cherche vraiment à se mettre en valeur», dit-il.
«Je voulais vraiment mar/quer/le/tem/po», dit-il, martelant chaque syllabe.
Lors de l’enregistrement de son nouvel album, les musiciens ont été très prudents, dit-il. «On était vraiment conscient que c’était la folie dehors, alors on a tous porté des masques et on a gardé nos distances.»
«Parfois c’était cinq pieds (1,50 m) au lieu des six» réglementaires, dit le musicien, blagueur notoire.
«Ça m’a bien occupé, et puis j’aime peindre, j’ai une petite pièce où je peux faire gicler de la peinture sans gêner personne», dit-il. «Je trouve des choses à faire pour rester actif.»