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«Poupée russe»: bienvenue dans la vie de Sarahmée

Sarahmée poupée russe

Sarahmée

La rappeuse Sarahmée est de retour avec Poupée russe, un troisième long-jeu plus intime que jamais. À cette occasion, Métro a rencontré la généreuse autrice-compositrice-interprète qui était sur tous les fronts cette année.

Elle est partie, Bienvenue dans ma vie. Avec les deux premiers extraits de Poupée russe, Sarahmée donne le ton. Au gré de mélodies aussi affûtées que grisantes, l’artiste déploie un flow authentique et sans compromis pour évoquer son ressenti, presque comme une mise à nue.

Pouvez-vous nous présenter votre dernier album Poupée russe?

Je dirais que Poupée russe est plus personnel que mes anciens projets. J’avais commencé à travailler dessus avant 2020, mais tout s’est concrétisé pendant la pandémie. C’est donc un résumé de l’état d’esprit dans lequel je suis, et j’ai été dans les deux dernières années. J’ai essayé de faire un album à mon image pour montrer quel genre de personne je suis.

Justement, où en est la Sarahmée de 2021?

Il y beaucoup de lucidité et de clarté dans ma vie et mon approche de la musique. J’ai écrit Poupée russe dans une atmosphère très différente d’Irréversible [disque paru en 2019, NDLR]. À l’époque je passais beaucoup de temps en studio, je me couchais très tard et j’étais dans un environnement pas très sain… Là, c’est tout le contraire. J’ai fait cet album sans prendre de substances, en travaillant mon écriture et en pensant à ce que je voulais livrer comme message. J’ai mis plus de profondeur dans le processus créatif de chaque chanson.

Poupée russe, que cela signifie-t-il pour vous?

Je n’aime pas chercher des titres! Puisque j’avais cette chanson, Poupée russe, j’ai eu un flash. Le principe des poupées russes est une image que j’aime particulièrement. Les gens m’ont beaucoup vue dans les médias la dernière année, donc ils savent qui est Sarahmée mais ils ne me connaissent pas tant que ça. Je suis pudique et je ne parle pas de ma vie privée, mais avec cet album je suis plus directe et franche. On peut désormais me découvrir. Chaque piste est finalement comme une poupée russe. Je donne mon avis, je me positionne et je ne me suis jamais censurée. Et je suis satisfaite de ça, même si ça en fait sourciller certains.

Et pourquoi cela serait-il le cas?

Les gens vont peut-être être déstabilisés par certaines choses… Je parle de racisme assez ouvertement, du fait que parce que je suis une femme, on n’estime pas mon talent comme celui d’un homme. Je suis conditionnée à prouver qui je suis, tout le temps. La société veut que les femmes travaillent dix fois plus fort. On ne l’a pas facile. Le public va aussi apprendre, pour ceux qui ne le savent pas déjà, que je suis une thérapie, que ma sobriété tient une place importante. J’ai pris la vie d’une autre manière et je suis fière de mon parcours. Que cela soit bon ou mauvais, je l’assume pleinement.

J’verse deux-trois gouttes d’eau bénite/Prie pour que j’atteigne le zénith/Le racisme est systémique/L’élite nous prend pour des débiles/Le respect se mérite/J’suis ton ancienne pas ta p’tite

Poupée russe de Sarahmée

Vous parlez aussi de votre mère dans vos morceaux. Qu’en est-il?

C’est une femme qui influence beaucoup la personne que je deviens. Parfois, lorsqu’on vieillit, on pense qu’on ne ressemble pas du tout à nos parents, mais c’est faux! (Rires) Je suis très proche de ma mère. Elle a toujours joué de la musique, notamment d’un instrument à cordes d’Afrique de l’Ouest qui est la kora, chanté dans des chorales, organisé des concerts à la maison, etc. Elle a donc eu un énorme impact sur moi. Je voulais me rapprocher d’elle en ce sens. Il fallait aussi que je lui redonne ce qu’elle mérite.

Vous avez collaboré avec plusieurs artistes pour Poupée russe. Comment cela s’est-il passé?

J’avais vraiment le goût de travailler avec eux. Par exemple, FouKi, que j’admire, m’avait dit l’année passée lors du gala de l’Adisq de le contacter si j’avais du nouveau. J’avais donc gardé ça en tête. Maky Lavender pour sa part, propose quelque chose de différent et de rafraîchissant. Et j’aime son attitude. Je pensais d’ailleurs qu’il allait écrire en anglais pour Tout quitter, mais non il l’a fait en français. Peut-être que cela surprendra les gens? J’en suis très contente en tout cas. J’ai également invité Chilla. Je l’avais rencontré lors d’un festival à Lille en 2019. Comme elle avait beaucoup aimé ma performance, elle m’avait invitée pour Planète Rap [émission de radio culte en France diffusée sur Skyrock, NDLR] à Paris. Je suis donc restée en contact avec elle, et elle était super down de participer à Villipendées. Ça donne un gros son avec une réalisation malade!

Vous venez de passer une année bien remplie…

Je n’ai pas arrêté! La fin des faibles est un cadeau tombé du ciel! J’ai suivi le concept de près dès le début, donc l’expérience n’en a été que très belle. Nous avons passé de très beaux moments. J’avais une position très privilégiée en pouvant notamment donner des conseils aux participants et voir le début de leur carrière. Je suis ravie que l’émission revienne pour une deuxième saison. En ce qui concerne la Fête nationale, c’était le fun de côtoyer des artistes et de faire un spectacle alors que les shows n’avaient pas vraiment recommencé. Me confier l’animation m’encourage. À Charlevoix en plus… C’était la totale et c’est dur de se plaindre! (Rires)


Sarahmée sera en spectacle aux Francos de Montréal le 11 septembre, puis en tournée à partir de novembre pour présenter Poupée russe.

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