Aujourd’hui âgé de 30 ans, P-O Forget a gradué de l’École de l’humour en 2019. Avant même qu’il n’obtienne son diplôme, il faisait déjà la première partie des spectacles de Yannick De Martino, humoriste qui était aussi son premier colocataire à son arrivée à Montréal, lui qui est originaire de Québec. La paire a même écrit un spectacle entier ensemble, appelé Symbiose, qui est présenté à l’occasion.
Assis au café La Troisième Tasse dans le village, l’humoriste P-O Forget est nerveux : c’est sa première entrevue en personne avec un journaliste.
« C’est bizarre de parler de moi comme ça en entrevue », avoue celui que l’on peut voir presque chaque soir dans les différentes soirées d’humour de la métropole, que l’on peut suivre sur TikTok pour voir ses hilarantes vidéos, qu’on a pu découvrir à l’émission de Noovo Le prochain stand-up et qui s’apprête à capter son spectacle Ma meilleure heure, qu’il a présenté toute l’année à différentes occasions.
Ne pas nourrir l’égo
C’est que même si P-O Forget multiplie les apparitions sur scène, contrairement à plusieurs humoristes, jamais il ne parle de lui, même dans ses textes d’humour.
« Je ne trouve pas ça intéressant. Si j’en parle, j’essaie d’avoir un “je” universel qui n’est pas relié à mon égo. Je m’utilise pour parler de choses qui peuvent rejoindre tout le monde. Je n’ai pas d’anecdotes sur ma vie et si j’en avais, ce serait pour parler d’autres choses en sous texte. »
Lui-même actif sur les réseaux sociaux où il partage son travail, l’humoriste trouve qu’il est facile de tomber dans le narcissisme avec Internet.
« Le critère que j’utilise pour distinguer le genre de créateur de contenu sur Internet : est-ce que ce que tu publies va servir ton égo ou va concerner des choses qui te sont extérieures? »
Il rigole en disant que s’il devient un monstre mégalomane, ce sera de la faute du journal Métro qui lui a demandé de faire une entrevue pour parler de lui.
L’humour dans le chaos
C’est plutôt dans la folie du monde que ses blagues naissent. Regarder des interactions sur Twitter est pour lui une excellente manière de penser à des blagues.
« J’ai découvert Twitter pendant la pandémie. Quel esti de chiard! Je trouve ça fou. Dans le même fil d’actualité, tu as du vrai bon journalisme de fond et tout de suite en dessous des gens qui disent que la Terre est plate. »
P-O Forget
Toute la polarisation qu’on y trouve est aussi pour lui une bonne source d’inspiration.
« Le monde est tellement tendu. C’est une guerre de culture. Tout t’invite à choisir un camp de manière drastique. Je n’aime pas le chaos, mais je trouve ça stimulant à regarder. »
À ses yeux, les gens qui habitent intensément leurs positions sont drôles, surtout quand « c’est des positions de cave ». Par exemple, il trouve que la radio poubelle de Québec donne « un bon show, même si c’est très crétin ».
Avenir prometteur
P-O Forget a découvert sa passion pour l’humour en 2014, alors que dans un avion vers le Mexique, il est tombé sur un spectacle de l’humoriste américain Louis C.K. qui l’a « jeté par terre ». Pendant les deux semaines qui ont suivi, il ne pensait qu’à reprendre l’avion vers le Québec pour pouvoir réécouter le spectacle. Peu de temps après, il a lâché son emploi en publicité pour se concentrer sur une chose : écrire des blagues.
« Tout ce que je fais, c’est penser à des blagues, écrire des blagues, raconter des blagues. Une vraie vie de nerd. Je n’ai aucune autre ambition », rigole-t-il.
Maintenant, chaque fois qu’il vend des billets pour son spectacle, il n’arrive pas à croire que les gens paient pour le voir raconter des gags. « J’ai l’impression que je les arnaque », lance-t-il en riant.
« Je n’en reviens pas de pouvoir faire des shows. J’ai toujours l’impression que c’est le dernier et que, le lendemain, je vais devoir aller porter des CV », poursuit l’humoriste, rempli de reconnaissance.
Pourtant, les affaires vont bien pour P-O, qui vient de signer un contrat avec la boîte de production Encore, notamment derrière les spectacles de Martin Matte et Arnaud Soly.
« Ils veulent investir pour que je crée éventuellement un nouveau show avec lequel je pourrais partir en tournée. C’est un rêve pour moi. J’aimerais aussi faire des chroniques à la télé ou jouer dans différents projets. »
En attendant de le voir en tournée dans les plus grandes salles de la province, on peut attraper son spectacle le 19 janvier au Lion d’Or et le suivre sur ses différentes plateformes de réseaux sociaux où il diffuse ses vidéos humoristiques.