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Dead Man Talking: Et si les morts pouvaient parler?

Avec Dead Man Talking, l’acteur et réalisateur belge Patrick Ridremont signe un conte dans lequel un condamné à mort se met à parler pour échapper à sa sentence.

Dans un pays qui n’existe pas, un condamné attend la mort dans sa cellule. Il en est à ses derniers instants, les tout derniers. «Souhaitez-vous dire quelque chose avant votre exécution?» lui demande le gardien de prison. À bien y penser, il a quelque chose à dire, oui. Beaucoup de choses, en fait. Et pas pour rien. Profitant d’un vide juridique, l’homme commence alors à raconter son passé, retardant ainsi le moment de sa fin. Pendant qu’il déballe ses souvenirs, bientôt télévisés en direct, il se met à attirer les curieux, comme une sorte de Christ.

Réalisé et coscénarisé par l’acteur belge Patrick Ridremont, qui incarne aussi cet homme attendant le trépas sur sa croix, Dead Man Talking est un film à l’humour noir. Un film que «le public aime parce que chacun peut le voir à travers sa lorgnette», estime Ridremont.

Vous aimez parler?
Oui, je pense. J’aime, en tous les cas, le pouvoir de la parole.

Semblerait-il qu’en recevant votre scénario, François Berléand [qui incarne le directeur de la prison] a commencé par lever les yeux au ciel en se disant : «Oh non! Pas encore un film sur la peine de mort!» Puis, il s’est mis à lire et il a changé d’avis. Est-ce un effet que vous cherchiez à produire sur le public également?
Oui. Sur le public et sur les comédiens aussi. Puisqu’on souhaitait proposer le scénario à des acteurs d’envergure auxquels on ne pouvait payer leur cachet habituel, il fallait les attirer avec autre chose. En l’occurrence avec des bons rôles qu’ils auraient envie de jouer. François Berléand me disait avoir lu le scénario comme il aurait lu un roman.

Un homme sur sa croix qui se met à parler, rassemblant ainsi des fidèles autour de lui… On a déjà entendu ça quelque part, non?
Oui, bien sûr! Quand j’ai commencé à écrire ce scénario, j’avais 33 ans. Je voulais mettre en scène un type qui raconterait des paraboles. Et, plus il en raconterait, plus il y aurait de gens qui l’écouteraient. Au-delà du fait qu’il soit en croix, il y a quand même des références très claires à la Bible… dont un ange!

Vous n’avez pas situé l’action dans un lieu défini. Était-ce pour faire une œuvre vraiment universelle et intemporelle?
Je voulais surtout me débarrasser d’une référence linguistique à la peine de mort. Dans un premier temps, on n’a pas arrêté de me dire que, puisque l’histoire parlait de peine de mort, elle devait forcément se passer aux États-Unis, et qu’il fallait donc tourner en anglais. Mais le film était écrit en français, je voulais tourner en français, et une des manières de dire qu’on n’était pas en Amérique, c’était de plonger dans un conte.

Le film commence par un long moment sans paroles jusqu’à ce que le prêtre entre dans la cellule et demande : «Excusez-moi, j’ai raté quelque chose?» Un moment de répit avant le flot de paroles du condamné?
C’est un peu le calme avant la tempête, oui, mais je voulais surtout que l’on oublie la langue et que, lorsque le curé arrive et pose sa question, ça paraisse normal qu’il le fasse en français. Et puis, je trouvais que c’était un joli contre-pied qu’un film qui s’appelle «le mort qui parle» commence dans le silence!

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Votre film, c’est aussi l’histoire d’un homme qui n’est pas grand-chose et qui arrive à devenir quelqu’un. Trouvez-vous que c’est en touchant le cœur des autres qu’on arrive à devenir quelqu’un?
En fait, pour moi, le condamné existe, il est humain, parce qu’il touche le cœur de tous les personnages présents, oui. C’est un film qui parle aussi de ça : comment exister.

Dans une scène, il y a une discussion sur ce que les personnages rêvaient d’être lorsqu’ils avaient huit ans. Le gardien voulait être boxeur, l’aumônier, gendarme. Et vous?
Moi, le personnage ou moi Patrick?

Vous, Patrick.
Oh, moi à huit ans, je voulais être gynécologue! Je voulais mettre les enfants de ma mère au monde. Je pense que je n’avais pas encore terminé mon Œdipe. Après ça, je voulais être avocat. Procureur. Je voulais mettre les méchants en prison.

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Dead Man Talking
En salle dès vendredi

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