Le réalisateur Sylvain Archambault et l’acteur Paul Doucet s’attaquent à un sujet tabou et important dans La garde, où ils abordent la détresse parentale.
«Quand on fait un film, on prend la parole. Et quand tu prends la parole, tu as la responsabilité sociale et culturelle d’essayer d’être intéressant et de signifier quelque chose. Parce qu’il y a plein de gens qui ont des meilleures idées et de meilleures choses à dire que toi et qui ne sont pas financés.»
Ces propos sont de Sylvain Archambault. Avec son nouveau long métrage, La garde, le cinéaste tranche avec tout ce qu’il a fait jusqu’à maintenant (Pour toujours les Canadiens, Piché: Entre ciel et terre, French Kiss). Déjà sa mise en scène est plus âpre et incisive. Le film écrit et tourné dans l’urgence (en 6 semaines et 14 jours respectivement) à partir d’un budget modeste est surtout très personnel, même s’il n’est pas à saveur autobiographique.
Adoptant la forme du huis clos, le récit s’apparente à des vacances de chasse entre un père (Paul Doucet) et son fils (Antoine L’Écuyer). Sauf que le premier a enlevé le second, dont il n’a pas la garde, et personne ne sait comment cette escapade en forêt risque de se terminer.
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Cette thématique délicate et dérangeante, mais toujours d’actualité, a été peu abordée au cinéma québécois, si ce n’est dans Le piège d’Issoudun de Micheline Lanctôt. «Je ne comprends pas pourquoi on ne parle pas de ces choses-là?, se questionne le réalisateur. C’est une honte. C’est comme cacher une oreille mal formée chez notre enfant. C’est un côté de nous qu’on ne veut pas voir, qui est inexcusable…»
Le cinéaste se défend toutefois de donner des munitions à des pères qui désespèrent de revoir leur progéniture et qui pourraient imiter le protagoniste du film. «Je ne pense pas que ça va encourager les gens, affirme-t-il. Au contraire. On aurait dû l’aider, on aurait dû corriger quelque chose avant qu’il se rende là. Si ça peut partir un débat sur comment on aide ces gens-là, hommes ou femmes, ça aura servi à ça.»
Le choix des armes
Abonné aux rôles de gentils, Paul Doucet flirte avec l’ambiguïté dans La garde et ce n’est pas pour lui déplaire. Ce père de famille a pourtant dû traverser le miroir pour incarner cet homme exaspéré et imprévisible qui risque de faire un mal irréparable à la chair de sa chair.
«Il faut prendre l’humanité des personnages que l’on joue tout le temps, concède celui qui s’est fait offrir ce personnage sans passer d’audition. Il vient avec sa série de circonstances. C’est un gars qui a fait une erreur qui a détruit sa vie et il va commettre un autre geste discutable. Je pense qu’on n’est pas à l’abri de ça, personne. On a tous à un moment donné été confrontés à une situation où il fallait faire un choix qui pouvait être lourd de conséquences.»
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La garde
En salle dès vendredi