Culture

Guillaume Beauregard: le retour des frissons

Ugo Giguère - ugo.giguere@tc.tc

Vingt ans passés au sein d’un band culte de la scène punk comme les Vulgaires Machins créent inévitablement un relatif sentiment de «confort». Se retrouver seul avec sa guitare et son crayon pour confectionner un premier album solo a fait ressortir le vieux sentiment de danger auquel Guillaume Beauregard n’avait pas goûté depuis trop longtemps.

«J’ai retrouvé le plaisir de faire de la musique parce que ça me mettait en danger. Au bout de 20 ans, t’as un fan base et t’es dans un certain confort. À la sortie d’un nouvel album, tu sais déjà qu’il y a du monde qui t’attend. Là, la musique redevenait excitante, dangereuse, stressante», raconte le Granbyen.

La sortie en magasin et en ligne de l’album D’étoiles, de pluie et de cendres concrétise plus d’un an et demi de travail. Un labeur au long duquel l’auteur-compositeur-interprète n’a cessé de se demander ce que les fans des «Vulgaires» allaient en penser.

Guillaume Beauregard n’avait aucun intérêt à concevoir «un album des Vulgaires, sans les Vulgaires», mais au final, on ne peut pas nier une certaine signature dans la structure des chansons. On est toutefois à des milles des thèmes et du son de la formation punk.

«J’ai écouté énormément de punk rock dans ma vie, mais à un moment donné, j’ai senti le besoin de retourner en arrière. J’avais l’impression d’être passé à côté de bien des choses parce qu’à 17 ans, mettons que je trippais pas mal sur Béru (Bérurier Noir) et Bad Religion.» – Guillaume Beauregard

Beatles, Neil Young, Van Morrison, Motown, Nashville, l’auteur-compositeur a nourri son bagage d’influences. À l’écoute D’étoiles, de pluie et de cendres, on entend tantôt des échos rock-rétro (Trop peu, trop tard, Dans le décor, Indemne), tantôt des échos folk rock époque 1970 (Coeur noir, Entre les mots et les actes, Inévitable, Dehors, Sur un fil).

«Je ne voulais pas faire un album folk. C’est la première chose que j’ai dit à Gus Van Go (réalisateur) quand on s’est rencontré pour discuter de l’enveloppe sonore. S’il y a des influences folk, ça va plus vers Van Morrison ou les Beatles. Quand on utilise le lap steel, c’est surtout pour donner une texture plus proche de Dark side of the moon que du country», plaide l’artiste.

Écrire au «je»
Pour une première fois, on a l’impression d’avoir accès à l’homme qui tient le micro et non plus seulement à ses opinions. Tout au long de la cabale revendicatrice et dénonciatrice des Vulgaires Machins, Guillaume Beauregard a écrit au «il», au «nous» et au «vous», mais rarement au «je». Un nouveau défi.

«Mon objectif était de recréer cet engagement-là, mais d’aborder les thèmes d’une autre façon. Il faut rejoindre les autres à travers ce qu’on vit émotivement», souligne celui qui a dû se donner du temps pour y arriver.

La pièce Au fond de ma cave résume bien ce nouveau départ. «À la relecture, quand on l’a enregistrée, j’ai senti que c’était la fin de quelque chose. Au fond de ma cave, c’est un retour aux sources, un retour à la base. Si l’on veut espérer toucher les autres, avancer et faire en sorte que les gens autour soient meilleurs, il faut se retrouver soi-même», conclut-il.

Bref, c’est un premier projet solo réussi. Guillaume Beauregard nous offre onze morceaux de lui-même sans pudeur. Un album accessible, accrocheur qui devrait plaire autant aux inconditionnels des Vulgaires Machins qu’aux amants de la chanson d’ici.

Guillaume Beauregard, l’album D’étoiles, de pluie et de cendres, disponible en magasin et en ligne à compter du mardi 14 octobre.

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