Culture

La douce effronterie de Marie-Jo Thério

Trente ans de carrière, trois musiciens, trois soirs et une «douce effronterie». Marie-Jo Thério propose Trois petits tours d’automne au Théâtre Outremont. Jasette.

C’est le comédien Raymond Cloutier, également directeur général et artistique du Théâtre Outremont, celui-là même qui l’avait jadis expulsée du Conservatoire d’art dramatique, qui a offert à Marie-Jo Thério d’occuper les lieux pendant trois soirs à l’automne 2013.

Comme la musicienne se retrouvait «dans un espace flottant entre deux repères» et que, «pour mille et une raisons», elle n’était pas encore prête à présenter un spectacle portant sur Chasing Lydie, son précédent album en forme de quête identitaire, elle a accepté l’invitation, se disant que ça s’inscrivait dans les projets cool auxquels elle participait depuis un moment, comme ses prestations à Petite-Vallée et à Pop Montréal.

Il lui restait à trouver des musiciens et à créer un événement. Mais gyspy un jour, gyspy toujours, elle envisageait un espace créatif non formaté. Elle a donc opté pour trois spectacles distincts et des orchestrations différentes en fonction des disponibilités de ses amis musiciens. Considérant qu’en plus de leur emploi du temps chargé, ses amis n’étaient pas particulièrement portés sur les répétitions, il a été convenu que celles-ci dureraient environ trois heures et auraient lieu, bonjour l’urgence, le jour du spectacle!

Après les spectacles proposés avec Bernard Falaise (guitare), Joe Grass (guitare, pedal steel, mandoline), Sarah Pagé (harpe) et Josh Zubot (violon), elle s’est rendue à Moncton pour écouter les bandes enregistrées et sonorisées par Olivier Bloch Lainé. «Je me suis dit: “Allons au bout de ce projet-là.” J’ai écouté tous les morceaux et j’ai voulu bâtir une trame imaginaire en gardant les meilleures approches musicales des morceaux, car ils ont été joués de trois façons, et en essayant de faire converser le tout. Une très bonne intro sur scène pouvait être nulle à l’audio, par exemple, et je voulais que ce soit assez rond, que ce ne soit pas complètement déconcertant, d’autant plus que j’avais besoin de me rassembler à ce moment-là», explique Marie-Jo en nous fixant de son regard d’absinthe. De plus, elle souhaitait faire plaisir aux gens qui ont besoin de se retrouver dans leur salon et, en même temps, respecter cette «douce désobéissance» qui la caractérise.

«L’idée de jouer à trois pendant trois soirs, je trouvais ça great. On va le refaire quelques fois entre mes spectacles solos. Quant au fameux spectacle sur Chasing Lydie, il sera présenté à Moncton, puis au Théâtre de Quat’Sous à Montréal à l’automne 2015.» – Marie-Jo Thério

Lorsqu’on lui fait remarquer que la suite des titres – Invisible, This Town Is Cold, Blow Wind Blow et Digging The Ground – évoquent le cinéma fantastique, la blonde échevelée rappelle que cet univers est toujours proche d’elle, comme c’était le cas avec son personnage de Freddie dans le spectacle tiré de l’album La maline, paru en 2000. La discussion bifurque sur les personnages de Sol et Gobelet, qui construisaient des univers avec une grande économie de moyens à la télé pendant les seventies, et elle nous quitte pour les studios de Radio-Canada. Lieu où elle aimerait débusquer un costume pour le lancement de ce nouvel album. Faudra qu’elle arrive avant que le gouvernement Harper n’ait cédé l’ensemble de notre patrimoine culturel à un obscur pawnshop…

Trois petits tours d’automne au Théâtre Outremont
En magasin dès aujourd’hui

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