Une pause de six mois, le temps de profiter des débuts de sa maternité, et puis un soir, à 22h22, Ariane Moffatt a ressenti un irrésistible appel de la musique. Métro a discuté avec elle de son cinquième album, 22h22.
Devenir maman, ça change une vie, et ça change la perception qu’on a de l’existence. Et quand on est une artiste, ça ne peut faire autrement que de laisser sa marque sur nos chansons. Parlez-en à Ariane Moffatt, dont le nouvel album, 22h22, est imprégné de la présence dans sa vie des jumeaux qu’elle et sa conjointe ont accueillis à l’été 2013, juste avant que la musicienne ne prenne une pause de six mois. «Avoir deux bébés, ça donne du jour au lendemain l’impression d’être vraiment loin de son métier et d’avoir plein de nouvelles choses à assimiler», fait-elle remarquer.
Mais après quelques mois, l’artiste a pris l’habitude de passer quelques heures le matin dans son studio, près de chez elle, pour «réapprivoiser la création». «La création et la musique sont venues me donner la possibilité d’avoir du temps pour moi, de sortir un peu de la bulle maternelle pour y revenir revigorée, fait-elle remarquer. Puis, en septembre dernier, j’ai commencé à partir avec mon baluchon de chansons au studio de Jean-Phi [Goncalves], mon acolyte pour cet album, et c’est devenu plus concret.»
L’influence de la présence des enfants d’Ariane dans sa vie s’est fait sentir dans sa méthode de travail («Je ne pouvais plus me laisser porter et partir en studio à 23h, j’ai donc dû apprendre à faire beaucoup en peu de temps, à être efficace et organisée»), mais aussi dans ses textes («De voir la vie se développer devant soi, inévitablement, ça fait penser qu’il y a une fin. En ayant des enfants, pour la première fois, j’ai regardé la mort sans la fuir, en essayant de la comprendre, de l’inviter dans la vie, et j’en parle dans mes chansons»), et dans ses mélodies. «Peut-être parce que je manquais de sommeil, la présence du rêve, de cet état entre le sommeil et l’éveil, se fait sentir tout au long de l’album, souligne-t-elle. C’est même new age par moments.» Cette sorte d’entre-deux s’est poursuivie jusque dans sa façon d’écrire, quasiment en association libre, dit-elle : «J’écrivais mots et musiques en même temps, je “pitchais” des mots qui me venaient sur ma mélodie, et je bâtissais autour de ça. C’était une façon de rester le plus près possible de l’inspiration du moment.»
Et contrairement à son précédent album, MA, qu’elle avait produit pratiquement toute seule, Ariane a retrouvé son complice Jean-Phi Goncalves pour coréaliser 22h22, en plus de solliciter les services de François Lafontaine, claviériste de Karkwa et conjoint de Marie-Pierre Arthur, sa grande amie. Elle a également fait appel à Tristan Malavoy, qui avait travaillé avec elle aux textes de son livre i(ma)ges & réflexions, pour apporter un œil extérieur à ses mots. «Je m’ennuyais de mes amis, j’avais envie de travailler avec eux et de profiter de leur talent!» lance la chanteuse en riant.
Qualifiant de «travail de moine» les arrangements électros qui enrobent la plupart des chansons, bien que quelques pièces soient interprétées en version piano-voix, Ariane souligne avoir voulu créer quelque chose de minimaliste, mais aussi d’organique. «J’avais envie qu’on ressente de l’émotion, que ça ne soit pas trop froid. Quand je créais, je pensais à mes bébés, et ils étaient une source d’inspiration. Ça n’a pas été un processus douloureux, et même si certains sujets qui reviennent sont plus sombres, comme la mort, je vois tout ça d’une façon lumineuse, c’est pour ça qu’il y a une douceur, un côté pas trop tourmenté à l’ensemble.»
«Pour moi, composer un album est un geste de création qui s’inscrit dans une période de temps, et les chansons sont reliées entre elles. Chacune a sa raison d’être à l’intérieur du tout. Sur scène, 22h22 pourra se traduire par une espèce de bulle, d’ambiance qui reste du début à la fin.» – Ariane Moffatt, qui travaille présentement avec Marie Brassard à la mise en scène de son prochain spectacle
Contact direct
La dernière chanson de 22h22, Toute sa vie, s’achève sur un chœur réalisé avec des fans d’Ariane Moffatt. Une façon symbolique, pour elle, de rendre plus concret le contact entre elle et ses fans, qu’elle a voulu encore plus fort cette fois-ci. «Quand j’ai été juge à La Voix [à l’hiver 2013], j’étais tout le temps en contact avec le public au moyen des médias sociaux. Ça m’a donné envie, quand j’ai commencé l’album, d’impliquer les gens dès le départ, de les tenir au courant, dit-elle. Au lieu de faire un petit teaser une semaine avant le lancement, on tournait des petites capsules pour montrer comment ça se passait en studio. Je crois qu’il y a plus de gens qu’on pense qui s’intéressent au processus créatif. Alors quand tu intègres ça dans ta routine de création, ça peut être stimulant.»
En magasin dès mardi
Lancement au Stereo Nightclub mardi à 17h30