Culture

La Veillée de l’avant-veille: le vent qui mord

Pour une 19e année, la Veillée de l’avant-veille du Vent du Nord fera virevolter l’adipeuse dans le buffet de Louis XVI. À moins que ça ne soit «swigner la bacaisse» dans le fond de la boîte à bois.

Après avoir présenté plus de 1500 concerts sur les cinq continents depuis sa création, alors qu’il n’était encore un duo composé de Nicolas Boulerice (vielle à roue et chant) et d’Olivier Demers (guitare, violon, chant), les membres de la formation Le Vent du Nord, auxquels se sont ajoutés Réjean Brunet (accordéon et chant) et Simon Beaudry (guitare, chant), sont devenus de véritables ambassadeurs de notre culture populaire, mais aussi de certaines idées politiques. Rencontre avec Olivier et Réjean.

Pourquoi les groupes trad ne jouent-ils pratiquement que dans la période des Fêtes au Québec?
Olivier : Nous avions des familles très nombreuses à l’époque. C’est durant les rassemblements que nous voyions le mononc’ jouer du violon ou la grand-mère chanter sa chanson. Dans l’imaginaire collectif québécois, c’est resté associé au temps des Fêtes.

C’est quoi, la Veillée de l’avant-veille?
Olivier : Il s’agit d’une représentation d’un party du jour de l’An avec un décompte chanté à minuit, de la danse et des groupes invités. Dès la première note du spectacle, ça lève!
Réjean : Il y a aussi un «calleur» professionnel pour faire participer les initiés et les non-initiés à la danse traditionnelle.

Vous êtes acclamés partout sur la planète. Avez-vous l’impression qu’au Québec on aime les cultures du monde, excellente chose, mais qu’on lève le nez sur la nôtre?
Olivier : Absolument! Je crois que c’est un débat à finir. Nous ne sommes pas encore affirmés en tant que peuple. Nous prenons tout ce qui vient d’ailleurs, mais nous oublions de nous regarder nous-mêmes. Nous, de notre côté, nous voulons faire la promotion de notre culture parce que nous en sommes fiers et que nous croyons en nous.

«Ceux qui associent le nationalisme et le racisme n’ont pas voyagé. Nous jouons dans des pays comme la Norvège ou le Danemark. Les gens y parlent un anglais impeccable. Jamais cependant tu ne pourrais leur enlever leur nationalité. Ce qui ne les empêche pas d’être très ouverts et accueillants.» – Olivier Demers, de la formation Le Vent du Nord

Votre dernier album s’intitule Têtu…
Olivier : Les francophones d’Amérique, dont beaucoup de Québécois, sont têtus parce qu’ils perdurent et persistent à parler en français en Amérique du Nord. Il faut quand même être têtus: 7 millions de francophones entourés de 350 millions d’anglophones. C’est exceptionnel! Moi, j’adore les sociétés exceptionnelles. Celles qui vivent, pensent et font l’amour d’une autre façon (…). La société québécoise doit exister en tant que pays. Nous avons été assez têtus pour persister 250 ans, il faut que ça se poursuive.

Faire dans le trad en 2015, ce n’est pas un peu quétaine?
Olivier : Si vous venez à la Veillée de l’avant-veille, vous verrez qu’il n’y a rien de quétaine là-dedans. Premièrement, la salle est pleine. Ce qui n’est pas le cas de bien des spectacles de musique pop. Ça veut dire qu’il y a du monde qui aime ça. On ne les voit pas, ces gens-là, parce qu’il y a plusieurs médias qui ne veulent pas mettre cette musique à l’avant-plan, par crainte d’exciter les tentations nationalistes. N’importe qui au Québec qui entend des pieds qui giguent, des chansons à répondre et des violons qui «reelent» se sentira interpellé, se sentira vibrer. Or, on vit dans une société qui fait tout pour nous empêcher de vibrer. On nous met en austérité et on nous tape sur la gueule pour nous faire croire qu’on est des moins que rien et des dépendants. Ce qui est archifaux.

La Veillée de l’avant-veille
Au Club Soda
Le 30 décembre à 20 h

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