Depuis jeudi, Club illico offre une nouvelle série à la fois comique et touchante. À propos d’Antoine nous invite dans le quotidien d’un adolescent polyhandicapé, véritable colonne vertébrale de sa famille, sa tribu, son clan.
Antoine, c’est le fils aîné de Sylvain Parent-Bédard, le président-fondateur de ComediHa! qui partage sa vie avec l’humoriste et comédienne Cathleen Rouleau depuis une dizaine d’années. C’est lui qui lui a proposé d’écrire une série sur le garçon autiste, déficient intellectuel, non verbal et épileptique de haut niveau.
«Au début, je n’étais pas sûre, admet Cathleen en entrevue avec Métro. Je me disais que ce n’est pas un animal de cirque, que c’est délicat. En réfléchissant, j’ai réalisé qu’il y avait un beau message à porter et de l’éducation à faire.»
Un clan tissé serré
En plus d’écrire les textes, Cathleen Rouleau incarne Julie, la blonde de Marc, un personnage inspiré de son chum et incarné par Claude Legault. Quand elle est entrée dans sa vie, elle a rencontré Antoine, qui joue son propre rôle, ainsi que le reste de la famille de son conjoint: son benjamin, Georges (Edouard-B. Larocque), sa mère, Margot (Micheline Bernard), ses frères, Patrick (Sylvain Marcel) et Philippe (Hugues Frenette), ainsi que son ex, Justine (Fanny Mallette), mère de ses deux enfants.
Contrairement à ce que le délicieux personnage d’Isabeau Blanche – qui incarne Émilie, une vieille amie de Julie – peut croire, l’ex n’est ni une «folle» ni une menace. Même que Justine (tout comme Nathalie, la mère d’Antoine dans la vraie vie) travaille au sein de l’entreprise de son ancien conjoint, de même que les frères de celui-ci et leur mère, qui a maintenant pris sa retraite.
Toute cette famille travaille main dans la main pour l’entreprise, oui, mais aussi pour Antoine. Le groupe est tellement rodé que la même formule s’est appliquée aux tournages. «La mère, la belle-mère, son chum, les enfants… tout le monde était dans le tas, tout le monde travaillait, ce qu’on voit un peu dans la série. C’est une tribu!», s’exclame Claude Legault, qui a su s’intégrer tout naturellement à ce clan tissé serré.
«Ça a été facile le contact avec Sylvain et Cathleen, confie-t-il à Métro. Je suis allé à Québec pour les rencontrer avec leur famille. Ça s’est fait tranquillement, avec douceur. Je voulais qu’Antoine puisse me voir, me sentir, et moi aussi.»
Jouer avec Antoine
Si le contact a été facile, ça n’a pas toujours été le cas du tournage! «Il y a des moments où j’ai trouvé ça très difficile, probablement autant que tous les autres comédiens, parce qu’Antoine est très vocal, reconnaît Cathleen. En même temps, il y a eu des moments de petite magie où j’étais tellement fière de le voir s’émanciper et être entouré comme ça.»
«Antoine est très sonore, répond également Claude. Il s’exprime, il monologue, il crie. Des fois, il communique avec nous pendant qu’on joue! C’est sûr que les tournages demandaient énormément de concentration, parce qu’il faut jouer à travers ce chaos sonore, mais on a gardé tout ça.»
En effet, Podz, qui réalise À propos d’Antoine, a su aller chercher avec sa caméra tous ces petits moments magiques offerts par l’adolescent, dont le rôle n’était pas scripté. «Antoine, on le prend quand il est là. Il faut que tu sois alerte. Des fois, sans que ce soit prévu, il se tournait et nous faisait un sourire. Podz allait chercher ça», explique Claude Legault, qui a une longue histoire avec le réalisateur, la paire ayant travaillé sur 19-2 et Minuit, le soir, entre autres.
On le voit dès le premier épisode avec cette magnifique scène durant laquelle Antoine prend la main de Cathleen et lui dépose un baiser au visage. «Antoine venait de nous donner un cadeau», s’émeut le comédien en y repensant.
«On sentait Antoine très stimulé, très en éveil par rapport aux gens qui étaient là, par rapport aux caméras, note Cathleen à propos des tournages. Il était très curieux. Ça a même eu un effet sur sa santé: ses crises d’épilepsie ont réduit de fréquence.»
Si «lumineux» est un adjectif parfois galvaudé, c’est bel et bien celui qui colle le mieux à cette série. «Souvent, on parle des personnes handicapées pour montrer un quotidien lourd, difficile, triste, constate Cathleen. Je voulais montrer aussi tout le côté lumineux. C’est possible d’apprendre avec une personne handicapée, c’est possible de se sentir gratifié, rempli. En voyant comment ça se passe jour après jour dans la famille, peut-être que les gens vont mieux comprendre les enjeux et le quotidien.»
Et à voir sa boîte de messages depuis le lancement d’À propos d’Antoine, tout porte à croire que Cathleen a tapé dans le mille. «On a de beaux témoignages. Des gens handicapés qui ont regardé la série et qui nous remercient de leur donner une voix, des gens de leur famille… on reçoit des témoignages tous azimuts. Je pense que la série ratisse large et ça me fait tellement plaisir», conclut celle qui travaille déjà sur une deuxième saison.