Invité à la projection test d’un film québécois à venir dont l’on doit taire le nom, Métro a essayé pour vous l’expérience de cobaye cinéphile.
Saviez-vous qu’il n’y a pas qu’à Hollywood qu’on fait des projections tests de films devant public? Eh oui, présenter un long métrage non terminé à quelques individus pour recueillir leurs réactions est une pratique également au Québec, quoique ce soit plus courant lors de la production d’un blockbuster américain.
Une projection test peut avoir un impact sur le montage final d’un film ou sur sa mise en marché. Mais lorsque les réactions sont vraiment négatives, on peut aller jusqu’à reprendre le tournage de certaines scènes.
Évidemment, il faut que les cinéastes à l’origine des œuvres projetées se prêtent au jeu, tiennent compte des commentaires et, surtout, acceptent de faire des modifications, sinon l’exercice devient futile et peut même provoquer des tensions avec la production.
Un exercice confidentiel
Première chose à savoir, les projections tests sont hautement confidentielles et l’invitation envoyée n’identifie ni le titre du film ni les artistes qui y participent. Dès son arrivée, le public signe un document stipulant qu’il ne révélera rien sur le long métrage pour éviter tout divulgâcheur qui pourrait nuire à sa sortie.
Une fois dans la salle de cinéma, on nous explique que le film n’est pas terminé. Ainsi, la musique qui l’accompagne est temporaire – la composition de la trame sonore étant souvent l’une des dernières étapes de postproduction – et a été ajoutée afin de donner le ton voulu. Le montage sonore lui-même n’est pas achevé, le son peut donc être inégal.
Il faut donc faire preuve d’indulgence, même si dans le cadre de la projection à laquelle Métro a assisté, cela n’a eu aucun impact sur l’appréciation de l’œuvre.
Question-réponse
Une fois la projection terminée, le public doit remplir un questionnaire, un exercice qui peut prendre une vingtaine de minutes. Quel personnage avez-vous préféré? Êtes-vous d’accord avec la conclusion du film? Est-ce que telle ou telle scène était claire? C’est le genre de questions qui peuvent être posées, au-delà de la simple appréciation du long métrage.
Des questions éthiques sont également formulées sur les actions et les choix des personnages. Doit-on voir dans ces préoccupations une tendance dans l’air du temps ou une pratique qui existe depuis toujours? L’auteur de ses lignes ne peut répondre à cette interrogation, puisque c’était la première fois qu’il assistait à une projection test, mais il doit avouer avoir été un peu embêté par certaines questions, remettant en cause quelques-unes de ses perceptions, voire ses préconceptions.
Mais, n’est-ce pas l’une des fonctions du cinéma que de nous pousser à la réflexion?