Pour être honnête, #Jemesouviendrai est un hashtag qui j’espère, dépassera le statut de mot clic. Je me souviendrai, alors que tous les partis étaient d’accord pour la motion de reconnaître les réfugiés et régulariser leur statut, que la CAQ a dit non. Cette même CAQ dont le chef de parti, appelait à l’aide dans presque tous les points de presse, demandant à la population de contribuer à l’effort de guerre.
Je me souviendrai que certaines personnes que l’on qualifiait d’illégales, de parasites, de miséreux, ont répondu à l’appel au péril de leur santé et parfois de leur vie.
Je me souviendrai de cette réponse du premier ministre en point de presse pour dire que les personnes qui sont entrées par le chemin Roxham et celles qui aident maintenant sont deux dossiers. Il ne faudrait pas mélanger les personnes qui demandent l’aide humanitaire avec des personnes qui font de l’aide humanitaire.
Je me souviendrai de ces mots utilisés pour instrumentaliser son ami noir afin de montrer qu’il n’a pas de biais.
C’est un des plus vieux mécanisme de défense quand on a un biais. Trouver un ami noir et s’en servir comme bouclier contre toutes idées négatives sur notre image.
Je me souviendrai du poids des mots et de l’amalgame dangereux que l’on fait malgré les bonnes intentions. En France, il a fallu sauver un enfant devant des milwliers de personnes pour devenir citoyen. L’athlète d’origine autre devient Québécois le temps d’un article s’il fait la fierté du peuple et il redevient autre s’il se conduit en mauvais citoyen. La marge de manœuvre est mince pour ne plus faire partie de «nous autres» et il faut beaucoup pour être simplement considéré. L’idée du «bon immigrant» est un concept basé sur des mécanismes discriminatoires qui ont des répercussions générationnelles.
Ces personnes qui travaillent dans les CHSLD en ce moment, sont des personnes qui contribuent à la société québécoise. Devoir prouver sa valeur constamment pour se faire accepter, ce n’est pas une relation égalitaire.
Reconnaissons que l’on demande un mythe de perfection à «nos cousins» qu’on ne demanderait jamais à notre propre famille. Souvenons-nous que la pression pour reconnaître le statut de quelqu’un, qui ne peut vivre ailleurs, est exceptionnelle. Cette pression ne devrait-elle pas, elle aussi, être régularisée?
La nouvelle fenêtre qui s’est ouverte est une grande chose mais il va s’en dire que le concept de reconnaître quelqu’un doit s’humaniser.
Pour être honnête, je me souviendrai.
Gabriela Ovallé, Montréal