Débats

«Loi 101: une source de fierté» par Simon Jolin-Barrette

Préparer la deuxième vague de la COVID-19

Il y a, dans l’histoire d’une nation, des moments qui marquent la conscience collective. Nous soulignons aujourd’hui l’un de ces moments. Il y a 43 ans, soit le 26 août 1977, l’Assemblée nationale adoptait la Charte de la langue française.

L’adoption de la loi 101, à la suite de débats d’une intensité rarement observée au Québec, a su nous unir. Cette union sacrée porte tous les accents de la langue française. Et avec elle, notre histoire, notre culture, nos espoirs, nos traditions, nos institutions, nos ambitions, nos réussites et, surtout, notre avenir.

Cette loi est fondamentale pour le Québec. Le premier ministre de l’époque, René Lévesque, savait bien qu’il fallait agir. Le 26 août 1977, lors des débats menant à l’adoption de la loi 101 à l’Assemblée nationale, il se prononçait ainsi : « c’était non seulement notre droit, mais c’est notre devoir, dans le contexte où nous avons à vivre, de penser à la défense et à l’illustration de l’instrument essentiel de notre identité, qui est la langue française ».

Ainsi, le Québec était, est et devra être francophone. Il s’agit d’un principe non négociable.

Cette loi a changé nos vies à bien des égards. Elle a permis au Québec de s’affirmer, de viser haut et de se tenir droit, en faisant du français l’instrument l’amenant à s’inscrire dans l’Histoire et d’assurer sa cohésion sociale.

Pour la première fois au Québec, une loi proclamait que toute personne a le droit de travailler et de s’instruire en français, d’être informée et servie en français, de s’exprimer en français dans toute assemblée délibérante, d’exiger que l’Administration, les services de santé et les services sociaux ainsi que les diverses entreprises communiquent avec elle en français.

Des gains, la loi 101 en a permis plusieurs. Le visage français de l’affichage commercial s’est amélioré. Les consommateurs québécois ont pu obtenir des services en français. L’usage du français au travail a connu un élan sans précédent. La fréquentation de l’école française primaire et secondaire par les enfants des Néo-Québécois est devenue la norme.

Depuis 43 ans, parler du Québec, c’est aussi parler de sa langue, de notre langue. De cette langue française qui nous caractérise et qui est au cœur de notre identité depuis des siècles. De cette langue française qui nous permet de dire qui nous sommes – partout dans le monde – et, surtout, qui nous voulons être; ce symbole d’affirmation d’une culture qui s’est édifiée avec l’apport de tous ceux et celles qui la partagent, Québécoises et Québécois de naissance ou d’adoption.

Quarante-trois ans ont passé, mais…

Mais.

Le profil du Québec et ses besoins ont évolué. Pensons à la mondialisation des marchés et de l’économie du savoir. À la démocratisation de l’éducation supérieure. À l’interconnectivité des populations. À la transformation des milieux de travail et de leur organisation.

Comme beaucoup d’autres Québécoises et Québécois, je suis préoccupé par les données récentes sur la langue française. Au travail. Dans les choix que nous faisons pour nous instruire ou pour nous divertir. Dans notre environnement visuel et sonore. Dans nos échanges publics. Dans la francisation des immigrants, malgré une nette amélioration l’an passé.

La ferveur qui, en 1977, animait nos gains a cédé tranquillement le pas à la tiédeur et aux hésitations, en particulier dans la métropole.

Le temps des « mais » est révolu. Il est temps d’agir. Nous y arriverons.

Il y a fort à parier que le Québec d’aujourd’hui ne serait pas le même sans l’anniversaire que nous soulignons. Cet anniversaire, il est aussi celui du courage du gouvernement Lévesque qui aura su répondre positivement au défi de son époque:

«Nos enfants se rappelleront toujours ce moment privilégié, ce moment de mutation et de cristallisation où notre peuple s’est à la fois retrouvé et transformé, où il a pris conscience de sa singularité au moment même où il l’affirmait avec sérénité et assurance, où il a repris possession à la fois de sa langue et de son pays, où il a vibré collectivement à l’évocation d’un passé où il se racine et d’un avenir où il se projette.» – Camille Laurin

Quarante-trois ans plus tard, ces mots résonnent encore, empreints d’actualité. La langue française est un instrument de notre développement, de notre fierté. Défendre et promouvoir notre langue est – depuis – une responsabilité historique du Québec. Votre gouvernement agira en ce sens.

Nous serons à la hauteur de cette responsabilité définie il y a maintenant 43 ans; « un Québec vivant en français, où il sera normal que les Québécois, quelle que soit leur origine ethnique et culturelle, puissent s’exprimer en français, participer de plein droit à une société française, admettre que le français est ici la langue commune à tous».

Au Québec, la langue française n’est pas un problème, mais une solution.

Cette langue est notre force. Ce qui nous distingue et ce qui nous rassemble.

Soyons-en fiers.

Simon Jolin-Barrette, Ministre de la Justice, Ministre responsable de la Langue française

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