LETTRE OUVERTE – On assiste actuellement à la politisation d’une tragédie qui a affecté des milliers d’aînés et de familles, soit des personnes décédées dans des conditions inhumaines en CHSLD, non seulement de la COVID, mais aussi de faim et de soif, faute de soins. C’est déplorable.
Des enquêtes tentent de faire la lumière sur des décisions qui auraient mené à ces funestes conséquences, afin d’éviter qu’une telle histoire se répète. Or, cela ne devrait profiter à aucun parti politique, ni au gouvernement, ni à l’opposition.
De cette hécatombe en CHSLD doit naître un grand chantier des aînés afin de mettre le cap sur la dignité une fois pour toutes. Pour que les souffrances, le décès de ces aînés hébergés, et le deuil de leurs proches ne soient pas en vain.
Mettre sur pied une action non partisane
Si des élus(es) de différentes allégeances ont pu unir leurs voix dans le dossier « mourir dans la dignité », pourquoi ne serait-il pas possible de reproduire une action semblable afin de régler définitivement les besoins criants pour que nous puissions toutes et tous vieillir dans la dignité?
Actuellement, des centaines de bénévoles retraités de l’AREQ sont sur le terrain pour demander aux 125 députés de l’Assemblée nationale de travailler ensemble pour une action non partisane.
Autour de quoi? L’AREQ a recensé 17 rapports sur les conditions de vie des aînés depuis l’an 2000 et qui dorment actuellement sur les tablettes de l’Assemblée nationale. Ces rapports contiennent 153 recommandations, dont seulement 10 % ont été réalisées. D’ailleurs, nous pouvons aujourd’hui ajouter 27 nouvelles recommandations issues du plus récent rapport de la protectrice du citoyen rendu public cette semaine.
Dépoussiérer les rapports tablettés et agir!
Cessons d’entasser les aînés dans la poussière comme si c’était de vieux rapports ignorés. Il est temps d’agir maintenant! C’est l’occasion, pour le gouvernement actuel, d’éviter de répéter les erreurs des gouvernements précédents qui ont négligé les besoins des aînés, notamment les personnes les plus vulnérables d’entre elles qui sont hébergées en CHSLD.
Cette année, l’AREQ souffle ses soixante bougies. Soixante ans à défendre les droits des personnes aînées. Nous en avons vu passer des gouvernements. Et l’histoire se répète. De nouveaux rapports et de nouvelles recommandations s’ajoutent à la lumière des épreuves qu’une pandémie imprévisible nous a infligées.
Dans cette croisée des chemins, nous avons un choix à faire, collectivement : agir une fois pour toutes en y mettant des efforts à la hauteur des défis, ou continuer d’empiler des rapports sur les tablettes jusqu’à ce que celles-ci craquent sous le poids de nos inactions, comme les fondations de nos vieux CHSLD en désuétude.
Vivre, c’est aussi vieillir. Et, comme nous serons tous des aînés un jour, nous devrions aspirer à vieillir dans la dignité.
Lise Lapointe, présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ)