Jusqu’où êtes-vous prêts à vous engager pour défendre les causes qui vous sont chères?
Cette semaine, on pouvait lire les résultats de deux sondages qui nous offrent des pistes de réponse à cette question.
D’abord, un sondage effectué par les Radios publiques francophones auprès de 20 000 répondants en Belgique, en Suisse, au Canada et en France. On a demandé à tout ce monde: quelles sont vos valeurs les plus chères, et qu’est-ce que vous seriez prêts à faire pour les protéger, les défendre?
Au Canada, les trois valeurs principales sont: la liberté, la justice et la paix, des valeurs tout à fait cohérentes avec notre appartenance nord-américaine. Les Français, eux, répondent «solidarité, écologie, éducation».
Quand on demande «Pour faire vivre ces valeurs, de quelles manières seriez-vous prêt(e) à vous engager personnellement?», les Canadiens répondent: «En respectant ces valeurs dans ma vie quotidienne, en votant, en faisant connaître mon soutien moral (par des pétitions, sur les réseaux sociaux, etc.).»
Quand on leur demande s’ils seraient prêts à risquer ou à donner leur vie pour ces mêmes valeurs, près de 70% des répondants canadiens disent oui.
Pour protéger leurs valeurs, les gens sont disposés à les afficher. Ou à mourir. Et entre les deux? Le vide.
La Presse publiait aussi cette semaine les résultats d’une enquête réalisée avec CROP auprès de 500 jeunes Québécois âgés de 25 ans environ. Les résultats, présentés en fonction de quatre catégories de jeunes, montrent que la grande majorité d’entre eux est surtout préoccupée par son bien-être personnel. Ils donnent la priorité à leur famille, à leur emploi. Qui peut les en blâmer? Nous sommes tous faits ainsi.
Ils ont aussi exprimé de la déception, parfois même du mépris envers l’État, envers les dirigeants. Ils ont manifesté un rejet de certains choix collectifs que nous faisons, comme payer beaucoup d’impôts. Mais ce qui m’a frappée, c’est leur désintérêt pour tenter de changer ces choses qui les déçoivent.
Si nous ne nous engageons pas concrètement pour actualiser nos valeurs, qui le fera? Les chartes, lois et autres mécanismes de représentation sont-ils censés le faire pour nous? Est-ce ça, l’aboutissement de la démocratie, qu’on ne s’en occupe pas?
Les valeurs constitutives de notre société, elles ne sont jamais figées dans le roc. Elles doivent être protégées, renouvelées par des actions, par de l’engagement, car elles ne sont jamais acquises. Et contrairement à ce qu’on peut penser, elles ne sont pas menacées par des forces maléfiques extérieures à nous. Elles sont menacées par notre indifférence à nous assurer qu’elles soient toujours respectées.