Entrepreneuriat

Choisir le «repreneuriat»

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C’est sous le thème «Entreprendre autrement» que la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) de Montréal-Nord a organisé une série de conférences et d’ateliers du 15 au 17 novembre derniers, dans le cadre de la Semaine de la culture entrepreneuriale se déroulant dans l’arrondissement.

Durant sa conférence consacrée au «repreneuriat», l’entrepreneure Schamma Rosidor a décrit le parcours qui l’a menée à devenir cofondatrice d’une firme québécoise de produits naturels de soins capillaires pour les femmes noires, Royalty Natural, et coach d’affaires.

«Quand j’étais jeune, je savais que je ne voulais pas suivre les pas de mes parents, immigrants d’Haïti, qui exerçaient des professions en droit, en ingénierie et en soins infirmiers. Je voulais trouver ma carrière, mais je ne voulais pas les décevoir», raconte Mme Rosidor, diplômée en administration des affaires avec un profil en ressources humaines, qui a choisi de se lancer en affaires en 2016.

Conciliation travail-famille

«Je voulais choisir une carrière qui me permettrait d’être présente pour mes enfants», confie celle qui souhaitait, au départ, ouvrir un restaurant.  

«J’ai vite compris que ce modèle d’affaires ne convenait pas au mode de vie que je voulais avoir. À ce moment-là, ma sœur faisait de la coiffure chez mes parents et elle devait refuser des clients parce qu’elle était seule et elle n’avait pas un grand espace.»

C’est alors que Mme Rosidor propose à sa sœur qu’elles s’associent pour acheter un salon de coiffure déjà existant à Laval.

Je n’avais jamais travaillé dans le domaine de la coiffure, mais j’étais «fascinée» par la gestion et l’administration.

Schamma Rosidor, cofondatrice de Royalty Natural

«C’était dur de démarrer en affaires parce que je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs, j’ai dû tout apprendre par moi-même sur Google», raconte celle qui était alors mère d’une fillette de deux ans et de jumeaux nouvellement nés.

«La conciliation travail-famille a été difficile au début, mais j’ai beaucoup de soutien de la part de mon conjoint», dit-elle.

Un levier pour les affaires

Les sœurs Rosidor ont pu ouvrir leur salon de coiffure à l’été 2016 grâce à un prêt de 45 000 $ de l’organisme Futurpreneur Canada et de la Banque de développement du Canada (BDC).

«Chez Futurpreneur, on m’a dit que plus de la moitié des entrepreneurs font faillite après un an et qu’il fallait que je gère bien mes coûts et mes dépenses chaque mois afin d’éviter cela. Ça nous a permis de faire 150 000 $ en chiffre d’affaires dès notre première année», se réjouit la «repreneure» de 35 ans.

«Je suis contente d’avoir compris qu’emprunter de l’argent peut être un levier. Ça peut faire peur aux entrepreneurs de s’endetter, mais en réalité, c’est ça qui nous permet de couvrir [nos dépenses] durant la première année», explique Mme Rosidor, qui est fière d’avoir «joué le tout pour le tout».

Visionnaire en affaires, elle a décidé en 2017 de saisir l’occasion qui s’offrait à elle d’acheter la gamme de produits pour soins capillaires Ayacaona, qu’elle commercialisait déjà avec succès dans son salon de coiffure. La fabrication n’étant pas sa force, elle s’associe alors avec son amie d’enfance Fabiola Fleurimar, qui s’y connaissait déjà en matière de fabrication de produits.

C’est ainsi que l’entreprise Royalty Natural voit le jour et qu’un nouveau chapitre du parcours entrepreneurial de Mme Rosidor commence. «Je suis une repreneure en série!», s’exclame-t-elle avec fierté.             

Le «repreneuriat» au féminin

Les nouvelles associées ont profité de l’accompagnement de l’ancienne propriétaire pendant un an après l’achat de l’entreprise. «Elle nous a montré à faire les recettes de ses produits. Nous faisions donc du repreneuriat sans le savoir», dit celle qui est convaincue de l’importance de la transmission des connaissances dans la réussite d’un transfert d’entreprise.

Quand tu crois à tes rêves, rien ne peut t’arrêter. La clé est de bien s’entourer et de pas hésiter à frapper aux portes.

Schamma Rosidor, entrepreneure d’origine haïtienne

Voulant concentrer ses efforts sur la croissance de l’entreprise de fabrication de produits, Mme Rosidor, alors enceinte de son quatrième enfant, décide de vendre le salon de coiffure en 2019, après trois ans d’activité.

L’usine de 2900 pieds carrés située à Saint-Laurent fabrique plusieurs gammes de produits capillaires pour hommes, femmes et enfants, avec un chiffre d’affaires de plus de 200 000 $ par année.

Faire preuve de résilience

Lorsque les gens lui demandent pourquoi elle a choisi de se lancer dans le domaine de la beauté, la mère de quatre enfants répond que c’est plutôt le domaine qui l’a trouvée.

«Quand j’étais petite, j’ai malheureusement vécu beaucoup de discrimination. On était seulement deux ou trois filles noires dans une école de Blancs à Laval et on riait de moi à cause de mes cheveux et de mes lèvres. C’était très difficile pour moi à sept ans de croire que je pouvais être belle, jusqu’à ce que je comprenne que ces attributs-là définissent qui je suis et que je peux aider d’autres à s’apprécier comme ils sont, avec leurs différences.»

Redonner au suivant

Souhaitant aider d’autres femmes à devenir des cheffes d’entreprise à succès, Mme Rosidor consacre aujourd’hui une partie de son temps au mentorat et au partage de ses ressources.

«Je ne savais pas que j’allais faire ça un jour, mais j’aime vraiment ça!», avoue celle qui a accompagné 25 femmes depuis le début de 2022 et donné des formations à plus d’une centaine de femmes au cours des dernières années.

«Je voulais m’entourer des personnes plus outillées que moi pour me conseiller pour structurer ma compagnie. J’ai trouvé Schamma sur Instagram et j’aimais beaucoup ce qu’elle dégageait sur ses publications», dit Jessica Massenat, propriétaire de l’entreprise Massenat massage.

Mme Massenat est ravie de compter sur l’accompagnement de Mme Rosidor, qui l’aide notamment à choisir les personnes adéquates pour son équipe grandissante. «Avoir quelqu’un de l’extérieur qui s’y connaît en gestion d’entreprise, même si on n’est pas dans le même domaine, ça fait toute la différence.»

Le Centre de transfert d’entreprise du Québec offre une formation sur le rachat d’une entreprise et est en mesure de vous mettre en contact avec toutes les entreprises à vendre au Québec.

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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