La situation peut entraîner une réduction des habitats pour de nombreuses espèces, ainsi que limiter les utilisations récréatives des lacs. Métro s’est intéressé à ce problème.
Les lacs et les océans du monde regorgent d’oxygène dissous, dont dépendent les espèces aquatiques pour leur respiration. Cependant, une étude récente dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Nature a permis de découvrir que les niveaux d’oxygène dans les lacs tempérés déclinent rapidement, ce qui pourrait avoir des répercussions catastrophiques.
«Toute vie complexe dépend de l’oxygène. C’est le système de soutien pour les réseaux trophiques aquatiques. Et quand on commence à perdre de l’oxygène, on peut perdre des espèces, explique Kevin Rose, professeur à l’Institut polytechnique Rensselaer, aux États-Unis, et auteur de l’étude. Les lacs perdent leur oxygène de 2,75 à 9,3 fois plus rapidement que les océans, un déclin qui aura des répercussions sur tout l’écosystème.»
La perte d’oxygène n’a pas été égale partout dans le monde. Dans certains lacs tempérés, les niveaux d’oxygène ont augmenté même si les températures ont grimpé. Les auteurs affirment qu’il s’agit d’un autre indicateur de l’effet des changements climatiques sur les écosystèmes du monde.
La raison pour la désoxygénation est simple pour ce qui est des eaux de surface: quand l’eau se réchauffe, elle ne peut retenir autant de CO2. La température des eaux de surface a augmenté de 0,38 0C par décennie.
Toutefois, les températures des eaux profondes sont pour la plupart demeurées stables au cours des quatre dernières décennies. Les auteurs émettent l’hypothèse que la baisse de l’oxygène dans les eaux profondes est due à la «stratification»: la hausse des températures de surface crée une grande différence de densité entre les eaux de surface et les eaux profondes, de sorte qu’elles ne se mélangent pas et que moins d’oxygène atteint les eaux profondes.
«Une stratification accrue rend le mélange ou le transfert d’oxygène de l’atmosphère vers les eaux profondes plus difficile et moins fréquent, de sorte que l’oxygène dissous dans les eaux profondes diminue», indique M. Rose.
Trois questions à…
Kevin Rose, professeur à l’Institut polytechnique Rensselaer, aux États-Unis, et auteur de l’étude
À quel point est-ce que le problème est sérieux ?
Si un lac a déjà relativement peu d’oxygène, ce qui est souvent le cas des lacs pollués par des nutriments, cela peut causer beaucoup de problèmes. À grande échelle, les habitats de nombreuses espèces sont en train d’être réduits, dans de nombreux lacs, la prolifération d’algues nuisibles peut polluer les eaux potables et limiter les utilisations récréatives et autres, et parce que les lacs jouent un rôle important dans le cycle du carbone, cela peut potentiellement augmenter la libération de certains gaz à effet de serre en provenance des lacs. Pris dans son ensemble, c’est un problème important.
Comment est-ce que des avancements technologiques comme l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle peuvent-ils être utilisés pour résoudre ce problème ?
Ces types de technologies sont utilisées pour tenter d’aider les gens à prédire et ainsi réagir de manière proactive aux proliférations d’algues nuisibles. Certains lacs sont équipés de vastes réseaux de capteurs qui transmettent des données à des ordinateurs en temps réel. De tels «lacs intelligents» permettent aux gens de surveiller des éléments tels que les concentrations d’oxygène et d’autres variables afin qu’ils soient conscients des problèmes qui peuvent se développer.
Qu’est-ce que les lecteurs de Métro peuvent faire pour aider à combattre cette situation ?
Au niveau local, de prendre des mesures pour empêcher le ruissellement de nutriments dans les lacs et les cours d’eau est probablement le moyen le plus direct d’atténuer la situation. Cela signifie d’être très conscient de l’utilisation d’engrais comme pour les pelouses, l’agriculture et d’autres choses et prendre des mesures pour l’empêcher de pénétrer dans les systèmes aquatiques. À grande échelle, ces baisses sont associées à une augmentation des températures de l’eau de surface. S’attaquer à ce problème est un grand défi. Au niveau individuel, les gens peuvent prendre des décisions qui réduisent leur utilisation de combustibles fossiles.