Environnement

Ton quartier affecte ta santé, souligne un nouveau rapport

Ambre Giovanni - Collaboration spéciale

Il n’y a pas que la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda qui a un impact délétère sur la santé des résidents de son secteur. Les quartiers montréalais les plus défavorisés et les zones situées à proximité des grands axes routiers sont touchés par une plus forte concentration de polluants et d’îlots de chaleur, selon un nouveau rapport de la Fondation David Suzuki.

Alors que la qualité de l’eau, des sols, de l’air et des aliments influence la santé des populations, les personnes à faible revenu et les personnes racisées sont les plus touchées par ces iniquités, selon le rapport, qui porte sur les injustices environnementales et les inégalités en santé.

Le Nord et l’Est

Le Nord et l’Est de la ville sont particulièrement affectés, tels que les arrondissements de Pointe-Aux-Trembles, Montréal-Nord, Hochelaga-Maisonneuve et Parc-Extension, comme l’a souligné la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers lors d’un breffage technique tenu le 8 septembre dernier. 

Pourtant, le rapport souligne que plus les individus sont pauvres, moins ils émettent de gaz à effet de serre. Ces gaz sont liés au transport, à l’énergie et aux biens de consommation… et les personnes aisées voyagent davantage, consomment plus, ont des logements à plus grande consommation énergétique et possèdent davantage d’automobiles, souligne la médecin clinicienne et enseignante à l’Université Laval, Isabelle Goupil-Sormany.

Ce sont les infrastructures industrielles et routières qui minent le portrait de la santé et de l’environnement des quartiers défavorisés, souligne le rapport. Par exemple, le pipeline Trans-Nord traverse les arrondissements du Nord et l’Est de l’île, reconnus comme étant les plus défavorisés. Son maintien en activité pose des enjeux de sécurité et de santé.

En effet, plusieurs incidents de fuites sont survenus depuis sa construction il y a plus de 65 ans. Il passe sous des habitations et une école et, pourtant, aucun plan d’évacuation n’est prévu à ce jour.

De plus, l’entreprise Ray-Mont Logistiques est en train d’implanter une plateforme de transbordement de marchandises à proximité d’un centre d’hébergement de soins de longue durée et de logements sociaux dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Le projet provoquerait de nombreuses nuisances environnementales, selon le rapport.

Les effets sur la santé sont multiples et diffèrent selon l’exposition aux polluants. On note par exemple des augmentations des crises d’asthme, des problèmes cardiovasculaires et des cas de cancers, selon la Direction régionale de santé publique (DRSP).

Transports

Par ailleurs, le secteur du transport est le plus grand contributeur de particules fines dans l’atmosphère à Montréal, d’après la DRSP. Les populations vivant proche des grands axes routiers, tels que les autoroutes et les artères comme la rue Notre-Dame, sont particulièrement touchées.

Les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé sont multiples. On note des difficultés respiratoires, des maladies cardiaques, des troubles neurodéveloppementaux ou des problèmes de démence prématurée, selon Mme Pétrin-Desrosiers.

Alors que l’Organisation Mondiale de Santé a resserré les seuils de qualité de l’air l’an passé, le gouvernement provincial ne s‘est pas aligné, soutenant que la qualité de l’air était adéquate au Québec.

Îlots de chaleur

Par ailleurs, les îlots de chaleur représentent un risque insidieux et supplémentaire pour la santé. Encore une fois, leur répartition au sein des quartiers de la métropole est déséquilibrée. 

Carte superposant les îlots de chaleur et les quartiers les plus défavorisés de Montréal. Source Géoportail du Québec – Données sur les îlots de chaleur de 2012.

La majorité des Montréalais décédés à cause des conséquences de la canicule de l’été 2018 habitaient dans un îlot de chaleur, rappelle le rapport. «L’absence de végétation ou de climatisation constitue tout autant une menace pour la santé, notamment lors d’une vague de chaleur», indique-t-il.

En raison des inégalités sociales existantes, les capacités d’adaptation aux changements climatiques ne sont pas les mêmes entre les habitants. L’accès à des îlots de fraîcheur comme des lieux de baignade est plus difficile pour les personnes les plus défavorisées et immigrantes, du fait de la barrière de la langue, par exemple.

D’ailleurs, cet été, la Ville de Montréal a tenté une nouvelle méthode de rafraîchissement pour les personnes situées dans un îlot de chaleur. L’administration Plante mise sur des conteneurs servant de piscine temporaire.

Actions envisagées 

Le rapport pointe le manque d’actions à l’égard des injustices environnementales qui existent au Québec et qui menacent davantage la santé des populations les plus vulnérables. 

Contacté par Métro, le Parti Québécois (PQ) rappelle qu’il souhaite dédier 1% du Plan québécois des infrastructures au verdissement et d’instaurer un plan national de la qualité de l’air. Le PQ souhaite également impliquer le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement dans tout nouveau développement industriel, selon la directrice adjointe des communications du PQ, Anne-Sophie Desprez.

La Ville, la Coalition avenir Québec, le Parti libéral du Québec, Québec solidaire et le Parti conservateur du Québec n’ont pas retourné les appels de Métro.

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