Les éoliennes sont accusées de bien des maux, plus souvent à tort qu’à raison. Le Détecteur de rumeurs avait déjà analysé la rumeur voulant qu’elles soient de grandes tueuses d’oiseaux. Voici quatre autres mythes.
1— Elles sont nuisibles à la santé?
Partout où il y a des éoliennes, on trouve des voisins qui disent être aux prises avec des symptômes comme des étourdissements, des maux de tête et des troubles du sommeil. Certains évoquent même le développement de cancers et le déclenchement de crises d’épilepsie.
En cause, prétendent-ils : les bruits de basse fréquence (voir le mythe suivant) et les infrasons que génèrent les éoliennes. La production de champs électromagnétiques est parfois elle aussi évoquée. À long terme, cette exposition aurait des effets directs sur la santé.
Ces thèses résistent mal à l’examen des faits. Aussi bien Santé Canada que l’Institut national de santé publique du Québec, le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario et l’Académie nationale de médecine, en France, sont arrivés à la même conclusion au fil des années : rien dans l’état de la littérature scientifique ne permet de conclure à l’existence d’un lien de cause à effet.
Les divers effets négatifs pour la santé que certaines personnes attribuent à la proximité des éoliennes, et qu’elles ont regroupés il y a une vingtaine d’années sous le terme de « syndrome des éoliennes », pourraient n’être rien de plus qu’un biais de confirmation : en gros, plus une personne entretient des croyances négatives envers les éoliennes, plus elle est susceptible d’associer aux éoliennes toute altération de son bien-être physique ou mental.
Dans une petite étude publiée en 2015, deux chercheurs parlaient d’effet nocebo — lorsqu’un patient affirme ressentir les effets secondaires d’un médicament, alors qu’il n’a pris aucun médicament. Des chercheurs australiens notaient en 2013 une absence de corrélation entre les symptômes et le nombre de gens vivant à proximité d’éoliennes. Un des chercheurs avait aussi observé que le nombre de personnes souffrant de symptômes explosait lorsque les médias en traitaient.
2— Les éoliennes sont bruyantes?
Plus le vent souffle, plus les pales d’une éolienne s’activent et produisent de l’électricité, mais aussi du bruit. Les récriminations des riverains sont encore plus fortes en présence d’un parc d’éoliennes.
Déterminer ce qui est une nuisance sonore peut toutefois varier en fonction du seuil de tolérance de chacun. Le niveau de bruit d’une éolienne de 1,5 MW correspond à environ 33 à 40 décibels, à une distance d’environ 500 mètres — distance minimale à laquelle un résident peut habiter. Cela se compare au niveau de bruit dans une bibliothèque ou une salle de séjour. À la source, c’est-à-dire si on était capable de se tenir au centre des pales, le bruit d’une éolienne moderne varierait entre 98 et 105 décibels.
Cela dit, une foule de facteurs exercent une influence sur le niveau de bruit perçu par l’oreille humaine. La distance des éoliennes bien sûr, mais aussi la topographie, la présence ou l’absence de végétation et les conditions météorologiques.
3— Elles dévaluent les maisons?
L’origine de ce mythe est un certain Donald Trump, devant ses partisans en 2019. L’ancien président des États-Unis avait alors affirmé que « si vous habitez près d’une éolienne, toutes mes félicitations : votre maison vient tout juste de perdre 75 % de sa valeur ». Il n’a pas précisé d’où provenait ce pourcentage.
Les études qui s’étaient intéressées au sujet aux États-Unis et ailleurs dans le monde, avaient brossé un portrait beaucoup plus nuancé. Elles avaient conclu que la crainte d’une dépréciation liée à la présence d’éoliennes était largement infondée. L’effet, s’il existe, serait minime et difficile à distinguer des autres facteurs qui jouent sur la valeur d’une maison.
4— Leur empreinte carbone est lourde?
L’érection d’une éolienne nécessite des travaux de génie civil considérables, qui nécessitent des matériaux eux-mêmes énergivores. En 2009, un chercheur australien avait ainsi évalué à près de 1800 tonnes d’équivalent CO2 l’empreinte carbone d’une petite éolienne, depuis sa construction jusqu’à la fin de sa vie utile.
Une fois en fonction, l’éolienne produit néanmoins de l’électricité à partir du vent, soit une source d’énergie renouvelable. Résultat, selon deux chercheurs britanniques, il faudrait de 12 à 18 mois — sur la vingtaine d’années d’espérance de vie d’une éolienne — pour que celle-ci « rembourse » sa dette en émissions de carbone.
Lien vers l’article original : https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/detecteur-rumeurs/2023/03/21/4-mythes-eoliennes
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