L’autre jour, j’ai savouré une délicieuse baguette vietnamienne provenant de l’épicerie asiatique de mon quartier. Mmm! Ce délice traditionnel du Vietnam m’a rappelé mon voyage dans ce magnifique pays, il y a des années.
Je m’étais promené dans la rue avec mes deux enfants de sept ans que je venais d’adopter, et nous avions tous commandé une baguette garnie des ingrédients de notre choix. Inutile de dire que j’éprouve un attachement particulier pour ces petites baguettes!
La France a colonisé le Sud-Est asiatique au milieu du 19e siècle. Elle a gouverné le Vietnam jusqu’à la célèbre bataille de Diên Biên Phu, en 1954. Les Français ont été chassés du pays, mais ils ont laissé derrière eux de nombreux éléments qui composent la culture vietnamienne moderne, dont l’alphabet latin, les grandes villas, le système d’éducation et, bien sûr, la fameuse baguette!
Mais mon anecdote pose un problème. Quand, exactement, la baguette française (aliment provenant des envahisseurs étrangers) est-elle entrée dans la tradition vietnamienne? Car c’est le riz qui est la céréale asiatique traditionnelle, pas le blé.
Je pense à cette baguette quand je pense à la culture. Nous semblons obsédés par la préservation de la culture. Chaque vague d’immigration apporte son lot de «nous» et d’«eux», et de récriminations comme : «S’ils n’aiment pas ça ici, qu’ils retournent d’où ils viennent!» Convenons-en : personne n’aime perdre son identité.
Mais notre identité n’est-elle pas en évolution constante?
Je suppose que la première fois que vous avez vu de la viande cuire sur une broche verticale dans un restaurant libanais, vous vous êtes demandé : «Qu’est-ce que c’est que ça?» Mais maintenant, vous savez qu’il s’agit de délicieux shish-taouks et de shawarmas. Si je devais quitter le Québec pendant quelques années et que je revenais en visite, l’une des premières choses que je mangerais serait un shawarma «traditionnel»!
Peu d’entre nous ont conservé les mêmes goûts musicaux ou alimentaires que pendant leur jeunesse. Et plusieurs changent d’opinions politiques en vieillissant. Il en va de même pour la culture qui nous entoure. Elle est radicalement différente de celle que nous avons connue dans notre enfance. Elle évolue, que nous le voulions ou non, et avec ou sans l’apport des immigrants.
La culture n’est pas une chose que l’on peut mettre en conserve pour la garder intacte pendant des années. Elle évolue dans un flux dynamique influencé par toute personne qui naît ou qui arrive de l’étranger. Nous pouvons soit nous plaindre de ce que «les choses ne sont plus ce qu’elles étaient», soit accepter le fait que notre culture est, et sera toujours, le reflet de nos attitudes en constante évolution.