Pourquoi rapportons-nous de nos vacances des poignées de galets ou de coquillages ramassés sur la plage, ou une bague de plastique achetée au parc d’attractions? Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’en ai des tas…
J’avais sept ans, la première fois que je suis allé en Italie à la ferme de mes grands-parents. Ce fut toute une expérience. Pas d’eau courante, pas d’électricité… et pas de toilettes. Beurk! On m’a invité à aller au grand air pour tous mes besoins intimes. «C’est une blague? C’est plein de bestioles dehors!» J’ai alors décidé de me retenir jusqu’à notre retour, un mois plus tard. Inutile de vous dire que quelques jours plus tard, la douleur m’a fait prendre une décision entre faire ce que font les ours et utiliser le petit pot de mon cousin. J’ai opté pour l’extérieur.
De toute façon, c’est devenu ennuyeux, après un certain temps. Les adultes s’occupaient des poulets et des porcs, trayaient les vaches et récoltaient le blé, tandis que mes deux cousins et moi traînions dans la ferme. Nous passions nos journées à attraper des mouches, à chercher un lit de mousse où faire une sieste, et à grimper aux arbres. L’une des choses amusantes que nous faisions était d’enrouler des cordes autour de pierres. Nous tenions l’extrémité de la corde et visions un tas de cibles avec les pierres. Ces missiles réussissaient à déloger des fruits posés en équilibre sur les clôtures et les rochers.
La pierre devait être de la bonne taille et de la bonne forme. Trop grosse, elle ne tournoyait pas comme il faut. Trop petite, elle n’arrivait pas à lutter contre le vent. Quand j’ai fini par trouver la pierre parfaite, je l’ai mise dans ma poche pour la conserver. Puis, les pierres ont été rejointes par un bout de ficelle. «On ne trouve pas ce genre de ficelle à la maison, vous savez.»
Nous rapportons de nos vacances des babioles et des pierres parce qu’elles nous rappellent où nous sommes allés et ce que nous y avons fait.
À l’époque, mon oncle prenait un médicament pour les reins. À l’âge que j’avais, j’ignorais les implications d’une maladie qui allait bientôt nécessiter une dialyse. Mais, ce que j’appréciais, c’est que ces médicaments se vendaient en jolies petites bouteilles brunes qu’ils jetaient! «Imaginez!» J’ai discrètement retiré quelques bouteilles des poubelles et les ai ajoutées à ma collection.
Une fois de retour à la maison, je n’ai pas eu le temps de vider mes poches avant que ma mère ne prenne mon pantalon pour le laver. Elle y a trouvé un amas de pierres, de cordes et de bouteilles de médicaments. Elle a ri et les a jetés en murmurant quelque chose comme: «Quoi, le Canada n’a pas de pierres?» J’étais dévasté.
Alors, que m’est-il resté de ces vacances? Des souvenirs. Les souvenirs n’ont pas absolument besoin d’être rattachés à des objets, mais cela aide. Je suis certain que si j’avais gardé ces pierres et que je les retrouvais aujourd’hui, la machine à remonter dans le temps me ramènerait 50 ans en arrière. Je serais submergé de souvenirs bien vivants. Le sourire sur mon visage mettrait du temps à s’effacer.
Nous rapportons de nos vacances des babioles et des pierres parce qu’elles nous rappellent où nous sommes allés et ce que nous y avons fait. Elles nous rappellent aussi les gens avec qui nous étions. Je ne vois aucune meilleure raison de revenir de vacances les poches pleines de camelote.
Cela dit, profitez bien du reste de l’été. Et lorsque vous goûterez un moment de paix et de bonheur, assurez-vous de recueillir une petite pierre, où que vous soyez. Un jour, elle vous servira de machine à remonter dans le temps.
…et ne laissez pas votre mère laver votre pantalon! On se reparle en septembre!