Selon le rapport annuel de l’industrie des croisières publié par la Cruise Lines International Association (CLIA) en décembre 2018, 26,7 millions de passagers ont vogué sur les mers du monde l’an dernier.
Mais de ce nombre (toujours grandissant), combien étaient des milléniaux? Probablement très peu, selon des experts de l’industrie du voyage.
«J’ai l’impression que les milléniaux se disent que la croisière, c’est plus pour les personnes âgées, les couples ou les familles. Ne me demande pas pourquoi; et je ne sais pas comment défaire cette image-là», explique Karyane Paris, conseillère voyage chez Croisières Amarc, qui avoue que la clientèle des croisiéristes n’est pas vraiment milléniale.
Cameron Hewitt, auteur de guides de voyage et conférencier, dresse le même constat: «Je crois qu’il y a un vieux stéréotype au sujet de la croisière, qui veut que ce ne soit que pour les retraités et les jeunes mariés. Mais ça date de plusieurs années, ça! Il y a peut-être des gens qui pensent encore que ce n’est pas pour eux.»
Qu’est-ce qui fait que ces jeunes adultes, qui sont nés entre 1980 et 2000, ne s’intéressent pas aux croisières? Est-ce le côté budget? Probablement, selon Karyane Paris: «La croisière, c’est un produit qui est plus dispendieux qu’un voyage tout-inclus», admet-elle.
«J’ai fait des croisières très douces pour le portefeuille, raconte toutefois Cameron Hewitt. Et j’ai déjà rencontré un couple sur une croisière qui m’a dit que c’était pour eux la seule façon de voir autant d’endroits en un seul voyage pour leur petit budget. Je sais que les milléniaux sont très conscients de leur budget, et ça serait une bonne stratégie avec eux.»
Les croisiéristes en font-ils donc assez pour leur clientèle plus jeune et parfois moins fortunée? Selon les experts, les compagnies en font déjà beaucoup pour aller chercher cette part de marché que représentent les milléniaux. «Je crois que plusieurs croisiéristes ont compris qu’ils doivent trouver des formules pour attirer aussi les milléniaux, que ce soit au niveau du tarif ou des thématiques», croit Ariane Arpin-Delorme, conseillère chez Esprit d’Aventure et auteure de guides voyage.
«Les milléniaux vont partir en voyage avec un sac à dos et ils vont aimer ça. D’un autre côté, ils vont aussi aller dans un tout-inclus et ils vont aimer ça. La croisière, c’est entre les deux.» – Karyane Paris, conseillère voyage chez Croisières Amarc
Certains croisiéristes mettent le paquet pour attirer la clientèle milléniale. On pense notamment à Carnival Cruise Lines, qui a une microbrasserie qui produit une bière à l’eau de mer désalinisée sur son bateau Carnival Vista. Le Symphony of the Seas, de Royal Caribbean, lui, offre un parcours de laser tag, une piscine à vagues pour pratiquer le surf et un comedy club à bord. Sur le Norwegian Bliss de la compagnie Norwegian Cruise Line, les voyageurs peuvent s’adonner au kart sur la plus longue piste du genre créée sur un bateau de croisière.
Dans ce cas, est-ce une question de destinations? Parce que force est d’admettre que certaines contrées exotiques plaisent plus aux milléniaux que d’autres. Cameron Hewitt, qui a beaucoup voyagé sur les mers pour la rédaction de ses guides, s’est rendu compte que la Croatie, par exemple, était particulièrement populaire auprès des jeunes adultes, tout comme l’Italie, «populaire auprès de toutes les générations et les milléniaux ne font pas exception». Ces destinations sont des ports populaires pour les croisières en Méditerranée.
Ariane Arpin-Delorme croit plutôt que les milléniaux préfèrent des «destinations urbaines et occidentales (Amérique du Nord et Europe) ou bien en Asie du Sud-Est ou en Australie/Nouvelle-Zélande», ce qui est peut-être moins accessible en croisière.
S’ils veulent essayer la croisière pour la première fois, c’est plutôt dans les Caraïbes que Karyane Paris leur suggère d’aller faire un tour. Ce sont bien souvent des croisières de trois à sept jours, et ce n’est pas très loin ni très cher. De quoi expérimenter le style croisière, voir si on aime, avant de se lancer dans un voyage plus élaboré et plus coûteux.
Tout juste auront-elles le temps de plaire aux milléniaux que les compagnies de croisière se retrouveront face à un nouveau défi: selon le rapport de la CLIA, la génération Z, celle qui suit les milléniaux, sera d’ici 2020 la plus grande consommatrice et donc la prochaine cliente des croisiéristes. Que faudra-t-il faire pour l’attirer, elle?