Figure majeure du folklore québécois, «La Corriveau» revivra dans une nouvelle pièce de théâtre musicale produite par le Théâtre de l’œil ouvert. La légende de cette sorcière meurtrière sera revisitée afin d’aborder les enjeux de la violence faite aux femmes et la lourdeur du système judiciaire. Des thèmes sombres que les créateurs promettent d’explorer avec une touche lumineuse.
Présentement à l’étape de production, La Corriveau, la soif des corbeaux proposera un nouvel éclairage sur le procès historique de Marie-Josephte Corriveau, tenu en 1763 à Québec.
«Ce qui nous intéressait, c’était de raconter cette histoire avec un regard théâtral, musical, un peu fantastique, pour rendre cette histoire lourde un peu plus lumineuse et accessible au public», soutient Simon Fréchette-Daoust, coproducteur et directeur artistique de la pièce, dans laquelle il tiendra un rôle.
La création d’une sorcière
Marie-Josephte Corriveau habite la Nouvelle-France au moment de la Conquête. À tort ou à raison, elle est accusée du meurtre de son second mari par la cour martiale britannique. Déclarée coupable dans des circonstances troublantes, elle est pendue et accrochée dans une cage exposée sur la place publique.
Son histoire marque les Canadiens français et inspire de nombreuses légendes. Dans l’imaginaire collectif, elle devient une sorcière ayant assassiné sept maris.
«Les failles dans le système judiciaire, les victimes qu’on ne croit pas, la violence conjugale, les féminicides, c’est malheureusement encore d’actualité. Aujourd’hui, les victimes se font lyncher sur la place publique d’une autre façon, sur les réseaux sociaux par exemple», soutient Jade Bruneau, qui assurera la mise en scène, la production et la direction de création, en plus de jouer le rôle-titre.
Une production ambitieuse
Huit comédiens monteront sur les planches, accompagnés de trois musiciens. En plus des textes originaux, 24 chansons ont été écrites pour cette pièce.
«C’est de loin la plus grosse production du Théâtre de l’œil ouvert en 12 ans. C’est comme notre Les misérables québécois», soutient Jade Bruneau.
Simon Fréchette-Daoust interprétera pour sa part Louis Dodier, le mari «ramené des morts» pour témoigner au procès de sa présumée meurtrière. Un rôle de «méchant» qui représentera un défi intéressant pour l’acteur habitué aux rôles d’hommes «sensibles et gentils».
Le personnage d’Isabelle Sylvain, la cousine, donnera également un ton plus léger au spectacle. «C’est un personnage qui porte en elle une candeur qui m’habite encore énormément à ce jour. C’est une fille un peu fleur bleue, qui va mal faire malgré elle, même si ses intentions ne sont pas mauvaises», explique Rosalie Bonenfant, qui tiendra son premier rôle au théâtre.
Jade et Simon espèrent que les spectateurs sortiront de la salle avec «l’espoir de changer les choses».
La pièce sera présentée en juillet et en août 2022 à Joliette, Saint-Agathe et Victoriaville. Des répétitions auront lieu ce printemps à la maison de la culture de Pointe-aux-Trembles.
Pour en savoir plus, consultez lacorriveau.ca