À Pointe-aux-Trembles comme ailleurs à Montréal, de nombreux citoyens se plaignent sur les réseaux sociaux de pneus crevés, de jantes endommagées et de situations dangereuses sur la route en raison des nids-de-poule qui se sont multipliés récemment.
Clara Collin Deniger raconte avoir heurté un trou «d’environ 30 cm» sur la voie de service de l’autoroute 40 dans le secteur de Pointe-aux-Trembles plus tôt cette semaine. Résultat: deux pneus crevés et une jante crochie. Une expérience qui lui a coûté un peu moins de 100$, et qu’elle a commentée sous une publication Facebook cumulant plus de 200 commentaires.
«J’habite à 500 mètres de la voie de service. Dans les deux dernières semaines, j’ai dû voir trente véhicules se faire remorquer, faire des changements de pneu. C’est vraiment l’enfer», explique-t-elle à Métro.
Marie-Josée Desnoyers raconte de son côté que son conjoint n’a pu éviter un trou sur la voie de service à Pointe-aux-Trembles vers la fin février. Conséquence pour le ménage: 800$ de paiement pour deux pneus fendus.
Pour sa part, Chantal Gauthier accuse la Ville d’être négligente, les trous dans la route ayant causé des dommages à sa jante et une crevaison il y a deux semaines sur Henri-Bourassa. Quelques jours plus tard, un camionneur évitant un trou aurait failli frapper son mari sur la route, raconte-t-elle. «C’est pire cette année; ça fait 30 ans que j’habite à la même place, je n’ai jamais vu ça.»
Selon l’arrondissement RDP-PAT, en date du 10 mars, 190 plaintes et requêtes avaient été faites au 311 concernant les nids-de-poule, et ce, seulement depuis le début de l’année. À titre comparatif, 263 plaintes ont été faites en 2021, 214 en 2020, et 571 en 2019.
Une année particulière?
Si le sujet enflamme les passions en raison des bris et du danger encouru, Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques de CAA-Québec, explique que le problème, qui s’observe partout sur l’île, prend origine dans le manque de financement et d’entretien du réseau routier au Québec, qui s’observe depuis les années 1970-1980.
«On a un hiver qui se termine un peu en dents de scie, on passe sous le point de congélation, ça remonte, il y a des précipitations. C’est des conditions qui sont très propices à la formation de nids-de-poule», ajoute-t-il.
Le retour de plusieurs conducteurs sur les routes après deux ans de pandémie pourrait à son avis amplifier les voix se plaignant du phénomène, mais comme personne ne recense le nombre exact de tous les nids-de-poule existants sur l’ensemble du territoire, difficile à dire.
«On a toujours l’impression que c’est pire d’année en année. Mais si on demande il y a cinq ans c’était comment, personne ne va vraiment s’en souvenir.»
Du côté de l’administration Plante, Émilie Thuillier, membre du comité exécutif, indique dans une déclaration écrite que la situation est prise «très au sérieux» par l’administration et que huit machines spécialisées dans le colmatage des nids-de-poule sont en opération actuellement «aux 4 coins de la ville».
«Nous avons prévu une somme majeure de 4,8 G$ au PDI 2022-2032 pour rattraper l’écart creusé depuis des années par le manque d’investissements dans le réseau routier», ajoute-t-elle.
Aref Salem, chef d’Ensemble Montréal, a pour sa part affirmé sur les réseaux sociaux que «la multiplication du nombre de nids-de-poule dans les rues de Montréal n’a malheureusement rien de surprenant», ajoutant que «100 millions de dollars ont été coupés par l’administration de Projet Montréal dans la réfection des rues locales».
Important de réclamer
En cas de bris, la Ville invite d’ailleurs les citoyens à remplir un formulaire de réclamation sur son site web.
Or, se faire dédommager par la Ville ou le ministère des Transports du Québec peut être difficile, note Nicolas Ryan.
Les usagers doivent entre autres prouver que le mauvais état de la chaussée a été porté à l’attention de l’autorité avant l’incident et que cette dernière a été négligente dans les moyens entrepris pour corriger la situation.
«C’est difficile, mais on invite quand même les gens à le faire», conclut-il.